Mes chers compatriotes, Camerounaises, Camerounais,Peuple de nos villes et de nos campagnes, Camerounaises, Camerounais d’ici et de partout installés de par le monde,Chers amis travailleurs,La fin de la nuit est proche, je le sens au moment de m’adresser à vous à l’occasion de la 130ème édition de la fête du travail.
#ChersCompatriotes Camerounaises, Camerounais, le travail est une valeur que le pays devrait garantir à tout un chacun pour son épanouissement et pour le développement du pays. Voilà pourquoi, à vos côtés je suis debout aujourd’hui, pour écrire les réformes, encourager le mouvement syndical, inviter le patronat à la table des négociations chaque fois que cela est nécessaire, exiger des réformes notamment au niveau de l’éducation afin que celle-ci puisse rimer avec le travail.
Je ne puis croire que tout ce qui arrive en ce moment arrive pour rien: les tragédies dans les hôpitaux, les hécatombes à répétition sur nos routes, la courbe du chômage en augmentation constante, le tripatouillage des résultats de différents concours de la fonction publique après que les familles se soient lourdement endettées pour constituer les dossiers… Tout ceci nous montre que l’œuvre humaine n’est pas achevée comme le soulignait avec courage contre tous le poète Aimé Césaire oui chers compatriotes,
« … il n'est point vrai que l'œuvre de l'homme est finie que nous n'avons rien à faire au monde que nous parasitons le monde qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence et de la force »
Comme c’est vrai aujourd’hui dans ce triangle national où une minorité confond la République à son destin personnel, les caisses de l’Etat à un héritage familial.
C'est pourquoi nous voulons réformer, c'est pourquoi nous voulons d’une fonction publique territoriale qui va créer des emplois de proximité pour les jeunes à la verdeur de l’âge. Oui chers compatriotes, c'est pourquoi nous voulons créer une fonction publique hospitalière, c'est pourquoi nous avons demandé des états généraux de la santé avant tous. Chers compatriotes, nous n’en tirons aucune gloire, mais le glaive haineux du pouvoir en place et de ses complices carpes qui ne s’expriment jamais en public, très occupés dans la nuit à défaire ce que nous proposons, à nous monter les uns contre les autres, à faire la politique du régime en place c’est-à-dire nous prouver que nous ne sommes pas un peuple et que nous ne pouvons point être debout.
Chers compatriotes, avancez, frappez à la porte de vos élus, ils sont les élus du Cameroun; Demandez-leur des comptes, ils doivent porter nos aspirations, ils doivent défendre nos intérêts, et ceux, ô combien supérieurs de notre patrie. C’est en vous approchant, peuple du Cameroun que vous allez rendre la fin de la nuit réelle et effective.
Ce jour, je vois un peuple de travailleurs, de chercheurs d’emplois debout pour célébrer le Cameroun éternel qui va au-delà des hommes, au-delà d’un système, au-delà d’un parti politique mais plutôt qui va au-devant de son destin, notre commun destin.
Vous seul êtes la véritable opposition à ce système gouvernant sous lequel nous ployons déjà depuis des décennies au point de penser qu’il est éternel ! Non, non, nous seuls pouvons mettre un terme à la marche funeste de ces hommes et de ces femmes qui ont oublié tout le sens du mot travail pour nous enfermer dans l'incinérateur de nos vies.
Oui, seul le Cameroun est éternel au regard de son histoire, des hommes qui l’ont écrite,
Seul le Cameroun est éternel au regard du labeur des femmes et des hommes qui ici même ont cru que tout est possible, dans le respect de nos cultures, de nos différentes identités, eux qui nous ont légué cette terre, ce pays, cette Nation, cette patrie, ce Fatherland, c’est-à-dire cette terre de nos pères comme nous le rappelle notre hymne national.
Pour avoir l’héritage qu’ils dilapident aujourd’hui, nos ancêtres ont consenti de nombreux sacrifices, construisant à la seule force de leurs bras des voies de communication, des ponts, des routes, un chemin de fer, jusqu’à épuisement. Ils ont résisté à l’occupant, l’histoire de nos familles particulières raconte encore aujourd’hui ces épopées.
