La toute première avocate camerounaise, Alice Nkom, est bien connue pour son plaidoyer en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité dans le pays. Entrée sur la scène juridique en 1969, à 24 ans, elle est depuis lors, une militante de premier plan des droits civils et des droits des femmes.
Née à Poutkak, dans la région du Littoral au Cameroun en 1945, Alice a étudié au Cameroun et en France. C’est à l’âge de 18 ans qu’elle arrive à Toulouse où elle s’inscrit à l’université de 1963 à 1964 à la faculté de droit et de sciences économiques. C’est finalement dans son pays natal qu’elle finalise sa formation et y ouvre son cabinet d’avocat à Douala où sa carrière débuta.
Au cours de la dernière décennie, elle est devenue célèbre, ou peut-être tristement célèbre selon le point de vue de plusieurs, pour sa défense des individus et des communautés LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexués et en questionnement) et de leurs droits. Elle se rallie également au RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) dans le but de défendre la cause des veuves et des orphelins, et préside l'association des avocates au Cameroun, dont elle est membre fondatrice.
En février 2003, Nkom a créé l'association pour la défense des homosexuels du Cameroun (Adefho), qui a subi des menaces, des attaques et des intimidations. Nkom a reçu des menaces de mort, a été emprisonné et a été menacé d'être radié. Malgré cela, elle persiste et retourne au tribunal encore et encore pour se battre pour ce en quoi elle croit.
Dans un pays où la pénalisation de l'homosexualité existe depuis 1972, Alice réussit à défendre en 2005, onze jeunes homosexuels emprisonnés, et en 2013, elle obtint le premier acquittement de deux jeunes homosexuels. Elle fait partie des rares personnalités camerounaises qui s’investissent sur le sujet.
En 2011, alors que sa propre arrestation semblait imminente, Nkom a écrit aux principaux militants LGBT camerounais: «Ne vous inquiétez pas pour moi. Je crois que je serai arrêtée dans les prochains jours, mais je ne vais pas perdre le sommeil à ce sujet ni, surtout, abandonner ce que nous avons commencé ensemble. »
Elle a été classée parmi les Africaines les plus fascinantes en 2012 par un magazine américain "The New Yorker". «Il est assez rare de trouver des défenseurs des droits des homosexuels en Afrique de l'Ouest, mais l'avocate camerounaise Alice Nkom va encore plus loin: elle a consacré sa pratique, l'Association pour défendre les homosexuels, pour protéger les LGBT citoyens d'un pays où les actes homosexuels sont illégaux », écrivait le journal américain.
En Alice Nkom a été menacée à plusieurs reprises de radiation et d'arrestation. Un avocat camerounais est allé à la télévision locale avec une Bible, conseillant de mettre à mort Nkom pour avoir promu l'homosexualité. Mais refusa d’arrêter son combat et de fermer son cabinet, «Quelqu'un doit faire ça», dit-elle. Elle a été récompensée en mars 2014 pour son travail de promotion des droits des homosexuels en Afrique par le prix des droits de l'Homme de la section allemande d'Amnesty internationale.
Le 30 octobre 2020 elle annonce par le biais de sa page Facebook avoir été testée positive au Corona virus ce qui lui a valu le soutien des autorités en particulier du président du MRC Maurice Kamto qui n’a pas manqué de formuler à son endroit, des souhaits de prompt rétablissement.