Politique of Thursday, 16 December 2021

Source: Le Messager

Gouvernance : non à la procrastination

Que n’avons-nous encore remis à demain et qui nous pète en pleine figure ces années ? Que n’avons-nous encore remis à demain et qui nous pète en pleine figure ces années ?

Les solutions cosmétiques pour éviter de toucher les cornes du taureau, à court ou long terme, font le lit des grands fleuves travaillés par des chutes et des rapides, impropres à la navigation paisible dans un pays.

« Mon devoir, je le ferai aujourd’hui; tantôt je le ferai demain », dit le paresseux. Au bout du compte, le devoir n’est pas fait, faute de temps. On ne peut mieux dépeindre l’état d’esprit de ce qu’il est convenu d’appeler la procrastination. C’est une réalité que celui qui toujours remet à demain, trouvera malheur en chemin. Les esprits retors cette fois, en poussant des cris d’orfraie épouvantés, sauront raison gardée, se convertir à la conviction que c’est notre religion nationale.

Et précisément parce que nous sommes là dans le domaine de 1a foi, on ne saurait justifier de manière indéniable les fondements dogmatiques qui tiennent la projection d’un peuple. Paul Biya, du haut de son magistère, annonçait pour sa part il y a quelques années qu’il s’agissait de l’inertie.

Autant dire la résultante achevée d’une procrastination ancrée particulièrement au sein de notre administration publique. Le Cameroun aura bu ces derniers temps, jusqu’à la lie, le calice doré des fruits de la procrastination.

Deux exemples nous comprendre. Le Complexe sportif d’Olembe, dont la première pierre a été posée il y a une décade, a perdu sa superbe à travers les dédales du temps pour devenir le stade d’Olembe. Et là encore, même dans cette portion congrue, la remise à demain a créé tout le malaise national.

On se souvient que le président de la République, en annonçant le retrait de l’organisation de la Can 2019 au Cameroun, avait usité le concept de glissement pour arrondir les angles aiguës de la déception collective. Dans la foulée, il indiquait que les travaux allaient se poursuivre normalement et sereinement pour qu’en 2021, le pays soit prêt et réponde de manière efficiente aux exigences du cahier des charges de la Caf.

La volonté politique était à tout au moins annoncée. Mais qu’avons-nous fait ? Oublions un tant soit peu 1a maléfique dame Covid-19 où elle est pour examiner ce que nous avons fait. Je m’interdis le « vous » pour échapper à 1a taxation prétentieuse d’être le procureur de quelque conscience.

Assumons-le «-nous »! Nous avons donc, comme cet élève paresseux, laissé les devoirs de classe pour nous adonner aux jeux, à la distraction qui nous sied si bien. Nous nous sommes promis de nous lever tôt, très tôt même pour faire les devoirs en un tour de main.

Seulement, nous ne nous sommes pas réveillés à temps! Et voici la Caf pour l’évaluation. Le stade n’est pas toujours terminé à moins d’un mois de la compétition. Heureusement que l’Accord-cadre a été déjà signé. Sinon, nous aurions en ce moment les nerfs à fleur de peau, rongé par la peur d’un autre retrait-glissement!

Dieu soit loué ! Que n’avons-nous encore remis à demain et qui nous pète en pleine figure ces années ? Bien sûr, la praxis de la décentralisation comme si nous y allions à l’essai, déflagre au propre comme au figuré, dans le giron de notre confort de tout remettre à demain.

Constitutionnalisée en 1996, c’est en décembre 2020, au cours d’une session extraordinaire, s’il vous plaît, que le cadre normatif de cette décentralisation est adopté. Et là, il faut ajouter que cette nouveauté arrive dans l’intérêt bien compris d’apporter une solution au tenace conflit dans les régions anglophones du pays.

A ce niveau, non seulement les décrets d’application qui doivent accompagner 1a matérialisation de ce volumineux texte tardent à venir, mais aussi, les 15% du budget promis aux collectivités territoriales décentralisées, sont étouffés par la remise à demain. C’est dire combien le malheur est grand pour celui qui remet à demain ce qu’il peut faire aujourd’hui.

C’est aussi avouer explicitement que les solutions cosmétiques pour éviter de toucher les cornes du taureau, à court ou long terme, font le lit des grands fleuves travaillés par des chutes et des rapides, impropres à la navigation paisible dans un pays.

Comme disent les Saintes Écritures, « Aujourd’hui est le jour1. » C’est le jour de prendre une fois pour toute, sans bricoler, les mesures fermes pour endiguer une fois pour toute 1a crise dans le Logone et Chari, sans éluder le Noso et les autres. Aujourd’hui est 1e jour.