Infos Santé of Tuesday, 6 September 2016

Source: cameroon-info.net

Nord: le paludisme caracole en tête des causes de mortalité

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Le 23 août dernier, la première phase de la nouvelle campagne de lutte contre le paludisme dans la région du Nord s’est achevée à Poli. La « Chimio-prévention », nom de la méthode de cet autre opération, consiste en l’administration de deux antipaludiques par voie orale, chez tous les enfants de 3mois à 5 ans. Le déroulement de cette campagne à un moment où les cas de paludisme se multiplient de façon inquiétante dans les formations sanitaires de la région du Nord, n’est sans doute que pure coïncidence.

Leur concomitance vient toutefois rappeler des chiffres alarmants, qui font du paludisme, la première cause sanitaire dans le Nord.En 2015, la maladie représente plus de 40% des causes de consultation, 37,4% de mortalité en hospitalisation de manière générale. Et pour les enfants de moins de 5 ans, cibles principales de la « chimio-prévention », ces chiffres sont plus élevés avec 45% de morbidité en consultationpourpresque 60% de taux de mortalité lors des hospitalisations. Et si l’Unité régionale de lutte contre le paludisme ne dispose pas de chiffres de l’année en cours sur la prévalence de la maladie, la communauté de la santé reconnaît unanimement que la situation du paludisme dans le Nord reste des plus préoccupantes.
Un constat qui n’a pas manqué de soulever rapidement une autre question.

L’introduction de la « chimio-prévention », qui en est à sa phase expérimentale, souligne-t-elle des insuffisances sur les précédentes opérations. Notamment celle d’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda), dont une nouvelle séquence de distribution se déroulait encore dans l’ensemble de la région, il y a quelques semaines.
Depuis le lancement de la campagne Milda en 2010, plus de 2 millions de moustiquaires ont été distribuées dans les quatre départements du Nord (786.207 en 2011 et 1.362.401 en 2016). Si on considère une population évaluée à un peu plus de 2, 5 millions d’âmes, en comptabilisant une moyenne de deux personnes dormant sous une même moustiquaire, l’opération peut être qualifiée de franc succès. Cela équivaudrait en effet à 100% des populations « protégées » du palu grâce aux Milda.

Las, d’année en année, le retour des pluies entre mai et septembre, entraîne inexorablement une hausse des cas de maladie à travers les formations sanitaires. Et l’adoption d’une nouvelle stratégie, certes dite « complémentaire », semble indiquer que des insuffisances ont été relevées. Communication insuffisante, pesanteur des croyances et traditions ou effets pervers de la pauvreté, les Milda n’ont toujours pas un niveau d’utilisation satisfaisant. La nouvelle approche, dit-on, a fait ses preuves en zone sahélienne et on en attend beaucoup.