Dans un nouvel article du Magazine Jeune Afrique consacré au RDPC et au maillage du terrain, une question cruciale se pose : "De Chantal Biya à Joseph-le, qui tient l'Est pour Paul Biya ?"

À l'approche de la présidentielle de 2025, l'attention se porte tout particulièrement sur les affiliations partisanes dans les différentes régions du Cameroun. Cependant, dans la région de l'Est, Paul Biya semble jouir d'une position de force indiscutable, grâce à l'influence de son épouse Chantal et aux réseaux qu'elle a su tisser pour consolider sa domination politique, relate Jeune Afrique.

Jeune revient sur une date clé. En effet, un événement marquant s'est déroulé le 18 février 2023 à Batouri, dans le département de la Kadey (Est), où la haute société yaoundéenne s'était réunie. Moins d'un mois auparavant, le puissant ministre des Mines, Gabriel Dodo Ndoké, avait tragiquement perdu la vie à l'âge de 51 ans au centre hospitalier d'Essos, à Yaoundé. Les plus hautes autorités de la République avaient fait le déplacement jusqu'à sa circonscription d'origine pour ses funérailles, y compris le Premier ministre Joseph Dion Ngute, des parlementaires, des dignitaires religieux et des chefs traditionnels.

Lors de cette cérémonie, des personnalités influentes du régime se sont relayées pour rendre hommage au défunt. Puis est venu le tour de Joseph Le, actuel ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, lui aussi natif de la région. Dans son discours, il a déclaré de manière voilée : "On ne s'élève pas en éliminant d'abord son frère ou sa sœur. Chacun à son tour, chacun à sa place. Je n'en dirais pas plus, on se comprend." Ces mots ont été interprétés comme une annonce implicite de sa prise de relais en tant que référent politique de la région. Joseph Le est-il en train de devenir le numéro un dans l'Est, se demande Jeune Afrique.

Ancien directeur adjoint du cabinet civil de Paul Biya et président du conseil d'administration de la Société de presse et d'éditions du Cameroun (Sopecam), Joseph Le a gravi les échelons pour intégrer le gouvernement de Paul Biya le 2 mars 2018, en tant que ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative. En tant que membre influent du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), il a progressivement consolidé sa position en tant que personnalité la plus puissante du parti au pouvoir dans la région de l'Est, rajoute Jeune Afrique.

Moins de deux mois après sa nomination au gouvernement, il a eu l'opportunité de se distinguer lors des obsèques de Janvier Mongui Sossomba, un opérateur économique, maire de Dimako pendant trente-trois ans et figure du parti dans l'Est. Il a alors pris les rênes du comité d'organisation des obsèques, surpassant d'autres personnalités influentes telles que Charles Salé, Michel-Ange Angouing, Emmanuel Bondé ou Badel Ndanga Ndinga. Depuis lors, Joseph Le n'a pas cessé de renforcer son influence, notamment en se montrant activement dans les médias et en utilisant son poids au sein du RDPC.

À titre d'exemple, quelques semaines avant la présidentielle de 2018, alors que Benjamin Amama Amama, chef de la délégation départementale du Comité central du parti pour le Haut-Nyong, organisait un meeting de soutien à Paul Biya à Yaoundé, Joseph Le convoquait également un meeting de mobilisation de fonds pour la campagne du président sortant le lendemain. Cependant, sur les invitations de ce deuxième événement, l'en-tête du RDPC était remplacée par celle du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative. La question qui se pose désormais est de savoir si Joseph Le est en train de devenir la figure prédominante de l'Est au service de Paul Biya, souligne Jeune Afrique.