Actualités Régionales of Monday, 21 September 2015

Source: L’Oeil du Sahel

Le lamido de Tcheboa condamné à deux ans de prison ferme

Le lamido de Tcheboa condamné à deux ans Le lamido de Tcheboa condamné à deux ans

Il a été condamné à Garoua pour des maltraitances sur un paysan.

L’affaire fait grand bruit à Ngong dans le département de la Bénoué. Le 26 août 2015, le tribunal de grande instance de Garoua a condamné sa majesté Moussa Aboubakary, le tout-puissant lamido de Tchéboa, à 2 ans de prison ferme.

Peine assortie d’une amende de 500 000 F.CFA et de 89 251 Fcfa de dommages et intérêts. De même, la décision judiciaire a arrêté une contrainte par corps de 18 mois dans le cas où le condamné ne s’acquittait pas des amendes à lui infligées par le tribunal.

La sentence rendue par le juge Ismaïla, président du tribunal de grande instance de Garoua, donne ainsi raison à Gouma Damga, un paysan du village Mafa-Tchéboa, qui accusait l’homme fort de Tchéboa de meurtre, arrestations et séquestration arbitraire.

Bien qu’acquitté de l’accusation de meurtre, Moussa Aboubakary qui cumule 32 ans de trône sans partage, sera néanmoins reconnu coupable de séquestration arbitraire et arrestation illégale. Des infractions qui ont permis au collège des juges de lui infliger une peine de 2 ans de prison doublée d’une amende de 589 251 Fcfa.

Dans la foulée de sa condamnation, un mandat d’arrêt a été émis à l’audience contre le lamido de Tchéboa. Mais celui-ci est jusqu’ici sans effet puisque Moussa Aboubakary coule toujours des jours paisibles dans son palais. Est-ce une défiance à l’égard du pouvoir judiciaire ?

En tout cas, tout au long de ce procès, le chef traditionnel ne s’est pas jamais montré particulièrement respectueux de l’institution judiciaire. Il a posé comme condition de sa venue au tribunal, que le procès se déroule à huis clos. Pis, il n’a pas daigné se faire représenter par un avocat, laissant le tribunal se débrouiller.

Aussi, sa condamnation a été rendue par défaut, bouclant ainsi un feuilleton judiciaire de trois ans. «Le verdict rendu par le tribunal prouve qu’un chef traditionnel n’est pas au-dessus de la loi. Pour ce qui est de l’exécution de sa condamnation, nous sommes convaincus que la décision sera appliquée jusqu’au bout. Un jour viendra où il purgera sa peine comme tout le monde», a indiqué un membre de la famille de Gouma Damga.

En tout cas, le moins que l’on puisse dire est que le lamido de Tchéboa, Moussa Aboubakary, l’un des chefs traditionnels les plus craints du Grand-Nord, se trouve aujourd’hui dans une mauvaise posture. «Il s’est illustré au fil des ans par des pratiques inhumaines qu’il inflige à ses populations. Cela englobe les pratiques de tortures, les violences et les séquestrations arbitraires.

Jusqu’ici, l’on fermait les yeux, mais les temps sont en train de changer», explique une autorité administrative de la Bénoué. Du côté des populations de l’arrondissement de Tchéboa, les sentiments sont partagés. Pour certains, il est temps que le lamido paie pour toutes les exactions commises depuis 32 ans que dure son règne. «En 2002, on se rappelle que le lamido avait été condamné pour tortures et violences.

Mais jusqu’ici, je ne pense pas qu’il ait purgé sa peine», nuance toutefois Ousmanou, commerçant à Ngong, et qui ne voit pas le lamido derrière les barreaux à court terme. Pour d’autres, l’incarcération du lamido serait tout simplement un mauvais signe à l’endroit des chefferies traditionnelles du Nord.