C’est un-gros pavé que l’édile de la commune d’arrondissement de Kribi II, a tenu à jeter dans la mare le vendredi 14 août courant. Une date qui a vu l’esplanade du marché de Dombè transformée en place des fêtes le temps d’une cérémonie de passation de commandement, drainée une foule immense.
Une affluence peu ordinaire comme le montrait clairement la présence sur les lieux du préfet Antoine Bisaga qui avait non seulement à ses cotés les Sous-préfets sortant et entrant du jeune arrondissement de Kribi II mais également bon nombre de ses collaborateurs départementaux. En somme des autorités locales que le maire Guy Emmanuel Sabikanda va plutôt embarrasser à travers son allocution qui a vite pris les contours d’une plaidoirie chargée d’accusations.
Des accusations que ce magistrat municipal va formuler en ces termes : «La loi foncière en ce qui concerne les immatriculations directes est sans cesse bafouée ici avec la complicité de l’administration… com - ment une personne née dans les années 60 peut-elle recourir à une immatriculation directe qui suppose une mise en valeur des terres avant le 05 aout 1974 ?». L’élu local va enfoncer le clou en soulignant à grands traits quelques fâcheuses conséquences de ces malversations foncières dont l’administration se rend complice dans sa commune en général et à Dombè son chef-lieu en particulier.
Quiproquo
Un chef lieu où comme le décriera cet orateur prolixe, il aura quasiment été impossible de construire la nouvelle sous-préfecture faute de terrain. Un fait incompréhensible quand on sait qu’une réserve foncière avait été constituée dans ledit quartier. Réserve où par contre des maisons d’habitation ont poussé comme des champignons et dont les propriétaires brandissent des titres fonciers obtenus sur la base des immatriculations directes.
Un exemple qui est également en train de faire tache d’huile du coté du village Londji où une autre réserve foncière est sur le point d’être bradée par des individus sans foi ni loi. Braderie qui se fait bien entendu avec l’onction des services déconcentrés des domaines, du cadastre et des affaires foncières logés dans l’Océan. Services dont la hiérarchie sur le plan national n’a pas toujours facilité la tache au patron de l’exécutif communal de Kribi II.
En effet, le maire Sabikanda a été trainé devant les tribunaux il y a quelques années par un operateur économique de sa commune qui s’est arrogé une partie de la plage municipale en brandissant un titre foncier où aucune coordonnée n’est précisée. Des cas que le patron du département de l’Océan connait bien, lui qui a toutes les peines du monde pour faire respecter les emprises maritimes.
Des bordures de mer où plusieurs hautes personnalités se sont installées confortablement en construisant en matériaux définitifs et plus grave encore en refusant de verser les redevances y relatives aux services compétents. Une triste réalité qui n’a pas pour autant empêché l’autorité préfectorale de remettre au nouveau chef de terre une feuille de route où le règlement des litiges fonciers occupait une place de choix.
A ce sujet justement, l’administrateur civil principal chevronné Ungitoh Zacharie Cheikoh, a déjà grâce au maire, une petite idée de l’immensité de la tache qui l’attend. Sa tutelle locale va egalement le prévenir à travers ces phrases qui en disent long : «On ne commande pas à Kribi comme on commande à Nanga-Eboko…Vous avez du pain sur la planche… Si vous ne savez pas nager, ne vous jetez pas dans l’Océan».
Des petites phrases préfectorales qui ont poussé plusieurs observateurs avertis à se demander si le sous-préfet fraichement installé pourra réussi là où ses deux prédécesseurs ont eu du mal à garder la tête hors de l’eau. Seul l’avenir nous le dira tout comme la réponse à la question de savoir si la justice sur le plan local saura rester au dessus de la mêlée de ces malversations foncières qui ont fait leur lit dans l’Océan depuis belle lurette.
Juge et partie ?
Le quartier Afan-Mabe avec ses 64 hectares de superficie qui s’étendent sur 17 blocs est l’un des plus grands et des plus cosmopolites de l’arrondissement de Kribi II, vieux de 8 ans seulement. Un modèle de brassage des peuples où la paix sociale est malheureusement menacée depuis de longs mois. La faute au révérend pasteur Emmanuel Mana Saguiga qui menace sans cesse de jeter dans la rue des dizaines de paisibles familles qu’il accuse d’occuper illégalement ses terres.
L’homme de Dieu de l’église protestante africaine soutient sa démarche avec une grosse et un certificat de propriété d’une superficie de 22 hectares. Des documents qui stipulent que le révérend Mana a reçu ce terrain en héritage de M. Pierre Bokally ceci par jugement N0 007/PD/96-97 rendu le 11 octobre 1996 par le tribunal de première instance de Kribi. Une juridiction dont les archives du greffe alloue plutôt à une affaire de rupture abusive de fiançailles, la référence ci-dessus.
Une incohérence notoire qui laisse croire à plus d’une personne avisée que le ministre de culte en question aurait bénéficié de certaines complicités internes pour se faire établir ladite pièce. Un avis qui semble d’ailleurs prospérer auprès de sa majesté Roger Mekoundé, chef du quartier Afan-Mabe. Une tête couronnée qui s’est engagée auprès de ses populations, à oeuvrer sans relâche pour faire triompher la justice dans cette affaire.
Seulement pour l’heure la balle est dans le camp des magistrats de Kribi qui ont sur leur table plusieurs procédures civiles et pénales de ce que d’aucuns ne se font plus prier pour qualifier de affaire Mana Saguiga. Affaire qui n’a certainement pas fini de faire couler encre et salive dans le chef lieu du département de l’Océan en proie plus que jamais à une pression foncière.