Actualités Régionales of Wednesday, 12 August 2015

Source: Mutations

Transport en commun : Le badge d’identification ne fait plus courir

Taxi Taxi

Ils sont nombreux, les conducteurs de taxi qui parcourent la ville alors qu’ils ne sont pas en possession du document recommandé.

Contrefaçon ou véritable badge d’identification ? Estelle Kousso ne le saura jamais. Pourtant, c’est la seule chose que cette dernière avait pu remarquer lors de l’agression dont elle a été victime en février dernier à Yaoundé. La pauvre raconte qu’en allant faire des courses pour une de ses sœurs qui devait se marier les jours qui suivaient, elle stoppe un taxi au «Carrefour banane» au quartier Mendong, à Yaoundé, pour le centre-ville. La dame, quinquagénaire, a été baladée tête baissée pratiquement dans toute la ville.

Ses ravisseurs vont la déposer dans les buissons à quelques encablures du «Carrefour golf». Estelle Kousso affirme : «J’avais la tête appuyée entre mes jambes durant tout le trajet. Il m’arrivait de temps en temps de lever les yeux et la seule chose que j’avais gardé en mémoire c’était le badge du conducteur. Lorsque je suis allée signaler cette agression à la police, les seules informations précises que j’avais ne concernaient que ce fameux badge».

Parlant de badge d’identification, en zone urbaine, voilà déjà un moment que certains taximen ne possèdent pas le sésame qui donne droit à l’accès aux routes. Chez certains, on retrouve l’ancien badge. Tandis que chez d’autres, à un bout du rétroviseur, on aperçoit une attestation de dépôt délivrée par le ministère des Transports (Mintrans).

Il se pourrait que tout conducteur de taxi, après la présentation du permis de conduire et de la capacité doive s’acquitter d’une somme de 5.000 Fcfa pour avoir ce badge dont la validité est de cinq ans. Pour Alain Takoujo, détenteur d’une attestation de dépôt depuis mai 2015, «le problème pour mon badge c’est la capacité que le Mintrans tarde à me délivrer. Et en plus, on dit que cet outil ne coûte que 5.000 alors qu’elle coûte environ 10.000 Fcfa. Dès qu’on va me donner ma capacité, je vais me faire un badge normal ».

Njoumeni Mama, lui aussi taximan a une version similaire à celle de son collègue. «Tous les conducteurs qui n’ont pas de badge ont pratiquement le même problème, celui de la capacité. Lors de la constitution du dossier, s’il y a une pièce non enregistrée ou une pièce dont le numéro ne correspond pas au vôtre lors du contrôle au Mintrans, votre capacité ne sortira pas». Les contrevenants sont donc tenus de refaire ledit dossier, synonyme de nouvelles dépenses.

Au Syndicat national des conducteurs des transports urbain, interurbain et routier du Cameroun (Synactuircam), au-delà de tout soupçon et des propos tenus par les uns et les autres, c’est tout autre chose. Des cartons de badges n’attendent que le retrait de leurs propriétaires. Patrice Samen, président national de ce syndicat affirme que «beaucoup de conducteurs sont soit des aventuriers, soit des enfants. Lors du dernier contrôle de badge en mai dernier, nous avons eu droit à un véritable harcèlement venant des taximen. Ils attendent qu’un nouveau contrôle soit annoncé pour revenir chercher les badges».