Tous les jours, ils font de nouvelles victimes, même en pleine journée.
Contraints à quitter Bafoussam, à cause des mesures restrictives prises par le préfet de la Mifi, prohibant notamment la circulation des engins à deux roues au-delà de 22 heures dans son territoire de commandement, les sans foi ni loi opérant sur des motos, semblent avoir trouvé refuge à près de 50 kilomètres plus loin ; dans la ville de Dschang plus précisément.
Seulement cette migration n’était visiblement opérée pour une reconversion. Mais plutôt pour continuer leur sale besogne, sur un terrain vraisemblablement moins hostile. Depuis plus d’un mois en effet, le nombre de personnes agressées par des pseudos moto taximen est allé crescendo dans cette ville. Des sources policières estiment à cinq, le nombre personnes qui passent chaque jour à la trappe de ces malfrats. Avec un pic tous les weekends, en raison de l’affluence engendrée par les congrès de village et autres réunions familiales qui battent leur plein dans la région de l’Ouest, en cette période de vacances scolaires.
Modus operandi
Magni C. est inconsolable. Cette dame partie de Douala vendredi 12 aout dernier, pour Dschang afin de prendre part à une rencontre de sa famille, a eu le malheur de trouver sur son chemin, un homme qui feignait d’être moto taximen à la gare routière de Dschang. « Quand je suis arrivée à la gare routière de Dschang, plusieurs conducteurs de motos se sont présentés pour m’offrir leur service. J’ai finalement jeté mon dévolu sur celui qui me semblait sérieux pour m’accompagner à Fotetsa dans le groupement F4 », raconte la dame en larme. Seulement derrière l’apparence d’ange de son « bendskineur », se cachait un impitoyable gangster.
« En chemin, lorsque nous étions bien éloignés de la ville, il s’est arrêté, puis a sorti un poignard, me sommant de lui laisser mes effets. Lorsqu’il menaçait de me poignarder, j’ai cédé », ajoute la dame la voix tremblotante.
Dans son sac emporté, se trouvait près de 400 000 Fcfa, plusieurs autres objets de valeur, ainsi que ses pièces d’identité. Magni C. n’est pas la seule qui se souvient de sa déconvenue. Carine T. est également tombée dans les filets de ces bandits à moto. Partie de Bafoussam pour assister au congrès de son village situé dans l’arrondissement de Nkong-Ni, elle a été dépossédée de tout par le supposé moto taximan qui devait la conduire jusqu’au village.
Malgré ces agressions à répétition, les autorités locales n’ont pas encore pris d’initiatives particulières de sécurité. Néanmoins, les populations elles-mêmes s’organisent pour réduire le nombre de victimes. Un message circule pour l’heure de bouche à oreille. Celui-ci invite tous les voyageurs (les principales cibles), à ne pas monter sur une moto n’importe où.
«Les passagers doivent se rendre dans les points de chargement de chaque village. Là-bas, tout le monde se connait. A telle enseigne que s’il advenait un cas d’agression, on saurait où trouver l’agresseur», conseille un moto-taximan.