Politique of Tuesday, 7 February 2023

Source: Le journal Confidentiel

Crises au sein du SDF : Ni John Fru Ndi devant la justice

Depuis la période du multipartisme, un parti politique n’a jamais été aussi mal Depuis la période du multipartisme, un parti politique n’a jamais été aussi mal

Ils sont plus de 30 cadres du Social democratic front à avoir saisi le tribunal de grande instance de Mfou pour obtenir l’annulation d’une série de décisions adoubées par leur leader John Fru Ndi.

Depuis la période du multipartisme, un parti politique n’a jamais été aussi mal que le Social democratic front. Pendant que certains partis politiques se préparent activement pour les campagnes sénatoriales, le torchon lui, brûle au sein du Social democratic front. En effet dans une assignation datée du 23 janvier 2023, Jean Michel Nintcheu, Jean Robert Wafo, Emmanuel Ntonga, Evariste Fopoussi & Compagnie, assignent Ni John Fru Ndi à comparaître au tribunal de grande instance de Mfou. Le Président national et son secrétaire général sont priés «d’avoir à se retrouver et comparaître en personne le 9 février 2023 à 7 heures précises par devant le tribunal de grande instance de Mfou, statuant en chambre civile et siégeant à la salle habituelle de ses audiences du palais de justice de cette ville ».

De manière générale, les 32 requérants reprochent au président de leur parti de n’avoir pas respecté leurs textes. Tout remonte à l’année 2022. Alors que le parti devrait s’occuper à préparer le prochain Congrès électif des membres du Comité exécutif national (Nec), ces cadres du parti déclarent plutôt avoir été surpris d’assister à « une série de manœuvres anti statutaires qui ternissent l’image de leur parti aux de yeux de l’opinion publique camerounaise ».

Le Sdf au bord de la scission ?

Il faut dire que ce sont les résolutions des comités exécutifs nationaux des 23 juillet et 10 décembre 2022, la décision n°003/022 du chairman portant désignation des membres du shadow cabinet, le communiqué de la secrétaire générale sur la communication et la décision n°001/022 du 7 juin 2022 cooptant des membres au comité exécutif national, qui sont vivement contestées. Le recours en justice vise donc a annulé ces séries de décisions. Surtout que la décision du 23 juillet 2022 disposait que tous les responsables du Sdf absents lors du processus de réorganisation des instances dans les différentes régions du pays seront déchus de leur droit d’être candidat à une quelconque élection. Convoquant l’article 7 des statuts du parti qui prévoit que « tout membre qui est financièrement en règle avec le parti et qui est membre actif, a le droit d’être électeur lors de toute élection et est éligible à n’importe quel poste ou fonction au sein du parti ».

Toujours selon les statuts, les membres de ce « gouvernement fantôme » sont désignés par le président national après une large consultation pendant laquelle on évalue la connaissance qu’ils ont du parti, ainsi que leur expérience de militants. Pour les requérants, cette disposition n’a pas été respectée. Et pour ne rien arranger, ils accusent John Fru Ndi d’avoir coopté dans le ‘Shadow cabinet’ des personnes qui n’avaient encore jamais milité au sein du Sdf, comme l’avocat Agbor Kongho Felix. Ce dernier a d’ailleurs décliné cette nomination. Dans une correspondance, il laisse entendre qu’il a d’autres préoccupations que le militantisme au sein du Sdf. Concernant le ‘Shadow cabinet’, les plaignants prétendent que le chairman a violé les textes du parti. Au regard des statuts, les membres du ‘Shadow cabinet’ sont nommés par le président national du parti, après consultation du bureau pendant laquelle leur connaissance du parti et leur expérience en tant que militant du parti sont évalués.

Autant de raisons qui ont poussées les plaignants à assigner le président du parti en justice afin qu’elle puisse trancher sur ces sources de malentendu qui auraient pu se régler au cours d’une véritable concertation à l’intérieur du parti. Notons que ce n’est pas la première fois que cette résolution du NEC validée par le chairman du Sdf crée la confusion dans les rangs de ce parti d’opposition. Ceux qui sont contre cette mesure ont toujours laissé entendre qu’il s’agit d’un stratagème pour barrer la route au député Jean Michel Nintcheu, pressenti comme étant un candidat sérieux pour remplacer John Fru Ndi à la tête du SDF.

Pour plusieurs observateurs de la scène politique, Jean Michel Nintcheu a le soutien de la base et peut logiquement l’emporter face au député Joshua Osih, présenté comme le dauphin du chairman. Et très proche de la secrétaire générale du parti, Adeline Lord Djomgang, qui est aussi concernée par cette plainte. Rappelons qu’au cours de l’année précédente, elle a défendu sur un plateau de télévision la résolution de cette crise en assurant qu’elle serait mise en œuvre. Pourtant ce crédit donné à des résolutions à problème fortuites a davantage créé le fossé entre les deux camps. Reste plus que maintenant au tribunal de les départager avant la tenue du congrès national électif prévu dans quelques mois.