Politique of Friday, 18 March 2016
Source: camerounlink.com
C’est comme un cri du cœur. Lorsqu’on demande à la coordonatrice des programmes du Réseau pour la solidarité, l’autonomisation et la transformation pour tous (NewSeta) si la réduction de l’âge de vote favorisera une plus grande implication des jeunes en politique.
Prudence Issoy Noutcha déclare avec assurance : « La stabilité politique d’un pays est déterminée par le nombre d’électeurs. Si 60% de la population camerounaise est jeune et qu’une bonne partie de celle-ci ne prend pas part aux élections, cela handicape véritablement le pays». «Les jeunes ne sont pas engagés. Après un sondage réalisé en 2015, nous nous sommes rendu compte que la cause de ce désengagement est l’augmentation de l’âge de vote», ajoute-t-elle.
Ce mardi 15 février 2016, pour la première fois l’organisme NewSeta, s’est vu ouvrir les portes du palais de verre de Ngoa-ékellé. Une ouverture favorisée par le Réseau parlementaire Espérance jeunesse (Reje) dont le coordonateur est le député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Gaston Komba.
L’entrevue de ce mardi entre les parlementaires et les jeunes avait non pas pour but d’embrasser la cause de NewSeta, mais d’ouvrir le débat sur l’accès aux urnes aux jeunes de 18 ans. Parmi les arguments mis en avant par les responsables de l’organisme celui de la maturité. « Nous constatons qu’à 18 ans un jeune est considéré comme mature. Si l’on vous considère ainsi c’est que vous pouvez prendre des décisions dans ce pays.
Lorsqu’on regarde la loi pénale, l’on se rend compte qu’à parti de 12 ans un jeune peut être incarcéré. Le code du travail lui permet aux jeunes de 18 ans d’accéder aux postes de responsabilité. Sur le plan du statut marital, à 18 ans on peut se marier. Même les concours, par exemple celui de l’Ecole militaire interarmées (Emia) permettent de postuler à 18 ans. Ainsi si une jeune peut porter la lourde tâche de défendre une nation, cela veut dire que ce jeune peut également choisir qui sera le leader dans ce pays » défend mordicus Prudence Issoy Noutcha.
Un avis que partage d’ailleurs le député de l’Union des populations du Cameroun (Upc), Robert Bapooh Lipot. «Le débat sur l’âge électoral ne se pose pas. Au Cameroun il est important de savoir qu’au regard de la culture de l’Etre humain il est surprenant que les jeunes de 18 ans ne participent pas aux élections. Leurs refuser de participer aux décisions qui engagent leur destin, c’est un choix qui n’honore pas notre pays. Dans notre société on créé de la politisation et c’est un abime. La jeunesse doit s’engager politiquement parce qu’il n’y a pas de société apolitique lorsqu’on parle de la gestion des Etres humain » soutient-il.
Toutefois les avis des parlementaires sur la réduction de l’âge de vote de 20 à 18 ans ne sont pas toujours clairs. L’honorable Gaston Komba par exemple joue à l’insaisissable. « Le Réseau parlementaire Espérance Jeunesse ne s’est pas engagé dans ce plaidoyer. Nous avons ouvert les portes du parlement à la jeunesse qui a un point de vue sur la participation des jeunes dans le jeu démocratique. Les points de vue sont divergents, il n’y a pas unanimité sur cette question. Certains estiment que ce qui doit être pris en compte c’est la maturité tandis que d’autres estiment que la majorité physique doit prime ».
Cette entrevue entre les parlementaires et la jeunesse déplace dès lors le débat de la rue au parlement alors qu’il se murmure dans les couloirs de l’Assemblée nationale que la modification constitutionnelle à venir pourrait bien faire plaisir aux jeunes. Outre la révision qu’appellent les ouilles de Paul Biya de tous leurs vœux, le chef de l’Etat pourrait faire sauter le verrou de l’article 2 de la constitution stipulant que 20 ans se veut l’âge minimum pour toutes les élections politiques nationales.