Les mondialistes ont été battues aux tirs aux buts hier au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, par des adolescents qui ont tout mis en oeuvre pour brûler la politesse à leurs aînées. Yaoundé est un moment d’extrême concentration.

De leur banc de touche, plusieurs se serrent les unes contre les autres, ses tapotent, se réchauffent. Elles sont tout aussi en sueur que celles qui se sont installées dans le rond central pour attendre le moment d’aller tirer.

La tension est perceptible sur les visages, aucune des joueuses retenues pour ce match amical contre les cadets d’Apejes de Mfou, un club de la Ligue 1, ne veut faire piètre figure. « On dirait un match de Coupe du Monde », s’exclame Jean Manga Onguéné, le directeur technique national venu regarder le spectacle. « Je suis leur premier fan », poursuit l’ancien Lion Indomptable, qui a regardé les 90 minutes de la rencontre debout, près du banc de touche des Lionnes.

Victoire

Le ballon d’or africain (1980) est crispé quant Ndjolle Ngondja, la première tireuse des Lionnes manque son tir, précipitée et apeurée qu’elle est. Mais son sourire revient lorsque le premier tireur d’Apejes de Mfou rate son tir à son tour. Mieux, quand Christine Mani marque le deuxième tir des Lionnes, Jean Manga Onguéné manifeste sa joie par un large sourire. Il est encore plus heureux quand Yvonne Leuko marque encore pour les Lionnes.

Le score est alors de deux buts partout. Mais, l’euphorie qui anime l’ancien joueur de Canon de Yaoundé sera aux talons quand, au terme de cette séance, ce sont les cadets d’Apejes qui lèvent les mains en signe de victoire, après avoir dominé leurs soeurs aînées sur le score de quatre tirs aux buts contre trois.

Avant cette séance de tirs aux buts demandée par Carl Enow Ngachu, les deux équipes se sont tenues durant les 90 minutes du temps réglementaire. Elles se sont quittées sur le score de deux buts partout. « J’ai demandé les tirs aux buts parce que je voulais que mes joueuses s’exercent. Au match retour contre le Ghana, si nous terminons le match sur le score d’un but partout, nous irons aux tirs aux buts et il faudra s’être entraîné pour cela. Je souhaitais que mes joueuses s’habituent et j’ai commencé à voir qui peut bien tirer », a dit Carl Enow Ngachu.

Les Lionnes auront couru après le score durant toute la partie, à cause de Thierry Ketchaso, le joueur de 16 ans qui a marqué deux buts en première mitemps. Le numéro 10 d’Apejes s’est, à chaque fois baladé dans la défense des Lionnes avant de tromper Annette Flore Ngo Ndom, la gardienne de buts de l’équipe nationale féminine.

Aboudi et Enganamouit ont manqué

Et, si les cadets d’Apejes ont gagné la première mitemps par deux buts à zéro, ce n’est pas faute de répondant en face. C’est juste que Ngono Mani n’était pas très épaulée en attaque ; le milieu des Lionnes était très poreux. En bon tacticien qu’il est, Carl Enow Ngachu a fait partir Christine Mani de la défense pour le milieu de terrain. Ce changement a fait beaucoup de mal à Apejes, parce que la joueuse ne laissait rien passer. C’est d’ailleurs grâce à son soutient qu’Akaba Edoa et Thérèse Abena ont égalisé les buts.

Pour Jean Manga Onguéné, les Lionnes ont montré leur capacité à réagir au cours de ce match. Mais, ceci peit donner des sueurs à ceux qui les ont vues jouer lors de la dernière Coupe du Monde : les Lionnes ont toujours été menées au score et ont essayé de revenir, en dehors du match contre l’Equateur. Cette façon de faire n’a pas eu d’effet lors de leur dernier match contre la Chine.

Mais, pour certains fans des Lionnes, les absences de Gaelle Déborah Enganamouit et de Gabrielle Aboudi Onguéné (retenues par leurs clubs) n’ont pas aidé les Lionnes. Carl Enow Ngachu était du même avis. D’ailleurs, voici l’analyse du coach des Lionnes au terme de la rencontre : « Je regarde tout. Surtout l’animation du jeu sur le plan offensif et défensif. Contre les cadets d’Apejes, j’ai observé que nous avons des lacunes en défense, surtout en première mi-temps ; nous avons essayé de rectifier le tir. Le score de deux buts partout n’est pas mauvais et nous allons continuer à rectifier ce qui ne marche pas encore très bien. Nous avons encore deux jours pour travailler ».

