Actualités of Thursday, 9 March 2023
Source: Kalara du 08-3-2023
Selon l’avocat Me Assira Engouté, le commissaire du gouvernement a pris le soin de circonscrire les faits reprochés à Amougou Belinga dans le but d’éliminer toute recherche autour.
Des infractions controversées
A peine la phase de notification des inculpations aux mis en cause s’est-elle terminée que de nombreux Camerounais ont soulevé une importante polémique au sujet des infractions visées par le commissaire du gouvernement et retenues par le juge d’instruction. Il s’agit de la torture, de la filature et de l’enlèvement, en attendant de savoir l’infraction retenue contre Bruno Bidjang, qui a été remis en liberté. Plusieurs auraient souhaité que le commissaire du gouvernement choisisse l’infraction d’assassinat, qui traduit mieux, selon eux, le caractère horrible des sévices qu’aurait subi l’animateur vedette d’Amplitude FM avant sa mort, en tout cas tel que le laissent croire les images de sa dépouille mortuaire lorsqu’elle a été retrouvée.
Selon Me Assira Engouté avocat et enseignant d’université la torture telle qu’elle a été prévue, aboutit à une qualification induisant le fait que la mort n’était pas volontaire… Moi, je pense que la mort était voulue, depuis le début. Il n’y a qu’à voir d’abord le nombre des personnes qui ont été mobilisées pour cela. Quand on veut faire peur à quelqu’un, on utilise souvent des moyens à distance, des messages ou des menaces… Mais, en l’occurrence, mobiliser autant de personnes et les tortures qu’on lui a fait subir sont des tortures létales, qui devrait conduire à la mort… Par ailleurs, quand on a tué sans l’avoir voulu, en général on s’empresse de cacher le corps. Or, là, on a voulu exposer le corps pour dire que voici ce qu’on voulait. On l’assume. Je ne suis donc pas sûr que la mort ait été accidentelle.
La deuxième chose pour laquelle je ne suis pas d’accord avec les qualifications, c’est pour la complicité. Je considère que la complicité est une infraction qui aurait pu être libellée de façon plus large, en parlant comme toujours de complicité tout court. Mais là, on a tellement ciselé l’infraction. On l’a libellée pour ne retenir que la complicité par aide. Et ça m’ennuie un peu parce que la complicité est souvent plus large que ça. Ça peut être la complicité par instruction ou par don… J’ai donc l’impression que c’est une façon d’éliminer toute recherche autour, c’est-à-dire qu’en dehors des personnes qu’on a limitativement retenues dans la procédure, il ne faut pas aller chercher au-delà, parce que les autres personnes n’ont pas donné d’aide, alors que dans la coulisse, elles ont dû donner des instructions, ou autre chose.»
Plusieurs autres avocats qui se sont exprimés sur le sujet rappellent que le juge d’instruction n’est pas lié par les qualifications de départ et que pour eux, ces qualifications initiales sont bonnes. Il reste donc à attendre ce qu’il adviendra d’ici à la fin de l’instruction.