Le 22 décembre dernier, au terme de sa visite au Cameroun, la secrétaire général du Commonwealth a livré son appréciation de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Vous insistez sur la nécessité d’un dialogue inclusif et compréhensif. Quel contenu le Camerounais lambda doit-il donner à ce dialogue ?
Cela revient aux différents groupes avec qui j’ai échangé de dire comment il faudrait que ce dialogue se présente. Ce qui est intéressant c’est que ce soit un dialogue camerounais. C’est au peuple camerounais de choisir la forme, son contenu et les différentes parties devant prendre part à cette assise. J’ai été honorée d’entendre les souhaits venant de toutes les parties. Il faudrait maintenant un cadre approprié où ce dialogue aura lieu. Le Cameroun décidera le sens à donner à ce dialogue.
Le Commonwealth sera présent pour apporter son aide si nécessaire. Ce processus doit être exclusivement camerounais. Il doit inclure tout le monde. J’ai eu le privilège d’échanger avec le président de la République au cours de ma visite. J’ai donc saisi cette opportunité pour exposer les valeurs du Commonwealth, celles de la bonne gouvernance et des droits de l’Homme. J’ai présenté au président de la République la charte de ces valeurs. Le président m’a permis de visiter d’autres villes du Cameroun, notamment Buéa. Nous savons tous ce qui se passe dans cette région anglophone.
Avant de me rendre à Buéa, j’ai échangé avec les leaders d’oppositions et ceux de la société civile afin d’avoir leur compréhension de la situation actuelle. De ces échanges, il en ressort que ces leaders veulent un dialogue inclusif et compréhensif. Une fois arrivée dans le chef-lieu de la région du Sud-ouest, j’ai échangé avec plusieurs groupes de personnes.
J’ai parlé avec le gouverneur mais également avec les chefs religieux, les jeunes, les chefs traditionnels et la société civile. De tous ces échanges, j’ai eu la même doléance : nous voulons le dialogue, nous voulons la paix.
Vous avez discutez avec les autorités, la société civile, les hommes de droit et même avec les leaders politiques. Avez-vous reçu du gouvernement un agenda de la mise sur pied de ce dialogue inclusif ?
J’ai eu le privilège de partager avec le Premier ministre, tout ce que j’ai reçu de mes différents échanges avec les différents groupes. Il revient maintenant au gouvernement de définir le cadre au fur et à mesure que nous avançons. Je crois à mon humble avis que le dialogue devrait se tenir sans condition. Certains voudront dialoguer si et seulement si certaines conditions sont remplies, si certains détails sont mis sur la table. Au regard de mon expérience, ce n’est pas la meilleure manière de débuter un dialogue.
Le plus important c’est de voir tous les Camerounais de se mettre ensemble, avoir un coeur et un esprit ouvert. Ils doivent être honnêtes et sérieux au sujet du dialogue. Nous savons tous que la violence n’a jamais été la panacée. Après les violences, les morts et les souffrances, nous devons revenir vers le dialogue. Nous devons trouver des voies de sortie de crise paisibles.
Ces voies doivent être inclusives, honnêtes et respectant les droits de l’Homme. Le principe du Commonwealth stipule que chacun individu quels que soient sa race, sa religion ou son orientation politique ou linguistique, mérite d’être traité de manière juste. Chacun mérite d’être traité selon la loi et la constitution.
Chacun participant au processus du dialogue doit écouter l’autre. En le faisant, on pourra mieux comprendre le point de vue de son interlocuteur. En le faisant, on comprend mieux pourquoi l’autre partie agit comme il le fait. C’est ce que j’appelle dialogue franc et inclusif.
C’était un réel privilège d’écouter avec un intérêt particulier les messages venant de toutes les régions du Cameroun. Au cours de nos conversations, ces différents groupes ont parlé avec sincérité sous un jour constructif. Nous avons parlé de la constitution de 1996 et du rythme de la mise sur pied de la décentralisation. Je suis convaincu de ce que les prochaines conversations seront intensifiées entre tous les leaders. J’espère que cela marquera le début d’un dialogue pacifique.
Le Cameroun n’est pas en paix depuis plusieurs mois. Comment le Commonwealth peut aider notre pays à recouvrer la paix ?
Bon nombre de Camerounais travaillent pour la paix. Ils sont la plupart des jeunes faisant partie du réseau de paix du Commonwealth. C’est l’un des avantages que nous avons aujourd’hui. Je pense que les jeunes sont la solution. Si nous organisons mieux nos jeunes, on réussira à faire beaucoup de chose.
Nous soutenons Elecam. Cet organe a renforcé sa manière de travailler. Nous allons continuer à collaborer avec lui. Je dois le dire clairement. Soyons prêt à soutenir le processus de paix. Ce travail doit être fait et initié par les Camerounais. Le Camerounais a d’énormes talents.
J’ai eu à rencontrer beaucoup de personnes avec un grand coeur et patriotique. Il est question ici de faire un choix entre la paix et la violence. J’espère que chaque Camerounais choisira la paix.