Même si ses performances sur le terrain restent globalement moyennes, le brassard semble avoir complètement transformé l’ancien Monégasque, nommé capitaine par Hugo Broos à son arrivée à la tête des Lions indomptables.
Samedi soir, peu avant le coup d’envoi des prolongations du match des quarts de finale de la CAN 2017 entre le Cameroun et le Sénégal (5-4 après tab), une séquence vidéo focalisée sur Benjamin Moukandjo a retenu l’attention des téléspectateurs. Dans cette image, le capitaine des Lions indomptables parle à ses coéquipiers regroupés autour de lui, avec une rage qu’on ne lui connaissait pas jusque-là. Il semblait interpeller ses camarades sur le challenge qui les attendait. Il avait également l’air de demander à ses coéquipiers d’aller chercher au fond de leurs tripes pour renverser la montagne sénégalaise présentée comme une des meilleures équipes de la CAN Gabon 2017.
Sur l’aire de jeu, on l’a vu personnellement mouiller le maillot jusqu’à la fin de ce match. Premier tireur du Cameroun au cours de l’épreuve fatidique des tirs au but, il a su montrer la voie à ses coéquipiers qui ont réalisé un sans-faute dans cet exercice, contrairement aux Sénégalais dont le dernier tireur (Sadio Mané) s’est buté sur Fabrice Ondoa.
À l’image de cette attitude exemplaire de l’ancien Monégasque devenu capitaine depuis l’arrivée de Hugo Broos à la tête des Lions indomptables, le brassard semble avoir complètement transformé le numéro 8 du Cameroun. Depuis le début de cette CAN gabonaise, il impressionne par son esprit fédérateur. On le voit beaucoup discuter avec ses coéquipiers dans et en dehors du terrain. L’image de «l’enfant discourtois» qu’il avait laissé lors de la Coupe du Monde Brésil 2014 quand il avait failli en venir aux mains avec son coéquipier Benoît Assou-Ekotto qui tentait de lui remonter les bretelles n’est plus qu’un lointain souvenir.
«Contrairement aux autres capitaines qui sont passés avant lui, il ne donne pas l’impression d’être détaché de ses coéquipiers ou d’être comme une sorte de prolongement de l’administration dans le groupe. Il a l’air plus humble et plus disponible», constate le journaliste David Eyengue qui couvre la Coupe d’Afrique des Nations Gabon 2017 pour le compte du Quotidien Le Jour.
«Depuis qu’il a eu le brassard, il est devenu plus rassembleur, plus fédérateur», renchérit Christian Tchapmi, chef du service des sports du Quotidien Le Messager.
Performances
Si cette attitude exemplaire envers ses coéquipiers est fortement appréciée, il lui reste cependant à améliorer ses performances sur le terrain. Puisque même s’il est jusque-là le seul attaquant camerounais à avoir inscrit de but depuis le début de la CAN (Cameroun-Burkina Faso (1-1), le 14 janvier 2017), Moukandjo reste pour beaucoup un joueur inconstant.
«J’aurais aimé qu’il se démarque sur le terrain en étant le modèle au niveau du jeu. Il est passé à côté de plusieurs matches, notamment face à la Guinée-Bissau et face au Gabon. En tant qu’attaquant, il devrait normalement avoir déjà marqué plus de buts que ça. Surtout qu’il jouit d’un statut de titulaire incontesté», lui reproche Christian Tchapmi.
C’est donc ce qu’il lui manque désormais pour acheter l’unanimité des Camerounais autour de son capitanat. L’on se rappelle qu’il avait hérité de ce brassard dans des circonstances troubles, après la décision d’Hugo Broos, avec la bénédiction des autorités sportives, de bouter Stéphane Mbia hors de l’équipe. Un choix surprenant du sélectionneur des Lions qui avait pourtant la possibilité de remplacer l’ancien marseillais par ses suppléants d’alors, à savoir: Éric Maxim Choupo Moting et Aboubakar Vincent, respectivement premier et deuxième vice-capitaine.
Frustré par les choix surprenant de Broos, le désormais ex-premier vice-capitaine des Lions a préféré prendre le large. Choupo fait partie des cadres qui ont fait défection avant le début du stage de préparation de la CAN 2017.
Relégué à un inconfortable statut de remplaçant, Aboubakar lui, boude encore sous cape.