Les récentes opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du parti de Paul Biya ont été émaillées de fraudes massives dans la section Haut-Nyong Sud 2 à l’Est.
Le mois de novembre 2021 restera gravé dans les mémoires des populations de Messok, chef-lieu de l’arrondissement éponyme, dans le département du Haut-Nyong. Dans cette localité située à près de 200 km d’Abong-Mbang, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) est en lambeaux depuis quelques semaines. Plus de 300 frondeurs ont décidé de ne plus suivre l’homme du Renouveau.
« Nous avons été victimes d’un hold-up électoral lors des derniers renouvellements des bureaux des organes de base du Rdpc. Et ce n’est pas la première fois. C’est pourquoi nous nous reti- rons de ce parti politique qui cultive la marginalisation et la fraude électorale », explique David Alama, ancien militant de la sous-section de Messok A, au centre- ville.
Comme lui, des ex-militants du Rdpc ont décidé de dénoncer « cette mascarade électorale à ciel ouvert orchestrée par le mal élu, David Bachelard Keyo.» Nos interlocuteurs estiment néanmoins que « ce dernier a gagné sans recourir à la fraude dans trois bureaux de vote, un bureau de vote correspondant à une sous-section, sur les 16 que compte la section Haut-Nyong Sud 2 ».
Joseph Samedjoh, l’ancien vice-président de cette section, explique que « le maire a gagné dans les bureaux de vote de Bizam, avec un écart de 60 voix, Nkenadina, 50 voix en plus, et Zoulabot 2, où nous perdons de deux voix ».
Il ajoute qu’« il a perdu à Nkonakom, le village du premier adjoint au maire, Alice Mimpo, et de l’actuel vice-président de section Rdpc, Antoine Mpoual Mbarga, par 49 voix contre 101. A Mindouma, village d’un conseiller municipal acquis à sa cause, nous avons gagné par un écart de 18 voix. A Messok C, nous avons obtenu 10 voix de plus que lui. A Bareko, où il était favori, David Bachelard Keyo a perdu face à nous de 37 voix. A Zouadiba, il lui manquait sept voix pour nous égaler . »
La sortie de l’ancien président de la section Rdpc du Haut-Nyong Sud 2 enfonce le clou des dénonciations. « A Yanebot 1, sous-section favorable à David Bachelard Keyo, les supporters de ce dernier ont chassé notre mandataire, Joël Ngane Sametseuh. Son abdication a ouvert la voie au bourrage des urnes et à une augmentation exponentielle du nombre de votants », révèle Michel Enkoh.
« Nous nous sommes retrouvés avec 379 inscrits et avons perdu par une seule voix contre 378 voix. Comme si chez moi à Yanebot, tous les miens en âge de voter m’avaient subitement tourné le dos. Au final, toutes ces fraudes débouchent sur une victoire volée de 1 200 voix contre 1 250 », pour- suit-il.
A Messok et ses environs, les populations sont unanimes : « Le bourrage des urnes a été l’arme fatale de M. Keyo. Comme à Longmebem, où il a gagné de 31 voix grâce au désordre orchestré par deux de ses affidés, Calvin Adimpen et BiwoleEbode, partis de Yanebot 1 pour faciliter le bourrage des urnes. Même scénario à Kamelon où, en plus, les enveloppes contenant plus d’un bulletin de vote ont été comptabilisées de notre adversaire. »
A Messok, Le Messager a cherché en vain David Bachelard Keyo qui, le dimanche 14 novembre 2021, nous avait pourtant confirmé qu’il serait sur place.
Joint au téléphone par nos confrères d’Essingan, le maire de la commune de Messok a rétorqué que « cette démission ne nous émeut point. Le Rdpc n’est pas notre propriété. Nous sommes concentrés sur le processus de création d’une forêt communale ».
Alors que nous allions sous presse, Messok s’apprêtait à enregistrer d’autres vagues de démissions massives du Rdpc.