Actualités of Friday, 6 October 2017

Source: journalducameroun.com

Boko Haram: plus de 85 000 Nigérians expulsés du Cameroun depuis 2015

Ils se sont refugiés au Cameroun pour fuir les exactions de Boko Haram au Nigeria Ils se sont refugiés au Cameroun pour fuir les exactions de Boko Haram au Nigeria

L’ONG Human right watch a récemment indiqué que le nombre de réfugiés nigérians, expulsés du Cameroun entre 2015 et 2017, était de 100 000. La rédaction de Journal du Cameroun s’est rapprochée du HCR, qui appuie le gouvernement dans l’encadrement de ses réfugiés et de ses déplacés internes, pour en savoir plus. L’institution soutient qu’il est difficile de donner des statistiques exactes, parce que certaines personnes ont été expulsées, sont revenues et ont de nouveau été rapatriées. Elle peut néanmoins affirmer que plus de 85 000 réfugiés nigérians, qui fuyaient les exactions de la secte Boko Haram, ont été expulsés du Cameroun entre 2015 et 2017.

D’après le HCR, les expulsions ont essentiellement eu lieu dans des localités frontalières de l’Extrême-Nord du Cameroun, à l’instar de Kolofata, où des centaines de Nigérians ont improvisé un camp. D’autres rapatriements ont eu lieu parmi des populations bénéficiant d’un statut de réfugiés. Toutefois, de nombreux réfugiés avaient accepté eux-mêmes de rentrer dans leurs régions d’origine, du fait des difficiles conditions de vie.

« Mais ils ont dû revenir au Cameroun parce que la situation sécuritaire n’est pas encore stable chez-eux », précise Xavier Bourgois, un responsable du service information au HCR, qui espère pour bientôt, des conditions pour un retour des populations en toute sécurité.

Sur les allégations de violence exercée par des militaires sur ces nigérians et mises à nu par Human right watch, le HCR dit ne pas pouvoir se prononcer sur ces faits. Il n’en a jamais eu vent.

Dans son rapport intitulé « Forcés à monter dans des camions comme des animaux : expulsions massives et abus par le Cameroun à l’encontre de réfugiés nigérians », Human right watch indique que des militaires camerounais ont torturé, agressé et exploité sexuellement des réfugiés nigérians dans des régions frontalières reculées de la région de l’Extrême-nord. Pour le ministre de la Communication, Issa Tchiroma, il s’agit d’une manœuvre qui vise à « jeter le discrédit sur le Cameroun« .

Depuis près d’un an, les autorités camerounaises essaient de dissimuler leur embarras face à l’afflux de réfugiés nigérians, même si ceux-ci sont moins nombreux que les Centrafricains abrités dans la région de l’Est (plus de 200 000 contre 90 581 Nigérians dénombrés dans les camps au mois d’août). Le 29 mars 2017, Issa Tchiroma soutenait officiellement que l’insécurité ne touchait pas toutes les régions du Nigéria et que, par conséquent, celui-ci pouvait abriter lui-même ses ressortissants. « Cet afflux de réfugiés constitue une charge particulièrement lourde pour les pouvoirs publics, de même que pour les communautés d’accueil, dont les ressources déjà limitées, se trouvent soumises à une pression souvent forte. Le Cameroun, nonobstant de sa générosité et sons sens de l’hospitalité, n’a pas vocation à devenir un vaste camp de réfugiés à ciel ouvert« , avait-t-il affirmé lors d’une communication gouvernementale.

Au mois de juin dernier, le gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakary, s’était rendu à Kolofata avec l’intention de faire raccompagner les quelques 900 nigérians, qui y étaient alors installés, vers la frontière. Il a dû se raviser parce que les organismes humanitaires présents sur le terrain ont exprimé des réserves. « Ce camp n’est pas sécurisé…On ne sait pas qui est qui. Je pense qu’il est bon que ces populations rentrent chez-elles », avait-il fait valoir au lendemain d’attaques terroristes qui seraient parties de cette zone, selon l’armée.