Actualités Régionales of Sunday, 17 October 2021

Source: La Nouvelle

Buéa: voici les dernières paroles de Achille Mvogo avant sa mort

Le gendarme Achille Mvogo à Buéa Le gendarme Achille Mvogo à Buéa

Au regard des multiples attaques que subissent nos forces de sécurité et défense dans leurs missions régaliennes, à l’instar de la mise à mort publique du maréchal de logis Achille Mvogo en plein centre-ville de Buea, qui continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive depuis le 14 octobre dernier, tout laisse croire que les forces de maintien de l’ordre sont devenues la cible potentielle des opulations.

Depuis l’agression des agents de police à Bafoussam il y a de cela quelques mois par
la députée du Parti camerounais pour la réconciliation nationale(Pcrn) Nourane Foster, les actes de violence et la haine contre les forces de l’ordre se ultiplient au Cameroun.Le phénomène évolue de manière presqu’exponentielle dans les régions en crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Lorsqu’elles ne sont pas décapitées, les éléments de nos forces de défense et de sécurité sont lynchées sans aucun remord par les mêmes populations qu’elles sont censées protéger, de jour comme de nuit.

De nombreux observateurs se sont davantage rendus compte de cette triste réalité avec la mise à mort la semaine dernière, dans la ville de Buea, du maréchal de logis, Achille Mvogo, auteur d’une bavure qu’il n’avait nullement préméditée et qui aura inopportunément provoqué le décès de la petite Caro Louise Ndialle, jeune élève âgée d’environ 5 ans qui se trouvait à bord du véhicule que conduisait sa mère.

Selon le communiqué de presse N°00810/Cp/Mindef/019 du 14 octobre 2021 du chef de division de la communication au ministère de la Défense, l’incident s’est produit au
lieudit Bokava, non loin du marché central de Buea. « Refusant d’obtempérer, le conducteur a poursuivi sur sa lancée en accélérant pour s’échapper en direction du stade Omnisports de Molyko, où il sera rattrapé par le binôme de gendarmes et le conducteur, fermement opposé à la fouille de son véhicule au point d’engager une nouvelle manœuvre de fuite », indique le capitaine de vaisseau, Cyrille Serge Atonfack Guemo.

Toutefois, « dans une réaction inappropriée, inadaptée à la circonstance et manifestement disproportionnée par rapport au comportement irrévérencieux du conducteur, l’un des gendarmes a, au mépris du sacro-saint principe de précaution, procédé à des tirs de sommation dans le but d’immobiliser le véhicule », renchérit le communiqué du ministère de la Défense.

C’est alors que dans une violente furie, la foule s’est ruée sur le gendarme auteur du coup de feu dont les ricochets ont atteint à mort la petite Caro Louise Ndialle. « Pardonnez-moi, c’était une erreur ». Voilà les derniers mots du gendarme à ses bourreaux quand ces derniers s’acharnaient sur lui avec des pierres et des bâtons. Tout en jetant un regard supplicateur vers ses camarades, espérant une extraction.

Mais ces derniers sont restés dans leurs retranchements. Le maréchal de logis Achille Mvogo va à sa suite perdre lui aussi la vie, l’arme en main, lynché par les populations. Une version des faits qui tranche nettement avec celle reprise par un certain Tibor Nagy, diplomate américain qui parle dans un tweet d’une histoire de
500 Fcfa qu’aurait prétendument exigés l’homme en tenue au conducteur du véhicule.

Pour de nombreux analystes, c’est en patriote qu’Achille Mvogo est ainsi tombé, les armes en main. Démontrant qu’il n’était pas sorti ce matin de chez lui avec l'intention du tirer sur ces populations qu’il protège depuis de nombreux mois. Si oui, estiment nos analystes, le soldat qui disposait encore au moins 30 ballesdans son chargeur, aurait provoqué un véritable carnage avant d’être lapidé comme tel a été le cas, par la foule.

Pour nos mêmes analystes, en bon soldat, il aura ainsi stoïquement accepté le triste sort qui lui était réservé, en acceptant de donner sa vie dans l’ultime perspective d’obtenir le pardon de ce peuple pour lequel il se bat depuis qu’il est déployé dans la région du Sud-Ouest. Et du coup d’autres observateurs se demandent pourquoi cette population des régions en crise du Noso n’agit-elle pas aussi avec la même promptitude lorsque les victimes des terroristes sécessionnistes tombent sous leurs yeux ?

Le temps est donc arrivé après ces tristes évènements de Buea que les Camerounais comprennent enfin que nos forces de défense, où qu’elles se trouvent, n’ont qu’une
seule mission : protéger l’intégrité de notre territoire et assurer la sécurité des hommes et de leurs biens.