Les populations déplacées dans la zone du port en eau profonde se plaignent de la maigreur de la contrepartie perçue.
Les travaux de construction du port en eau profonde de Kribi, dans le département de l’Océan, région du Sud Cameroun, sont à leur fin. L’inauguration imminente de l’ouvrage s’annonce d’ailleurs dans l’opinion ici et là. Ce pendant que les problèmes surgissent chaque jour dans la population riveraine. De part et d’autre de l’ouvrage sont égrainés des chapelets de griefs.
Des malaises qui affectent encore les populations des différents villages. C’est le cas de Mboro, un village des Baka Bagyeli. Ceux-ci vivent dans des cases faites de matériaux provisoires. Déguerpis de leur village suite à une expropriation pour cause d’utilité publique.
Sur ce site qu’ils occupent depuis 2011 suite parce que la société chinoise Chec devait exploiter la carrière de gravier non loin du campement où ils vivaient, les Bagyeli ne se sont plus adapter à une vie digne de ce nom. En dehors de la compensation au rabais (trois maisons en planches et une somme de 300 000Fcfa, comme indemnité reçues) versée comme l’avoue le chef Mabali Roger, la modification de leur biotope est un problème crucial. Et leurs enfants en prennent un coup. Parce qu’entourées de grosses fosses dangereux les enfants Bagyeli ne peuvent pas organiser librement leurs jeux à côté des maisons comme ils en avaient l’habitude auparavant.
Une fois le jour levé, à cause des trous non bouchés qui rende leur environnement accidenté, ils disparaissent et rentrent dans la forêt, à des centaines des mètres du campement, abandonnant leurs parents seuls. Des parents qui ont du mal à trouver leur ration alimentaire parce que la forêt s’est éloignée considérablement de leur milieu. Ils ne peuvent plus aisément récolter les fruits et les plantes médicinales pour se soigner, l’âge et la mauvaise forme rendent l’accès à la forêt très difficile.
Hors de leur biotope habituel, les Bagyeli ne savent plus quoi faire dans cette clairière qui na rien à voir avec leur forêt naturelle où assez souvent loin des regards étrangers, ils s’épanouissent dans leur chasse et leur cueillette. Conséquence, leur milieu de vie s’apparente à une porcherie. Un trou traversé par deux petits piquets tient lieu de toilettes. Pas d’intimité pour le candidat à la défécation dans cet espace. Puisque ni le vieux sac blanc, ni les bouts de plastiques noirs utilisés comme murs ne le mettent loin des yeux des passants ou de ceux qui s’abreuvent dans le hangar qui joue le rôle de buvette. Une buvette qui ne ferme ses portes à personne. A condition de respecter l’une des instructions consignées sur les murs : « pas de crédit.»
Accès à la mer
L’école, les enfants ne la connaissent pas ici. Missionnaire de l’Eglise fraternelle luthérienne, Danielle Larroca consacre son temps à la formation de la dizaine d’enfants de ce campement récréé. Elle se déplace avec une équipe de fidèles de cette église. Mais assez souvent ne trouvent pas les enfants en place.
Une fois hors de ce village, de l’autre côté de la route, l’on observe des cases bien bâties (en matériaux définitifs). C’est ici qu’ont été réinstallés les peuples bantous expropriés eux aussi dans le cadre du même projet. En dessous, ce luxe qui montre l’inégalité dans le traitement des populations Bagyeli et bantou ne symbolise aucunement une quelconque quiétude dans la communauté batanga. D’ailleurs, pour ce faire, cette communauté ne se presse guère d’occuper les habitations. Ça-et-là, l’on crie à la mafia.
Il avait été décidé que le recasement se fera par famille pour une surface de 1500m2 chacune, équivalent à ce qui a été désigné comme un toit. Ce que certains ne trouvent pas juste. Ils disent avoir perdu plus d’un toit sur le site cédé pour la construction du port en eau profonde. Des étrangers ont des parcelles sur le nouveau site de recensement sans compter des noms fictifs qui se retrouvent sur les listes. Le traitement des réservé aux restes des parents exhumés sur le site du port n’a pas été fait dans le respect des droits à eux dus. Les exhumations et les inhumations dans un nouveau cimetière sur le site de recasement ont eu lieu en l’absence des proches. Comme les Bagyelis, cette communauté a peur du lendemain ; se demandant toujours sir elle aura encore accès à la mer comme par le passé. La pêche étant ici la principale activité génératrice de revenus.