Le 13 février dernier, Paul Biya a fêté ses 90 ans dont la moitié passée aux affaires. Le plus vieux président en exercice au monde est sans doute au crépuscule de sa vie politique, entre autres. Pour cette année, la célébration de la fête est entachée par le scandale de l’assassinat de Martinez Zogo sur fond de guerre de clan pour la succession. Jeune Afrique livre une analyse sur la situation.
« Est-ce en raison de son âge, 90 printemps stupéfiants au regard de l’espérance de vie camerounaise, évaluée à moins de 60 ans ? Est-ce à cause des grandes manœuvres politiciennes et souterraines qui s’annoncent, en vue d’une succession aussi inévitable que tabou ? Ou est-ce la faute de ce parfum de scandale… Aussi festif fût-il, l’anniversaire de Paul Biya, célébré comme chaque année en grande pompe le 13 février, avait une odeur diffuse de fin de règne.Désormais seul président nonagénaire en exercice, « l’homme lion » du Cameroun est au sommet de la tour d’ivoire des chefs d’État en fonction depuis plus de quarante ans, tout juste dépassé en longévité par l’octogénaire Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Un promontoire ultime dont on ne peut qu’imaginer descendre », analyse JeuneAfrique.
« Le trompe-l’œil créé par des banderoles énamourées et l’association systématique des notions d’âge et de sagesse peuvent toujours tenter de valoriser le bilan d’un dirigeant souvent buissonnier, de nuancer les crises sociales ou politiques récurrentes et les stratégies clientélistes. Les institutions républicaines ne semblent former qu’un décor de vaudeville, tandis que la dramaturgie politique camerounaise relève, elle, du fonctionnement monarchique. « Stabilité », scandent les groupies. « Immobilisme », crient les autres. », précise le Magazine panafricain.
« À propos des scandales, l’un semble résumer tous les autres. Le récent meurtre, précédé de tortures, du journaliste Martinez Zogo ébranle les certitudes et les postures, au moment où une guerre de succession impitoyable menace d’éclater au grand jour. Il révèle la frilosité d’un régime en bout de course, tout autant qu’il met sous pression une justice parfois accusée d’être aux ordres du pouvoir. L’assassinat sauvage de la voix populaire de la radio Amplitude FM apparaît comme la validation des accusations que l’homme de radio proférait : corruption, gestion brutale des revendications séparatistes, intimidations et autres abus de pouvoir. Imperceptiblement mais sûrement, le drame a tourné au scandale d’État. Plusieurs responsables des services de renseignement ont été arrêtés. Ce 14 février, l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, accusé par Zogo d’accointances avec deux ministres de poids, était conduit au tribunal militaire de Yaoundé. Des personnalités qui sont toutes, à leur manière et à des degrés divers, des acteurs incontournables du conflit mené dans l’ombre pour prendre la suite du président nonagénaire.ge sur l’évènement », pointe Jeune Afrique.