Actualités Régionales of Tuesday, 19 July 2016

Source: cameroon-info.net

Extrême-Nord: Une marche de soutien à l'armée

Marche de soutien à l'armée Marche de soutien à l'armée

Visiblement, il n’y a pas que le Gouvernement qui trouve biaisé le dernier rapport d’Amnesty International concernant la lutte contre Boko Haram. L’ONG a publié mi-juillet 2016 un rapport dans lequel elle dénonce de graves violations des Droits de l’Homme dans la guerre que se trouve obliger de livrer l’armée camerounaise contre le groupe terroriste à l’Extrême-Nord du pays.

Amnesty regrette notamment des cas de torture, d’exécutions sommaires ou encore de procès bâclés des personnes soupçonnées d’appartenir à Boko Haram. L’armée est la principale cible de ces accusations.

Les conclusions dudit rapport provoquent également des réactions d’indignation du côté des populations victimes au quotidien des attaques de la secte. Dans son édition en kiosque le 28 juillet 2016, L’Œil du Sahel donne la parole à quelques-uns. Ces réactions, sans doute bien sélectionnées, sont unanimes pour condamner le rapport de l’ONG.

Pour Mey Ali, président OS-Civil Droits de l’Homme, une organisation basée à Kousseri dans le Département du Logone et Chari, Amnesty «est une organisation sérieuse, qui a sa méthodologie de travail, qui est dans son rôle et qui fait grandement avancer la cause des droits de l’homme. Mais aujourd’hui, quand j’échange avec des gens, ce que je perçois chez eux, c’est de l’incompréhension. Ils nous pointent du doigt, nous, défenseurs des droits de l’homme, comme des soutiens des terroristes qui cherchent à décourager les forces de défense et de sécurité dans la guerre qu’elles mènent contre les terroristes. Ils nous disent, si les militaires baissent les bras, j’espère que vous aurez au moins la décence de venir nous protéger», affirme-t-il.

Mahamat, un habitant du quartier Ndjiabouniba à Fotokol, renchérit: «J’ai perdu plusieurs membres de ma famille le 4 février 2015, lors de l’attaque qui a fait 143 morts ici, à Fotokol. Je suis à présent un homme inutile, un père de famille irresponsable puisque je n’ai pu protéger les miens de ces terroristes. Mais si mes autres enfants que vous voyez là-bas sont encore en vie, c’est grâce à l’armée. Nous avons connu ici, aussi, trois attentats kamikazes. Un grand nombre ont été déjoués. Et je peux vous rassurer que c’est l’interpellation et l’exploitation des adeptes de la secte qui ont permis aux forces de sécurité de glaner des informations et d’avoir une longueur d’avance sur les terroristes. Il est difficile de lutter contre le terrorisme avec les moyens classiques, et c’est pourquoi il faut saluer le travail de ces gens-là».

A Mora, le président des comités de vigilance de la ville se dit lui aussi ulcéré par les critiques à l’endroit de l’armée camerounaise. «Vous savez, quand j’entends des critiques sur le travail de l’armée, j’ai envie de pleurer. Je sais que ceux qui le disent n’ont pas la moindre idée des terroristes de Boko Haram. Ils ne savent pas de quoi ils sont capables. Même pas un peu. Quelqu’un qui prend une femme enceinte, la viole, avant de lui tirer dessus ou même de l’égorger sans aucun remord, que signifie pour lui droit de l’homme ? A leurs yeux, une mouche a plus de valeur qu’un être humain. Parlez-moi du droit des mouches et je serai attentif, mais, si ce sont les droits de ces barbares, laissez-moi poursuivre mon chemin. Nous disons même que l’armée exagère, à trop vouloir traiter ces terroristes comme des gens normaux. On les nourrit, on les soigne, l’armée dépasse même les bornes de la bonté», tempête Mohamed Ahmed.

Le rapport d’Amnesty a également fait réagir à Maroua, déjà victime de deux attentats terroristes. Si le Directeur de l’École Normale Supérieure de Maroua reconnait que l’ONG est dans son rôle d’alerter pour le respect des droits humains, Pr Saïbou Issa soutient cependant que «les Forces de défense et de sécurité, en tant qu’acteurs clés, doivent être soutenues sans équivoque pour rester concentrées».