Politique of Thursday, 28 October 2021

Source: Cameroon Tribune

RDPC: la place du simple militant clairement définie de celle des élites

Les militants du RDPC Les militants du RDPC

Le rôle des simples membres dans l’animation et la vie des partis politiques en fait le socle de ces associations. Mais, est-ce toujours le cas dans la réalité ?

En mars et avril 2021, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) validait le sommier politique de ses militants. Une opération qui permettait ainsi à cette formation politique de se faire une idée du nombre de militants actifs qui acceptent de participer et d’animer la vie de ce parti. Beaucoup de mouvements politiques, surtout parmi les plus en vue au Cameroun à l’heure actuelle, ont entrepris de procéder à un renouvellement de leurs structures à la base.

On peut donc comprendre le souci de leurs responsables de permettre à ces hommes et femmes qui se dévouent au quotidien pour la survie de leur mouvement, non seulement de procéder au choix de leurs dirigeants à la base, mais aussi de pouvoir postuler à des responsabilités à ce niveau.

Est-ce néanmoins suffisant pour parler d’un statut du militant dans nos formations politiques ? En quoi consiste l’activité du militant dans un parti politique aujourd’hui? En dehors de l’animation, des meetings, ont-ils le droit de débattre des orientations de leur mouvement et même de la stratégie électorale à adopter par leur parti ?

Peuvent-ils librement donner leurs avis sur les grands sujets d’actualité nationale de l’heure ? Leur rôle se limite-t-il simplement à l’achat d’une carte d’adhésion ou de cotisation, pour ceux qui peuvent le faire ou à aller accomplir leur devoir civique selon les règles fixées par la hiérarchie de leurs partis ?

Le 25 novembre 2019, à la veille de la clôture des dépôts des candidatures pour le double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020, les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) ont appris, surpris, la décision du directoire de leur parti de ne pas prendre part à cette double échéance électorale.

Quelques semaines plus tard, une centaine de militants du Rdpc se retrouvaient devant une instance disciplinaire de leur parti. Leur faute : avoir transgressé les règles fixées par la hiérarchie sur la désignation des responsables devant conduire les exécutifs municipaux au nom de leur formation.

Dans l’un et l’autre cas, n’était-il pas possible de requérir l’avis de la base sur la participation ou non à l’élection, si tant est que celle-ci a son mot à dire dans le fonctionnement du parti ? Ou alors, n’était-il pas conseillé de laisser les opérations de désignation des responsables des exécutifs se dérouler sur la simple base des dispositions légales qui organisent cette opération ?

Bien plus, le rôle de militant de base se limiterait-il donc simplement à apporter ses suffrages à son parti lors des élections, à faire foule lors des rassemblements ou des meetings, bref à ne plus être cette fondation qui permet au reste de l’édifice d’exister et de continuer à exercer sereinement ses activités ? C’est parfois le constat qu’il est permis de faire, non seulement dans ces partis qui ont déjà pu asseoir leur notoriété sur la scène, mais également pour ceux qui, sans base militante véritable, peinent à continuer de survivre à leurs fondateurs.

Les exemples dans ce cas sont légions depuis le retour au multipartisme. Ils sont en effet très nombreux, parmi les quelques 330 partis politiques reconnus dans les livres du ministère de l’Administration territoriale, qui sont depuis lors tombés dans les oubliettes avec la disparition de leurs présidents fondateurs.

Toutefois, il est important de relever qu’être militant implique également des sacrifices en faveur du mouvement politique pour lequel l’on s’engage. On peut lui consacrer de son temps, de son expérience… Cependant, les dernières opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc au cours desquelles l’on a vu de nombreuses élites se déporter vers le siège du Comité central pour acquérir ces sésames à « distribuer » à la base, laissent présager encore pour longtemps, l’idée selon laquelle, le militant n’occupe pas toute la place qui est la sienne au sein de nos formations politiques.