Republic of Ambazonia, Republic of Southern Cameroons, Republic of West Cameroon : voilà les trois appellations qui circulent dans la partie anglophone du Cameroun pour désigner ce qu'on voudrait ici être un Etat à part entière, détaché du reste du Cameroun.
"Il y a de nombreuses injustices auxquelles je suis confronté en tant qu'individu, et auxquelles nous sommes confrontés en tant que peuple," explique cet habitant de Bamenda, une ville du sud-ouest du pays, proche de la frontière avec le Nigéria. "Pendant 56 ans, nous avons été traités comme des citoyens de seconde classe. Pendant 56 ans, nous n'avons jamais reçu notre part équitable comparativement à notre contribution au taux de croissance du produit intérieur brut du pays.
Pendant 56 ans, il y a des ministères spécifiques dans lesquels nous n'avons jamais eu de place. Avant que nous n'en arrivions là, la base constitutionnelle sur laquelle l'union fut fondée a été détruite. Et quand la fondation est détruite, l'immeuble ne peut plus tenir."
Certains anglophones accusent la communauté internationale, dont l'ONU, d'observer un silence conspirateur, comme si elle attendait que les vendeurs d'armes fassent leur marché et que les combats soient en cours avant de réagir. "J'ai plus de trente ans. J'ai déjà cette mentalité. Les enfants derrière moi l'ont," affirme le même habitant.
En plus de la crise dans le nord du pays liée à Boko Haram, Paul Biya (à gauche) va peut-être devoir faire face à une rébellion anglophone armée.
"Si cette situation n'est pas corrigée maintenant, ce territoire ne connaîtra jamais la paix. Nous sommes ici à Bamenda. Demandez, les forces de sécurité vous le diront. Quand les gens se soulèvent ici, ils n'ont pas peur des armes. C'est malheureux que les gens assis à Yaoundé ne voient pas ce qui arrive."
2018, année électorale chargée
Ce qui est annoncé est une menace directe sur le pouvoir du président Biya, sur la paix sociale, et les échéances électorales de 2018 au Cameroun. Des élections générales (législatives, municipales, sénatoriales et présidentielle) doivent en effet se tenir l'an prochain.
"Il y a le projet d'élire un Premier Ministre et un gouvernement intérimaire pour le Southern Cameroons. Nous demandons de légitimer nos revendications juridiques et éducationnelles. Nous demandons la restauration de l'Etat fédéral, mais le gouvernement ne veut pas en discuter. Il viendra un moment où le gouvernement voudra en parler, et personne ne l'écoutera."
Les sécessionnistes disposent depuis l'étranger d'une télévision reçue au Cameroun par satellite et par Internet, d'un drapeau et d'un hymne national pour leur Etat. Un gang disposant d'un matériel présenté comme devant servir à la fabrication d'explosifs a été saisi le 3 août dernier dans la zone anglophone.
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Tournée à l'étranger mouvementée
Par ailleurs, une mission gouvernementale composée du ministre camerounais de la justice et de deux hauts commis de l'Etat, a quitté Yaoundé en fin de semaine dernière pour une tournée européenne et américaine au sujet de cette question anglophone. La délégation a été huée samedi à l'étape bruxelloise de sa tournée par des ressortissants du Cameroun, où l'on pense que les discussions doivent se dérouler à l'intérieur et non à l'extérieur du pays.
En Afrique du Sud, les manifestants en colère ont tenté de brutaliser les membres du gouvernement. Le ministre Dion Ngute, ministre délégué auprès du ministre des Relations Extérieures a dû être exfiltré par les foces de polcie. D’autres missions sont prévues au Canada et en Grande-Bretagne les 10 et 12 août prochains.
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