Politique of Friday, 5 November 2021

Source: Info Matin

Révélations: Paul Biya et le complot de 1983

Cette annonce apparaît comme un épisode du conflit qui oppose Paul Biya à son prédécesseur Cette annonce apparaît comme un épisode du conflit qui oppose Paul Biya à son prédécesseur

Un pan de l’affaire est dévoilé dans le livre du journaliste français. Le 19 juillet 1983, Ahmadou Ahidjo quitte le pays. Il ne reviendra plus. Avec femme, enfants et bagages d’un important tonnage, il choisit non pas l’avion présidentiel qu’il utilisait régulièrement, mais plutôt la compagnie Camair.

Selon les écrits de M. Mattéi, les services de la présidence ont-rejeté sa demande de disposer de l’avion pendant trois mois, la durée prévue de son séjour à l’étranger. Personne, et surtout Ahidjo, ne peut s’y tromper, sa requête était une provocation. Désormais à l’étranger, certains espèrent que l’ex-chef de l’État va se calmer. Que non ! Le 4 août 1983, le seul membre de la famille Ahidjo resté au pays, rejoint les siens en France.

Le lendemain dans la matinée, des conciliabules étranges se tiendront à la résidence du Lac, résidence officielle d’Ahidjo, puis au café du centre-ville “l’Âne rouge”. Y prennent part, l’intendant de l’ancien président. Ibrahim Oumarou, son aide de camp Salatou Adamou, puis un maréchal des logis de la garde républicaine, Etienne Holong, un protégé de Salatou et surtout chef de section de la protection rapprochée du président Biya.

Ibrahim Oumarou était du voyage présidentiel du 19 juillet, mais il a été renvoyé au Cameroun une semaine après, chargé d’un ordre de mission très spécial, que Salatou Adamou doit exécuter sans attendre : tout mettre en œuvre pour écarter le président Paul Biya du pouvoir, y compris par élimination physique.

François Mattei en veut pour preuve des intentions clairement rapportées lors des auditions qui n’auraient connu aucun début d’exécution d’après les accusés. Mieux, à Paris, le fils aîné d’Ahidjo, habitué des boîtes de nuit, dit à qui veut l’entendre que son père va bientôt « rentrer triomphalement au Cameroun».

D’autres comportements sont observés en ce début de mois d’août : certains ministres et hauts fonctionnaires originaires du Nord, en poste dans le sud, sont seuls chez eux, ils ont pour la plupart envoyé, dit-on, leurs familles au «pays ». Tandis que la plupart des proches d’Ahidjo quittent le Cameroun pour gagner Paris, où ils tiendront entre eux plusieurs réunions. Les mauvais présages s’accumulent, ils trahissent une activité subversive souterraine dont on connaît l’objectif.

Les services de renseignement camerounais – et peut-être, français- font leur travail. Une semaine plus tard, après filature et écoute de ses conversations téléphoniques, le commandant Ibrahim Salatou est mis aux arrêts. Le 20 août, Guy Penne rencontre Paul Biya qui l’informe des premières actions policières et du résultat de l’enquête, après l’interrogation des individus interpellés.

Le 22 août à 13 heures, Paul Biya, chef de l’État annonce à la radio, la découverte d’un complot visant à l’assassiner. «Je me devais, dans un pays démocratique compte le nôtre, de porter cette situation a la connaissance du peuple camerounais, souverain et maître de son destin. Il importe, en effet, que le peuple mesure les périls auxquels l’expose l’ambition de certains individus, au mépris des expériences douloureuses qui se sont déroulées ou se déroulent en Afrique et qui devraient inciter à la réflexion», dit-il dans son adresse à la nation. Cette annonce apparaît comme un épisode du conflit qui oppose Paul Biya à son prédécesseur.