Actualités Régionales of Monday, 13 March 2017
Source: cameroon-info.net
C’est ce qu’affirme un communiqué de presse d’Amnesty International publié ce lundi 13 mars 2017, et traitant de l’affaire des prisonniers disparus de la prison de Maroua en 2015. Le communiqué:
«Les autorités camerounaises doivent révéler l’identité et le lieu d’inhumation des 25 personnes dont le gouvernement avait reconnu, il y a deux ans jour pour jour, la mort en détention, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
Elles faisaient partie des plus de 200 personnes arbitrairement arrêtées au cours d’une opération de ratissage le 27 décembre 2014 à Magdémé et Doublé, deux villages de l’Extrême-Nord du Cameroun, à la suite d’une attaque de Boko Haram. Parmi les personnes arrêtées par les forces de sécurité, et dont la liste complète avait été communiquée aux autorités camerounaises, 130 sont toujours portées disparues.
«Les autorités se sont à ce jour contentées de la confirmation de la mort en détention des 25 personnes. Aucune information ni sur leur identité ni sur leur lieu d’inhumation n’a été communiquée aux familles. Cette interminable attente des familles qui ont perdu des êtres chers ne fait qu’accroitre encore davantage leur souffrance», a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.
«Le Gouvernement doit garantir le droit des familles à la vérité, à la justice et à la réparation».
Le 13 mars 2015, le ministre de la Communication du Cameroun Issa Tchiroma avait, au cours d’une conférence de presse, déclaré que 25 personnes parmi celles arrêtées en décembre 2014 avaient perdu la vie dans des cellules de fortune à la légion de gendarmeries de Maroua, sans toutefois révéler l’identité des victimes, la cause exacte de leur mort, ni le lieu de leur inhumation.
Le Gouvernement camerounais a informé Amnesty International en février 2016 qu’une enquête administrative interne avait été ouverte sur le cas de ces 25 personnes décédées en détention.
Bien que les résultats de cette enquête n’aient pas été rendus publics, la première audience d’un procès contre l’unique prévenu, le colonel Zé Onguéné Charles qui était à la tête de la gendarmerie pour la région de l’Extrême-Nord au moment des faits, a eu lieu le 21 juillet 2016 devant le tribunal militaire de Yaoundé. Les charges retenues contre lui sont d’ordre correctionnel et sont limitées à la ‘négligence et au non-respect des règles de garde à vue’.
Amnesty International a documenté de nombreuses violations des droits humains commises lors de l’opération de ratissage conduite à Magdéme et Doublé. Au moins huit personnes, dont un enfant, ont été tuées illégalement et 130 ont été victimes de disparition forcée. Aucune enquête n’a été ouverte sur ces cas. Une quarantaine de personnes sont quant à elles toujours détenues dans de très mauvaises conditions, dans l’attente d’un procès dont la date n’a pas encore été fixée».