Celles-ci s’opposaient à leur déguerpissement sur le site. Une mission de déguerpissement des corridors de migrations des grands mammifères a failli tourner au drame le 10 juillet dernier au parc national de la Bénoué.
Ce dimanche, alors que les éléments de la délégation régionale des Forêts et Faune du Nord, accompagnés par une trentaine d’éléments des forces de l’ordre avaient débuté le nettoyage du corridor «Galerie forestière» situé dans la zone du parc national de la Bénoué et occupé par les habitations et les cultures, un groupe d’hommes et de femmes, armés de machettes, couteaux, gourdins et cailloux s’en prennent violemment à eux.
Après avoir lancé des cris de guerre, ils se sont littéralement jetés sur eux en assenant au passage des coups à ceux qu’ils réussissaient à rattraper. Un militaire, dont l’identité ne nous a pas été révélé, s’en est sorti avec des blessures graves et se trouvait jusqu’à hier matin, interné à l’hôpital où des soins lui sont administrés.
Nos sources ont poursuivi en nous rassurant que sa vie était cependant hors de danger. Au bilan, on compte également une dizaine de blessé léger. «Les éco garde ont dû tirer des coups de feu de sommation pour tenter de disperser la foule excitée.
Tout a commencé aux environs de 16 h, alors que le groupe qui procédait aux déguerpissements était à l’intérieur du parc sur plus de 30 km, ils ont profité pour attaquer par surprise», indique un cadre de la délégation régionale des Forêts et de la Faune.
Le lendemain matin, 11 juillet, ces populations ont décidé de barrer l’axe Ngaoundéré-Garoua, afin de sortir des bus de transport en commun tous les hommes en tenue pour les molester. Il a fallu une descente du préfet du Mayo-Rey, François Amougou, sur les lieux pour les ramener à l’ordre.
INSÉCURITÉ
L’affaire a pourtant démarré depuis le jeudi 7 juillet 2016. La délégation régionale des Forêts et de la Faune a décidé de mettre sur pied une mission de déguerpissement des corridors des migrations des grands mammifères dans les trois aires protégées que compte la région du Nord. Il s’agit des parcs du Faro, de la Bénoué et de Bouba Ndjida.
«Ces trois parcs communiquent entre eux. Les animaux que vous apercevez dans un parc à une période donnée, migrent après un temps vers un autre parc. 237online.com Et dans leur migration, le déplacement ne se fait pas au hasard. Ils ont des corridors précis qu’ils empruntent et à chaque fois que ceux-ci sont occupés, ils se sentent immédiatement en insécurité.
Les occupants aussi ne sont pas en sécurité en occupant ces corridors», précise le délégué régional des Forêts et de la Faune du Nord, Jean David Ndjigba. Depuis plus de 15 ans, les populations s’installent progressivement de manière illégale dans les aires protégées et choisissent particulièrement les corridors de migrations des grands mammifères.
Lors des déplacements de ces mammifères, ceux-ci laissent sur leur passage leurs matières fécales qui rendent les sols par la suite très fertiles. Une situation qui amène les populations, pour la plupart en provenance des régions de l’Extrême-Nord, à venir s’y installer. Malgré les multiples rappels à l’ordre et les avertissements, les populations, au lieu de quitter les lieux, augmentent plutôt leur effectif de jour en jour.
«C’est une situation dangereuse. Leur présence peut faire fuir les animaux dans des directions où il sera difficile de les retrouver après. A chaque fois que les animaux traversent, ces populations se plaignent de la destruction de leur culture et parfois, elles-mêmes sont en insécurité. L’opération de déguerpissement visait quatre corridors spécifiques. Il s’agit de "Cop de Buffon", "Elan de Derby", "Buffle" et "galerie forestière". Les trois premiers ont été déguerpis sans problème.
Il faut préciser que ces déguerpissements sont les résultats de nombreux échanges, réunions et avertissements faits aux populations. Le préfet du Mayo-Rey est d’ailleurs venu en personne procéder au lancement vendredi, 8 juillet.
Toutes ces populations ont été sensibilisées sur les enjeux de cette opération et elle va se poursuivre jusqu’à son terme», poursuit le délégué régional des Forêts et de la Faune, Jean David Ndjigba.