Le président régional de l’association Communes et villes unies du Cameroun (CVCUC) tire la sonnette d’alarme. L’installation d’Etienne Christian Bindi Bindi comme le tout premier chef de l’agence régionale de l’état civil de l’Est, le 1er décembre dernier à Bertoua, était l’occasion d’avoir une idée exacte de la densité de la fraude documentaire qui se déroule dans cette partie du pays.
En effet, dans son mot de bienvenue à Abdoulaye Adjiali Boukar, directeur général adjoint du Bureau national de l’état civil du Cameroun (BUNEC), Olivier Cromwell Bembell D’Ipack, maire de la commune de Bertoua 1er, par ailleurs président régional de la CVCUC, a été clair. « On ne sait plus qui est qui à cause de notre système d’état civil. Les mairies sont devenues des quincailleries de fabrication de faux actes d’état civil », a-t-il déclaré, en affirmant que cette fraude généralisée est due à la situation frontalière de la région de l’Est avec la République centrafricaine et le Congo-Brazzaville.
Situation qui fait d’elle « une région vulnérable à la braderie des actes d’état civil ». Pour Me Olivier Cromwell Bembell D’Ipack, qui est également avocat au barreau du Cameroun, « le BUNEC doit sortir de l’inertie et équiper les centres d’état civil de l’Est de registres et d’ordinateurs pour l’informatisation de ces documents ».
Dans sa conclusion, Me Olivier Bembel a affirmé que « le BUNEC et les communes sont dans un mariage monogamique où le divorce n’est pas toléré pour la préservation de l’état civil camerounais ». Le constat fait vendredi dernier par Me Olivier Bembel n’est pas nouveau. Déjà, en 2012, cette suspicion avait été portée sur la place publique par l’honorable Kombo Gberie, vice-président à l’Assemblée nationale, lors d’une réunion d’évaluation de la campagne d’appui aux inscriptions sur les listes électorales à Bertoua. Le député RDPC de Garoua Boulaï avait fait des révélations sérieuses et troublantes. « De Mandjou à Garoua-Boulaï, les réfugiés centrafricains sont en train de s’inscrire sur les listes électorales ».
Affairisme
Son allégation s’appuyait sur le fait que certains réfugiés centrafricains auraient obtenu la nationalité camerounaise alors que d’autres auraient également obtenu frauduleusement des cartes nationales d’identité. A ce jour, cette menace est devenue plus évidente, vu le nombre de réfugiés centrafricains actuellement installés à l’Est. Selon les chiffres de la sous-délégation du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Batouri, la région de l’Est abrite 152.058 réfugiés centrafricains installés dans les départements du Lom-et-Djerem et de la Kadey. A cela, s’ajoute l’affairisme de certains magistrats municipaux qui ne lésinent sur aucune occasion pour vendre les actes civils camerounais à vil prix. On se souvient à ce sujet que lors de l’élection présidentielle de 2011, la gendarmerie avait ouvert une enquête au sujet de la vente de ces actes dans les localités frontalières de l’Est.
Comme recommandation principale, le DGD du BUNEC a demandé au premier chef de l’agence régionale de diminuer la fraude documentaire en matière d’état civil.