Notre histoire n’est pas que critique, elle est assumassions d’un noble héritage de traditions et de valeurs portées et transmises par nos héros, qui ne sont pas que des militaires à l’instar de Martin Paul Samba exécuté à Ebolowa le 8 août 1914, de Ruben Um Nyobè secrétaire général de l’UPC, véritable théoricien de l’indépendance du Cameroun, le soldat de deuxième classe Delfranck Bakema tombé au petit matin du 23 avril 2016 à Zigagué dans l’Extrême Nord pour défendre l’intégrité du territoire national. Ils sont nos héros, nous devons les célébrer au même titre que Joseph Merrick celui-là même qui construisit la première école dans notre pays en 1840, au même titre que Ousmane Dan Fodio qui nous apporta l’Islam, au même titre que Charles Ateba Eyene qui éveilla les consciences à la critique constructive. Oui, ce sont nos héros, ils ont permis que nous ne soyons point brisés, broyés par cette élite régnante en déroute depuis bien longtemps.
Aimer le Cameroun, c’est avoir le courage de le reconnaitre et de le dire.
Aimer le Cameroun, c’est accepter de continuer ces combats de ces grands hommes, c’est vibrer à l’énonciation de leurs noms, c’est entretenir le souvenir de leur mémoire, c’est se sentir l’héritier d’un peuple en marche vers son destin. Nous sommes ici en Afrique Centrale le phare qui éclaire, alors ne nous laissons pas anéantir par cette élite amnésique qui veut tout effacer alors qu’elle n’a rien à léguer.
Je les vois d'ici, eux qui n’ont jamais eu aucune prise sur le Cameroun mais eux si heureux de faire souffrir le peuple, eux qui n’ont aucune prise sur le présent, faute de pouvoir construire l’avenir, instrumentalisent les différences, dressent des barricades, ce sont des antipatriotes!
Cette caste en face, chers compatriotes, n’assume plus rien, ni son bilan, ni ses échecs, ni sa médiocrité. J’ai connu ce pays comme Nation dans un passé pas si lointain, c’est un peuple que je voudrais léguer aux générations futures, celles de nos enfants et petits-enfants. Je vous tends la main, elle est fraternelle et vigoureuse, pour que nous menions ensemble ce combat de construction de notre pays, ce combat de redressement, ce combat de développement indispensable à l’épanouissement de tous.
N’en déplaise aux manipulateurs, diseurs de messes noires qui nous dirigent et qui font semblant de se tenir à nos côtés, le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie, est le seul parti qui se tient à vos côtés, dans tous les combats, c’est le parti du peuple dans la critique constructive, dans la proposition innovante. C’est le MCPSD qui est à Maroua auprès de nos soldats, c’est le MCPSD qui est dans les
hôpitaux avec nos femmes souvent abandonnées par leurs époux, c’est le MCPSD qui est dans les écoles avec nos enfants. La politique ce n’est pas la confiscation des médias, ce n’est pas monter des officines de critiques, ce n’est pas avoir du mépris pour les autres, la politique n’est pas du théâtre, mais une passion pour notre territoire, pour ceux qui y vivent, pour la féérie de nos paysages, de nos forêts et de nos cours d’eaux. Regardez comment ils bradent tout, y compris nos bois sacrés et la tombe de nos pères. Um Nyobè s’est levé quand le Cameroun était à genoux…
Aujourd’hui, peuple du Cameroun, nous sommes attaqués à l’intérieur de notre pays par des fondamentalistes islamiques et très souvent avec la complicité d’une certaine élite. La jeunesse est dans le désert du Sahara, à Lampedusa confrontée à la mort à chaque seconde parce qu’elle est en quête d’un monde meilleur. J’ai été au Maroc, sur invitation du parti socialiste marocain, apporter notre soutien à nos compatriotes et aux jeunes de toute l’Afrique au Sud du Sahara. C’est l’endroit où il faut être quand des milliers de nos compatriotes meurent noyés.
Où sont-elles donc, nos élites, où est-elle donc cette opposition hautaine, incapable de tenir un discours cohérent sur l’avenir du Franc CFA, incapable de refuser que toutes les sociétés de souveraineté soient bradées comme cela l’est en ce moment. Seul le MCPSD est là et vous tend les bras car c’est ensemble que nous sommes forts. Nous étions les premiers, nous sommes les seuls à avoir refusé de démantèlement de la SNEC et aujourd’hui l’Etat demande le départ de la CDE tandis que la Camwater n’en finit plus de décevoir. Ce qui est vrai de la SNEC l’est aussi de la SONEL et de la REGIE-FERCAM.
