Actualités Régionales of Tuesday, 7 March 2017

Source: camer.be

Edéa : deux morts dans des affrontements sanglants

Des altercations ont fait deux morts, une dizaine de blessés graves et 42 personnes gardées à vue Des altercations ont fait deux morts, une dizaine de blessés graves et 42 personnes gardées à vue

Tout est apparemment calme dans la matinée du samedi 4 mars 2017 à la Ferme suisse (une société de palmeraie), arrondissement d'Edéa Ier, région du Littoral, département de la Sanaga maritime. Des personnes vont et viennent, mais le commerce tourne au ralenti. De part et d'autre, des groupuscules d'hommes et de femmes sont encore préoccupés par le sujet : la localité vient d'être le théâtre d'un soulèvement sanglant qui a fait deux morts, onze blessés graves et d'énormes dégâts matériels. Dans un domicile au V2 b, six femmes à la mine triste tiennent compagnie à une quinquagénaire éplorée.

C'est la maman de Koum Eguina Sus. Son fils âgé de 19 ans, élève en Form III dans un lycée de Bamenda, est arrivé à la Ferme suisse il y a quelque temps, fuyant les évènements de Bamenda. Mais, il vient de succomber à une hémorragie interne causée par un violent coup de latte qu'il a reçu lors des affrontements qui ont opposé dans la nuit de jeudi à vendredi des agents d’Africa Security aux populations anglophones originaires du Nord-Ouest. Un soulèvement dont le défunt est accusé d'être l’instigateur.

D'après des informations recueillies auprès des populations et du poste de gendarmerie de la place, tout a commencé jeudi soir dans un débit de boisson au V2 b, baptisé « club des cadres ». Une vive altercation entre Ebogo et Kaolo Djapssa, deux éléments de la société de gardiennage Africa Security, a dégénéré. Pendant la rixe, Djapssa pompe du gaz lacrymogène sur son collègue qui l'esquive. La substance atteint plutôt un jeune anglophone (dont on n’a pas pu obtenir le nom) qui prenait un pot avec ses frères. La réaction des siens est prompte, mais pas belliqueuse. La victime est conduite au poste de gendarmerie. Ici, le gendarme en faction demande de laisser passer un moment afin que la douleur du gaz s'estompe, lorsqu’arrive Eguina, tout bouillonnant de colère. "Il ne voulait rien entendre.

Pour lui, il fallait donner une leçon aux agents d’Africa Security. Il est allé acheter du carburant dans l'intention d'incendier la base d'habitation des agents de sécurité", informe un mototaximan, qui a requis l’anonymat. Il est alors 22 h, quand Koum Enguina et sa bande se rendent à la base d’Africa. Mais, ils y rencontrent une résistance des vigiles. Une échauffourée se déclenche. « L'auteur de cet affront a reçu d'un gars de sa bande un coup de latte violent qui visait mon élément.

Bien que c'est eux qui nous ont attaqués, nous l'avons quand même rapidement transporté à l'infirmerie catholique d'à côté », déclare Paul Egeune Ngan Bikop, chef de base Africa Security. Ses propos sont confirmés par André Tayomnou, chef du quartier v2b, qui ajoute que « vers minuit, la victime a enlevé la perfusion qui lui était administrée, voulant repartir se battre. Mais subitement, il s'est mis à vomir du sang, et sur ordre du sous-préfet d'Edéa Ier, qui venait d'arriver sur les lieux, il est évacué à l'hôpital régional d'Edéa.

Malheureusement, là-bas, il décède au petit matin ». L'annonce de son décès tôt le vendredi tombe comme un couperet pour les Essimbi (une ethnie du Nord-Ouest majoritairement présente à la Ferme suisse), qui décident de venger la mort d’un des leurs. Déterminés à en découdre avec les agents de sécurité qu'ils accusent d'avoir ôté la vie à leur frère, ils s’arment de gourdins, haches, machettes et vont incendier et piller les maisons d'habitation des vigiles, agressant au passage chaque gardien rencontré.

C'est ainsi que l'agent Bouba Metod, commando à Africa Security, originaire de l'Extrême-Nord, succombe, suite à cette expédition punitive. Grâce aux gendarmes et militaires venus en renfort d'Edéa, un certain Sigui Ngaf Kreo, agent de sécurité que les vandales s'apprêtaient à passer à tabac dans les plantations, aura la vie sauve.

Sur ordres du préfet de la Sanaga maritime, arrivé sur place vers midi, une perquisition par maison est faite. 42 personnes sont interpellées et transportées à la compagnie d'Edéa. Aux dernières nouvelles, dix ont été remises en liberté samedi après-midi et 32 sont encore gardées à vue pour exploitation.