Le capitaine Hamadjam Hamadjam est suspecté d'être le chef du gang qui écume le département depuis 2015.
La nouvelle a fait l'effet d'un tremblement de terre dans le commandement des forces de maintien de l'ordre. Le capitaine Hamadjam Hamadjam, commandant de la compagnie de gendarmerie du département du Mayo Tsanaga a été relevé de ses fonctions en pleine nuit du mercredi dernier. « Peu avant 20h, deux gendarmes sont arrivés à son domicile d'astreinte et lui ont demandé de faire son sac. Il est entré chez lui et est ressorti avec un sac à dos. Il est entré dans la voiture de ses visiteurs qui l'ont amené », raconte un témoin.
Les deux hommes faisaient en fait partie d'une mission «envoyée par le haut commandement», selon nos sources. Ladite mission a procédé à son remplacement par un capitaine du groupe d'escadron (le capitaine Onana). Une fois cette formalité remplie, les officiers de la légion de gendarmerie de l’Extrême-Nord qui la constituaient ont mis le capitaine Hamadjam Hamadjam aux arrêts et l'ont ramené avec eux à Maroua où ils l'ont déposé à la prison centrale. Selon des indiscrétions de la mission, le capitaine Hamadjam Hamadjam est soupçonné d'avoir commandité les braquages en série perpétrés dans l'arrondissement de Mokolo notamment.
«Un membre du comité de vigilance de la ville avait déclaré que lors d'un braquage il avait reconnu un gendarme. Surpris, le gendarme a hésité à tirer sur le vigile. C'est alors que le vigile qui connaît très bien le capitaine Hamadjam Hamadjam a entendu sa voix ordonner à son subalterne : "Abats-le, tire sur lui ! », révèle une source. Selon elle, le vigile a pu se sortir de ce mauvais pas.
Il a relaté les événements. Ses propos sont parvenus à la légion de gendarmerie de l'Extrême-Nord. Ils sont venus s'ajouter aux nombreuses plaintes des populations et aux dénonciations faites par la presse notamment dans ses colonnes. Une enquête a été commandée par "la présidence de la République". Le commandant de la légion de gendarmerie de l’Extrême-Nord, le colonel Dambouka la dirigeait. Très vite ils ont établi que les braqueurs se servaient d'armes de guerre.
Ces armes et munitions de l’armée ont été trouvées sur les lieux des braquages. Les limiers ont resserré l'étau de leurs recherches sur les gendarmes de la compagnie. Certains auraient craqué lors des interrogatoires menés par leurs collègues. «Acculés par les preuves réunies par les enquêteurs, un gendarme s'est écrié : « Je ne peux pas mourir seul ». Avant de lâcher le nom du capitaine Hamadjam Hamadjam, son commandant de compagnie », explique notre source.
Selon elle, d'autres arrestations devraient avoir lieu dans les heures qui ont suivi l'arrestation du commandant de compagnie. Depuis le mois de septembre2015, 36 braquages ont été recensés dans le département du Mayo Tsanaga. Les commerçants de la ville de Mokolo en étaient les principales cibles. Ils étaient détroussés voire assassinés. De nombreux témoignages dénonçaient les forces de défense. Six militaires des détachements de Mabass et Tourou, suspectés de faire partie du gang, ont été arrêtés et sont en cours de jugement.
Un détachement de fusiliers de l'air avait été démonté par le haut commandement parce qu'on soupçonnait ses éléments d'être les auteurs de ces casses. La situation était devenue invivable pour les populations d'autant que le département du Mayo Tsanaga est l'un des trois départements de la région de l'Extrême-Nord où sévit le plus Boko Haram.