Chers compatriotes, fêter le travail, c’est fêter la Nation camerounaise car le premier parti politique camerounais est né à la suite d’un mouvement de grève le 17 avril 1947 à Douala. Qu’est-ce que le Cameroun si nous ne nous donnons pas la main, si nous ne marchons pas ensemble ? C’est cela la Nation, le pays, ce lien indestructible qui nous unit, qui nous définit, nous identifie, il nous rend plus forts dans un monde où l’on veut tout nous prendre.
Oui fêter le 1er mai, c’est nous souvenir de qui nous sommes, c’est la saint Joseph l’époux de Marie celle-là même à qui les premiers missionnaires confièrent la protection de notre pays. Fêter le 1er mai c’est rappeler qu’ici vivent 256 ethnies autours d’un drapeau Vert, Rouge, Jaune frappé d’une étoile d’or, fêter le 1er mai c’est accepter d’affronter les défis de demain.
Peuple au panier de la ménagère vide, peuple sans retraite ou à la retraite de misère, peuple de femmes aux enfants au dos à longueur de journée, vous êtes un peuple héroïque.
Vous êtes un peuple héroïque, vous si rompus à la débrouillardise entre pousse-pousse, moto-taxi, clandos, vendeurs d’eau, adeptes du système D pour élever correctement vos enfants et qui déployez des trésors d’attention pour préserver vos petits des dangers de notre société : agressions, drogues, violences, déculturation. Nous venons de rendre public une étude dans ce sens.
Héroïques vous êtes, vous fonctionnaires et autres agents de la fonction publique, avec un salaire de misère, vous croyez encore à l’Etat et vous faites bien. Vous enseignants, personnel de la santé, vous à qui votre l’employeur l’Etat a tourné le dos au point de penser qu’il a tout privatisé ! Encore que ! Avec lui tout est possible et rien ne nous surprend plus.
Héroïques enfin vous jeunes chercheurs d’emplois, diplômés et non diplômés ! Vous êtes ceux qui n’ont déjà rien mais vous êtes aussi ceux que l’Etat nargue le plus !
Mes chers compatriotes, vous êtes Camerounais, des héros de la vie quotidienne qui gardez calme et courtoisie quand tout vous pousse à la colère, qui continuez à avancer, à vous battre quand tout est fait pour vous démoraliser. Nous ne comptons plus les longs chapitres d’injustice, d’arrogance des nouveaux riches, alors qu’à une génération près, nous sommes tous fils et filles de paysans, de prolétaires travailleurs de la terre.
Mais la patience ne doit pas devenir de la résignation, car malgré les promesses des uns et des autres, rien n’a été fait pour vous depuis des décennies, voilà pourquoi le Cameroun est le pays des maquettes et des projets jamais réalisés.
Face au chômage, à la montée du fondamentalisme à l’intérieur du pays et devant nos frontières, face à la montée de la violence entre communautés dans nos villages, face au désarroi de nos militaires abandonnés à eux-mêmes, que proposent-ils ? Nos dirigeants sont désemparés, inactifs, incapables. C’est fini, ils ne peuvent plus rien, ils ne font plus rien. Nous sommes un peuple souverain, la souveraineté c’est avoir la capacité d’agir, de faire mais aussi de défaire. Nous devons stopper cet aveuglement et cette impuissance. Nous avons besoin d’une équipe au travail, nous ne voulons plus des dirigeants dont le seul mérite est de réduire au silence ceux qui voient, ceux qui prévoient, ceux qui préviennent et ceux qui osent. Dans l’affaire Monique Koumateke, nous étions aux avant-postes, ils ont chargé, ils ont tordu le cou à la vérité, une fois de plus nous avons été tristement visionnaires, mais hélas, aucun de nos lâches dirigeants ne nous a écoutés.
CONCLUSION
Chers compatriotes, j’aimerais pouvoir vous souhaiter une bonne fête du travail, en vous inscrivant dans l’avenir radieux de notre pays. Je ne peux le faire que si ensemble nous avançons vers une mise en pratique de nos propositions, une écoute instructive de nos solutions. Nous voulons des dirigeants responsables, soyons un peuple responsable. Le temps fait défaut je le vois, refusons les querelles inutiles dans lesquelles on nous enferme déjà depuis fort longtemps, la place est désormais à l’action. Si nous nous mettons en ordre de marche, alors l’aveuglement, la lâcheté et l’inertie seront remplacés par la lucidité, le courage et l’action. Chers compatriotes, c’est possible!
Déployons donc ensemble toute notre énergie afin que Vive la Paix, génératrice du Travail qui lui-même est bâtisseur de la Patrie.
Yaoundé le 30 avril 2016
Dr Vincent-Sosthène FOUDA