Le Cameroun se prépare pour jouer son match retour des éliminatoires des Jeux Olympiques qui auront lieu au Brésil l’année prochaine. Au match aller, les Ghanéennes avaient réussi à obtenir un score de parité (1-1) à Yaoundé. Pour se qualifier les Lionnes devront absolument battre leur adversaire ou alors faire un match nul avec au moins deux buts pour chacune des équipes. Un score vierge (0-0) serait fatal pour les Lionnes. A un but partout, les deux équipes iraient aux tirs aux buts. Lionnes Indomptables et Black Queens se croisent samedi prochain à 15 h au Ohene Djan stadium d’Accra.

Ateba Biwolé

Le Onze des Lionnes 1. Annette Ngo Ndom 2. Christine Mani 11. Marie Aurelle Awana 15. Isis Sonkeng 4. Yvonne Leuko 8. Raïssa Feudjio 10. Ngock Yango 6. Ngo Mbeleck 9. Ngono Mani 18. Akaba Edoa Mefoumettou.

Entraîneur : Carl Enow Ngachu

Apejes cadets 1. Pierre Ewoumé 2. Souma 12. Ngongo 14. Zang 3. Zoutine 6. Noël Fombi 20. Vanouchi 8. Moulango 10. Thierry Ketchaso 11. Mebenga 9. Sodong.

Entraîneur : Jules Kamdem

Thierry Ketchaso: Le petit bourreau des Lionnes

Le joueur de 16 ans a marqué deux buts hier. Difficile d’arrêter le virevoltant n°10 des cadets d’Apejes de Mfou, au cours du match amical qui a opposé sa sélection aux Lionnes Indomptables hier au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. En première mi-temps, l’adolescent s’est suffisamment joué de ses soeurs aînées, qu’il est parvenu à tromper à deux reprises.

Pour cela, il a, chaque fois, arraché les applaudissements du très maigre public qui a fait le déplacement du stade. Je suis heureux d’avoir fait ça, parce que les Lionnes sont des joueuses expérimentées.

Quand on joue contre elles, on gagne forcément. Si en plus on marque, ça ne fait que du bien », a dit le joueur. Il a poursuivi : « Le but est quelque chose de naturel pour moi ; je marque très souvent». d’ailleurs, cette année, le milieu offensif (parfois avant-centre ou milieu de couloir) a fait parler de lui lors de la Mifi cup qu’il a disputée à Bafoussam, ainsi qu’au Tournoi Stéphane Mbia à Yaoundé.

Probatoire

Coton sport de Garoua est le club qui fait rêver le jeune joueur au Cameroun. Mais, ce fan de Lionnel Messi souhaite un jour jouer pour l’As Saint- Etienne. Espérons que l’histoire du football pourra retracer son histoire, comme celle du jeune Camerounais qui est parti du Quartier Emombo pour tutoyer le sommet de l’Europe.

En attendant, l’élève de première au lycée d’Anguissa espère que dans les prochains jours, sont nom sera clamé sur les ondes de la Crtv comme l’un des lauréats du probatoire. A. B.

“Elles se surpassent”

Jean Manga Onguéné. Le directeur technique national parle des conditions de travail.

Vous venez de suivre un match amical des Lionnes. Qu’avez-vous vu ?

J’ai vu une équipe que nous connaissons déjà, une équipe qui a toujours su tout donner quand elle se retrouve sur le terrain. J’ai vu des joueuses très aguerries qui se donnent à fond. D’ailleurs, elles viennent de le prouver ; menées deux buts à zéro, elles ont pu revenir au score contre une équipe qui savait à chaque fois les piéger.

Qu’est-ce que cela vous fait de savoir que cette équipe s’entraîne dans des conditions déplorables, alors qu’elle prépare un match d’une grande importance ?

C’est toujours difficile de travailler dans des conditions difficiles, quand on prépare des rencontres qui correspondent aux canons du sport de haut niveau. Ce n’est pas facile. Mais, le moins que je puis dire c’est que les Lionnes se surpassent et que leur staff aussi en fait autant. Ici, il faut juste travailler de manière à ne pas avoir de regret après les épreuves et toujours se dire qu’on a tout donné.

Un dernier mot ?

Malgré ces conditions de travail, elles doivent se donner à fond, afin de continuer à nous faire rêver. C’est équipe pour laquelle on a beaucoup d’espoir.