Jeune Afrique a effectué un décryptage sur le dossier de l’assassinat de Martinez Zogo, du nom de ce célèbre journaliste enlevé et froidement assassiné il y a quelques jours au Cameroun. En ce qui concerne l’arrestation de Jean-Pierre Amougou Belinga, présenté comme commanditaire idéal de cet assassinat, Jeune Afrique livre d’autres détails.
« Les questions sont nombreuses, et l’enquête progresse. Confiée notamment au secrétariat d’État à la Défense (SED), elle a déjà conduit à l’interpellation de plusieurs dirigeants et agents de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). L’un d’eux se serait montré particulièrement coopératif. Également arrêté, Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d’affaires controversé mais influent, qui aimait afficher sa proximité avec des barons du système Biya », rappelle Jeune Afrique
« Tout a commencé par une filature. Pendant environ une semaine, un petit groupe d’agents de la DGRE, les services de renseignement camerounais, ont suivi à la trace Martinez Zogo dans le cadre d’une opération dont les contours ne semblent pas avoir été officiellement définis.Sous la direction du lieutenant-colonel Justin Danwe, directeur des opérations de la DGRE, le commando recueille un ensemble d’informations sur les habitudes quotidiennes du journaliste. Mais les agents chargés de le suivre manquent de discrétion, et laissent des traces. Martinez Zogo commence à avoir des soupçons. Il confie ses inquiétudes à plusieurs de ses proches et à des collègues – parmi eux, le journaliste Haman Mana, directeur de publication du quotidien Le Jour », précise Jeune Afrique.
« Le 17 janvier, le commando passe à l’action. Tandis que Zogo regagne son domicile après une journée de travail ordinaire, sa voiture est prise en chasse. Il est rattrapé alors qu’il cherche à se réfugier dans les locaux d’une brigade de gendarmerie, malheureusement fermés. Il est 21h30. Affaire Martinez Zogo : Maxime Eko Eko et Justin Danwe, des intouchables devenus suspects. Selon Justin Danwe, qui a été interpellé et entendu dès le 1er février au SED, le journaliste est ensuite emmené dans un immeuble en construction appartenant à l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga – bâtiment dont la localisation exacte n’a pas été communiquée. C’est là qu’il aurait été passé à tabac. Le corps de Martinez Zogo, portant de nombreuses marques de coups et de sévices, sera retrouvé cinq jours plus tard, à la périphérie de Yaoundé », pointe Jeune Afrique
Lors de l'arrestation du puissant homme d'affaire, la CRTV avait également été mobilisé pour immortaliser cet instant.