Les efforts de lutte restent réels au moment où le Cameroun se joint aux autres pays pour commémorer demain la journée mondiale de lutte. 4 000 décès dus au paludisme enregistrés en 2014 ! C’est à peu près une population de 40 salles de classe de 100 élèves chacune. C’est carrément l’effectif de tout un établissement scolaire !
Les régions du Nord et de l’Extrême-Nord restent les plus touchées avec 40% de ces décès. Ici, la maladie sévit entre juillet et octobre du fait du retour des pluies qui rendent le milieu favorable aux eaux stagnantes où se développe l’anophèle, vecteur de la maladie. Etienne Fondjo, secrétaire permanent du Programme national de lutte contre le palu affirme qu’en 2014, avec 40% de décès dus au paludisme enregistrés sur l’ensemble du territoire, la situation était bien meilleure dans le Nord et l’Extrême-Nord comparativement à 2013 où elles comptaient 70% des décès dus à cette maladie au Cameroun.
Et pourtant, les slogans se succèdent d’année en année pour montrer l’engagement d’en découdre avec le fléau. L’an dernier par exemple, c’était : « Pérenniser les avancées, sauver les vies ». On dirait que la réalité reste tenace si on considère les chiffres ci-dessus. Depuis trois ans, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) maintient le même thème de célébration : « Investir dans le futur : vaincre le paludisme ». Deux axes d’investissement sont déclinés : l’investissement dans la formation des ressources humaines et l’investissement financier pour l’achat des médicaments et des moustiquaires imprégnées. « Des axes incontournables pour tendre vers l’éradication de la maladie », affirme le secrétaire permanent du programme national de lutte.
On pourrait croire à une utopie si sous d’autres cieux la réalité n’était pas différente. En Namibie et en Afrique du Sud, des stratégies ont contribué à interrompre largement la transmission de la maladie par la piqûre de l’anophèle. Ces pays y sont parvenus à cause des actions préventives mises en œuvre à grande échelle et dans la durée. « Il faut investir pour baisser la morbidité », insiste Etienne Fondjo. La distribution des moustiquaires imprégnées a été un espoir un 2011.
On compte encore distribuer 12 millions de moustiquaires en 2016. Des études ont malheureusement montré qu’en 2012, le taux d’utilisation se situait autour de 13%. Il est passé ensuite à 39% et a contribué à ramener le taux de morbidité de 38% en 2010 à 30% en 2014. Mais le danger reste réel. 4 000 décès en 2014 restent énormes pour une maladie d’hygiène. Et on se demande si l’assainissement de l’environnement ne doit pas trouver une place importante dans les stratégies de lutte.
Certains pensent même qu’on lutte contre le moustique au lieu de lutter contre le paludisme. Une bonne hygiène du milieu évite les eaux stagnantes et le développement de l’agent vecteur de la maladie. C’est donc une affaire de chacun, un engagement simple, un problème de propreté autour de sa commune, de son quartier, autour de soi.