Actualités Régionales of Tuesday, 29 September 2015

Source: l'Oeil du Sahel

Guerre ouverte entre le lamido et le gouverneur à Ngaoundéré

Photo utilisée juste a titre d’illustration Photo utilisée juste a titre d’illustration

La guerre que se livrent depuis quelques années le lamido de Ngaoundéré et le gouverneur de l’Adamaoua n’est plus à fleurets mouchetés. La célébration de la Tabaski ce 24 septembre, a donné l’occasion aux populations de Ngaoundéré de s’en rendre compte.

Contrairement aux habitudes consacrées dans la région, le gouverneur Abakar Ahamat et le lamido de Ngaoundéré Mohamadou Hayatou Issa, tous musulmans, ont choisi de faire leur prière à deux endroits différents. Le lamido était au champ de prière tandis que le gouverneur a fêté le sacrifice de l’Aïd el Kebir dans une mosquée sise à Bamnyanga.

Une situation qui fait les gorges chaudes dans la ville de Ngaoundéré, mais qui est loin d’être fortuite. En effet, il y a plus d’un mois, le gouverneur Abakar Ahamat a adressait une correspondance au préfet, lui demandant de proposer au lamido de multiplier les sites de prière le jour de la fête du mouton, compte tenu de la situation sécuritaire qui prévaut.

Jusqu’au 22 septembre dernier, le lamido n’avait daigné répondre à la préoccupation de l’autorité administrative. Aussi ,Abakar Ahamat a-t-il donc décidé ce 24 septembre d’aller accomplir ce pilier de l’Islam dans la mosquée du quartier Bamnyanga.

Par téléphone arabe, le lamido Mohamadou Hayatou Issa va vite apprendre que le gouverneur prie dans une mosquée de Bamnyanga. L’autorité traditionnelle choisit de répondre par média interposé à l’autorité administrative. Un communiqué radio déposé à la station régionale de la Crtv.

«En dehors de la grande mosquée du lamidat et du champ de prière où les fidèles musulmans avaient l’habitude de célébrer les fêtes religieuses, la mosquée du feu El hadj Garou vient aussi de s’ajouter. Par ailleurs, les fidèles musulmans désirant célébrer leurs prières religieuses au sein de ladite mosquée seront les bienvenus», peut-on lire dans ce communiqué radio du 23 septembre 2015.

«Connaissant leur passé, le lamido a volontairement fait de ne pas ajouter la mosquée où le gouverneur allait prier le jour de la fête du mouton. C’est une manière de dire que c’est lui l’autorité religieuse et que c’est lui qui donne le tempo dans la ville de Ngaoundéré, pour ce qui est de la religion musulmane.

Dans tous les cas, c’est une situation lamentable pour des personnes que nous prenons pour exemple», déplore Souley, un fidèle musulman. En tout cas, dans la ville de Ngaoundéré, il est de notoriété publique que le courant ne passe pas entre le gouverneur Abakar Ahamat et le lamido de Ngaoundéré Mohamadou Hayatou Issa. Le N°1 de la région de l’Adamaoua n’apprécie pas toujours certaines pratiques du lamido.

«Vous savez que, chaque fois, les gens vont se plaindre chez le gouverneur que le lamido a arraché leurs terres. Cette manière de se comporter vis-àvis de ses sujets irrite le gouverneur. Le lamido a envenimé les relations quand il a choisi de construire une de ses résidences dans un domaine privé de l’Etat, situé juste en face de la Crtv.

Le gouverneur avait alors pris cet acte comme un défi personnel à lui lancé par le lamido. Jusqu’à ce jour, le climat est tendu entre les deux hommes», relate un fils de Ngaoundéré qui a bien voulu garder l’anonymat par peur des représailles. L’autorité traditionnelle et l’autorité administrative masquaient très souvent leur «guerre froide» dans des cérémonies officielles.