Au cours de l’année 2015 qui s’achève, la croisade contre la poliomyélite n’a pas été chose aisée pour la région de l’Est. Plusieurs personnes ont manifesté des réticences en ce qui concerne la vaccination de leurs enfants lors des différentes campagnes de vaccination organisées par le ministère de la Santé publique et ses partenaires. C’est le constat dressé lors du dernier forum des gouverneur sur les questions de santé, tenu dans la région du soleil levant, le 1er et 2 décembre 2015.

L’on apprend dans les colonnes du quotidien Mutations n°4039 en kiosque mardi 8 décembre que selon la cartographie des cas de refus lors des Activités de vaccination supplémentaire (AVS) présenté par Arthur Fidélise Metsampito Bamlatol, point focal communication à la délégation régionale de la santé publique de l’Est, 115 cas de refus de vaccination ont été enregistrés dans toute la région. Au regard de cette cartographie, on note comme raisons fondamentales des refus observés, «les convictions religieuses de certaines églises, les vaccinations répétées et l’impact négatif des messages diffusés par certains medias».

Selon Félicité Tchibindat, représentante de l’Unicef au Cameroun, «selon le monitorage indépendant, le niveau de parents informés a baissé entre le mois de janvier et septembre 2015, malgré un gain de 3 points entre juillet et septembre de cette année (…) ce sont des signes qui inquiètent quand on sait que les deux derniers cas de polio enregistrés au Cameroun ont été certifiés dans cette région».

En effet, depuis la résurgence de deux cas de poliomyélite dans le district de santé de Kétté, dans le département de la Kadey en juillet 2014, la situation épidémiologique est restée préoccupante dans la région de l’Est. Dr Christine Pouth Nkengue, chef d’unité régional du Programme élargi de vaccination (PEV), a expliqué que les facteurs qui menacent les avancées en matière de vaccination dans la région sont nombreux. Il s’agit de «l’augmentation du nombre de perdus de vue et des cas de refus; la faible implication des autorités et leaders aux activités de vaccination; l’insécurité grandissante dans certains districts de santé; l’accès difficile à certaines zones enclavées; l’afflux des réfugiés avec une population de 158.358 dans la région, sans oublier les insuffisances d’ordre logistique et matériel».

Le plaidoyer organisé les 1er et 2 décembre 2015 à Bertoua, avait pour but de stimuler l’implication tous azimut des acteurs sociaux pour trouver des solutions concrètes aux problèmes spécifiques de la région de l’Est. La représentante de l’Unicef a également invité les participants à ce forum à prendre leurs responsabilités afin d’éradiquer la poliomyélite, apprend-on. Cela passe par l’amélioration du niveau d’information des parents qui est une priorité parmi les stratégies de communication à mettre en œuvre. Et seul la volonté et une collaboration multisectorielle des acteurs politiques, administratifs, leaders traditionnels, religieux et d’autres membres influents de la société civile peut aboutir à ce résultat.

Mutations indique que parmi les résolutions prises, les autorités administratives doivent initier et animer des réunions mensuelles de coordination, de suivi et d’évaluation des activités de vaccination de routine et de campagnes des activités de vaccination supplémentaire. Les élus locaux, quant à eux devront mobiliser les populations autour des activités vaccinales et de santé, faire des déclarations publiques pour éclairer les populations sur les rumeurs de crises relatives à la vaccination, et faire un plaidoyer au niveau des chambres du parlement pour l’augmentation du budget affecté à la santé et à la vaccination.

De leur côté, les chefs traditionnels et leaders religieux devront informer et sensibiliser régulièrement la communauté sur l’importance de la vaccination lors des prêches et autres animations culturelles. Le forum était présidé par Grégoire Mvongo, gouverneur de l’Est.