Entre manipulation de l'opinion et les vraies informations qui circulent dans cette affaire, comment faire la part des choses et démêler le vrai du faux dans les nouvelles ? Le média panafricain Jeune Afrique s'est adonné à la pêche aux vraies informations et propose le vrai du faux dans cette affaire qui fait saliver et fait couler beaucoup d'encres depuis son ouverture fin janvier.
Tout est parti d'un fichier audio
A en croire Jeune Afrique, il s'agirait d'un audio qui sèmerait le trouble dans les têtes des intéressés au dossier. « C’est un audio qui est rapidement devenu viral sur la messagerie WhatsApp. Mercredi 8 février, les Camerounais se sont réveillés en apprenant que Justin Danwe, l’homme soupçonné d’avoir piloté le commando responsable de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, s’était rétracté lors d’une confrontation avec Jean-Pierre Amougou Belinga » écrit le confrère.
Jeune Afrique poursuit en indiquant que : « Selon l’auteur de cet audio, le lieutenant-colonel Danwe aurait affirmé aux enquêteurs que son précèdent témoignage avait été obtenu sous la pression. Or c’est précisément ce témoignage qui a mené à l’interpellation le 6 février de Jean-Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires controversé et influent qu’il avait désigné comme le commanditaire de l’assassinat. C’est aussi Danwe qui, dans ses premières déclarations, avait orienté les enquêteurs vers son patron, Léopold Maxime Eko Eko – le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) avait, selon Danwe, été informé de ce qui se préparait – et vers une vingtaine d’autres personnes, soupçonnées d’être impliquées à des degrés divers. »
Alors si ce témoignage est remis en question, qu'ont les enquêteurs contre Jean-Pierre Amougou Belinga ?
La question vaut son pesant d'or car le multimilliardaire clame toujours son innocence et sa non-implication dans cet assassinat.
« Mais que vaut l’audio en question ? Il dure une dizaine de minutes et, sur les réseaux sociaux, il est attribué à Alain Nguini, avocat au barreau du Cameroun, lequel est présenté comme l’un des défenseurs d’Amougou Belinga. Joint par Jeune Afrique, l’intéressé reconnaît avoir enregistré la note vocale en question. Il précise cependant n’avoir jamais été constitué pour la défense des personnes impliquées dans l’affaire Zogo et dénonce un usage « détourné » d’un propos qui visait juste à donner « un avis froid de juriste, sur la base de ce qui circulait sur les réseaux sociaux, et donc était connu de tout le monde ».
Selon des sources proches de l’enquête, Danwe, qui est le directeur des opérations des services de contre-espionnage camerounais, n’est en réalité jamais revenu sur les propos qu’il a tenus. La reconstitution des faits évoquée dans l’audio, qui ferait suite à la confrontation entre lui et Jean-Pierre Amougou Belinga, n’avait d’ailleurs pas encore eu lieu ce 9 février au matin, les enquêteurs étant encore à la phase d’audition des derniers suspects.
Entendu au secrétariat d’État à la défense, Amougou Belinga continue en effet de démentir toute implication dans l’assassinat de Martinez Zogo. Dans la journée du 7 février, plusieurs perquisitions ont été menées, notamment à son domicile et dans ses bureaux logés à l’immeuble Ekang, à Yaoundé. Les éléments collectés seraient déjà en cours d’analyse. Les responsables de la banque Vision Finance, propriété d’Amougou Belinga, n’avaient en outre nullement fait l’objet d’arrestation à l’heure où nous écrivions ces lignes, contrairement à ce qui a été annoncé par certaines sources.
Alors que les auditions se poursuivent, la soif de justice qui anime l’opinion publique camerounaise a une nouvelle fois déclenché la machine à rumeurs. Dans une publication aujourd’hui supprimée, l’écrivaine Calixthe Beyala affirmait ainsi qu’« Amougou Belinga [avait] avoué avoir assassiné [Mgr Balla, évêque de Bafia dont le corps avait été repêché dans le fleuve Sanaga en 2017] avec les services secrets du pays et un ministre en fonction ». Jeune Afrique est toutefois en mesure d’affirmer qu’il n’en est rien et qu’Amougou Belinga n’a pour l’instant rien avoué » évoque le confrère.