La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI) vient d'adresser une correspondance au chef de l'Etat du Cameroun dans laquelle, elle demande de réformes profondes de la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC).
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Monsieur le Président de la République,
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous renouvèle ses très respectueux compliments citoyens, et se fait un impérieux devoir, d’éveiller votre plus haute attention, sur les dérives de la CONAC, Commission Nationale Anti-Corruption. En effet cet organisme en qui vous aviez placé votre confiance après que notre pays ait été classé premièr de toute la planète en matière de corruption, est devenu au fil du temps un outrageant instrument de désordre, de chantage, de corruption et de culture des intérêts sordides de certains de ses membres.
Voici une scène récente des exactions de la CONAC
Le mardi 13 octobre 2015, quatre individus accompagnés d’un officier de police en tenue et armé, se sont présentés à la Direction Générale Des Douanes à Yaoundé, munie d’une lettre-convocation signée de monsieur Massi Gams, le président de la CONAC, destinée au Directeur général intérimaire. La lettre spécifiait purement et simplement une arrestation voire un enlèvement brutal, puisqu’elle intimait l’ordre à l’intéressé de suivre dès réception, l’agent de police porteur. Face aux interrogations du haut fonctionnaire de la Douane sur ces méthodes qui violent toutes les dispositions légales et règlementaires de notre pays en plus de se situer en marge des missions et prérogatives textuelles de l’organisme, l’escouade revancharde et belliqueuse a profondément perturbé le service devant les collaborateurs, visiteurs et usagers médusés. Il a fallu le recours de deux avocats et d’un Huissier de justice allié à une forte clameur populaire de désapprobation, pour éjecter les intrus, lesquels ont affirmé être envoyés par monsieur Haman Garga.
Monsieur le Président de la République,
Il nous souvient que dans une précédente alerte, nous vous avions déjà signalé, d’abord les exactions des membres de cet organisme en quatre points :
a) De l’indélicatesse financière : indemnités de plusieurs millions ; libéralités de toute nature ; recrutements fantaisistes ; frais de mission indus ou inappropriés ;
b) De l’utilisation de l’organisme en instrument privé de vengeance et de règlement de compte
c) De la violation totale et consciente des lois
d) Du non-respect de l’Etat de droit, avec une propension à transgresser les codes éthiques élémentaires ainsi que la méconnaissance chronique à la fois des fondamentaux de l’administration publique et des canons de l’autorité publique.
Ce qui s’est passé à la Direction Générale de la Douane, procède d’une pratique anarchique restée trop longtemps impunie bien que largement décriée, et laquelle est devenue le symbole d’un détournement permanent de compétence, entraînant logiquement l’installation d’un Etat dans l’Etat. Nous sommes de facto face à la dérive totalitaire et rocambolesque d’une clique de nouveaux seigneurs se prémunissant, malicieusement mais aussi grossièrement et impunément que l’on puisse imaginer, de votre décret.
La CONAC a créé son monde à part, s’est octroyée les missions et prérogatives du Contrôle supérieur de l’Etat, de la police judiciaire, du Premier Ministre, de l’Administration territoriale, de la DGRE, de la DST, bref de tous les corps d’Etat réunis. Le mode opératoire de l’organisme est choquant, vexatoire, grotesque, provocateur et budgétivore.
Ses membres décident comme bon leur semble de s’installer dans une entreprise publique pour plusieurs mois, bloquant les services, confisquant les dossiers, paralysant le fonctionnement quotidien, enlevant tous les pouvoirs au Directeur général, fixant eux-mêmes leurs frais de mission et la durée. C’est à peine croyable dans un Etat de droit. C’est du gangstérisme dévoyé. Ce n’est pas ce que vous aviez prévu, c’est autre chose, autre chose de monstrueux.
Monsieur le Président de la République,
Il nous semble qu’en plus des textes fondateurs mal confectionnés, mal articulés et aussi imprécis que confus, la plupart des membres de cet organisme n’ont pas été astreints à une enquête de moralité rigoureuse préalablement à leur nomination.
En tout état de cause, une réforme méthodique et radicale de la CONAC s’impose dorénavant comme une urgence dans votre calendrier d’action en vue du redressement de nombreux torts. Sans doute faudrait-il le rappeler, que cette analyse est également celle faite scrupuleusement depuis longtemps, par nos principaux partenaires multilatéraux ainsi que les missions diplomatiques accréditées à Yaoundé.
Convaincu qu’enfin vous nous entendrez, car véhicule de millions de plaintes citoyennes ambiantes et vérifiables, nous vous prions de croire Excellence Monsieur le Président de la République, à l’assurance de notre très haute considération./.
Le Président de la Commission SHANDA TONME
Médiateur universel