Calixthe Beyala est furieuse. Comme tous les Camerounais avides de justice dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, elle a le cœur lourd. L’écrivaine est encore profondément déçue que certaines personnes qu’elle fait bien de citer sans mentionner le nom, soient là en train de détourner les regards sur la gravité de ce crime. Pour Calixthe Beyala, un homme se cache derrière cet affreux homicide et elle donne son nom dans le texte ci-dessous.
« Un bulu n'est pas un beti, c'est une réalité qui ne souffre d'aucune contradiction. Alors que nous réclamons à corps et à cri justice pour Martinez Zogo, un soutien de la satrapie de Yaoundé détourne le sujet pour parler du tribalisme.
Est-ce parce qu'il n'est pas de leur tribu qu'ils ont achevé Martinez Zogo de cette horrible manière ? La question se pose d'autant que je n'ai vu aucun de ces dangereux professeurs revendiquer justice pour le pauvre Martinez Zogo.
Je préfère répondre aux intellectuels de ce nom, pas aux défenseurs des criminels de Yaoundé qui, pour garder le pouvoir, sèment la confusion dans les esprits, en créant un ensemble spirituellement vide et un concept sociologiquement vide pour faire la guerre aux autres Camerounais.
Voilà que vous remplissez des pages entières en projetant votre tribalisme qui a fondé cette seconde république sur les autres peuples, sur les vrais intellectuels qui font bien leur travail d'éveil des consciences. Et c'est mon cas, cher professeur. Vous cherchez à endormir les camerounais depuis plus de quarante ans. Quelle conscience vous habite ? Aucune.
Vous justifiez toute la misère de ce pauvre peuple pourvu qu'ils vous laissent quelques miettes. Remplir des pages d'inepties pour regrouper ce qui n'est pas regroupable et accuser les autres de vouloir mettre à part les Bulu est une inexactitude criarde et qui n'a d'égale que votre soif d'être nommé. Je prie pour vous afin qu'ils le fassent.
En attendant, ayez donc pitié de votre si respectable âge. Votre image s'embourbe dans la fange, à chacune de vos parutions. Vous vous enroulez dans le sang des Camerounais. Vous parlez en lorgnant un bureau où des murs, retentissent d'échos d'hommes torturés, tués par ceux que vous voulez rejoindre dans la gestion de cette nation.
Que dis-je ? Il suffit de regarder ceux qui gravitent autour de Jean-Pierre Amougou Belinga le tueur d'un homme de la Lékié, Martinez Zogo, pour mieux comprendre ce qui se trame.
Je préfère ne pas prononcer votre nom si insignifiant. Vous êtes un epsilon. Vous traquez des soi-disant néo colonialistes français (qui sont pourtant au pouvoir à Yaoundé) et pointez pour grappiller quelques sous chez les Chinois qui, dans nos pays d'Afrique, ne sont pas guère mieux.
Ils ne font pas travailler les Africains sur leurs chantiers. Même les manœuvres viennent de Chine. Pas de miette à ramasser pour le peuple camerounais. En tant que femme beti et bamiléké, sans parler d'autres métissages dont je suis issue, trouvez-vous un autre candidat qui s'adapterait au mieux, à vos élucubrations.
Dire qu'un bulu n'est pas un beti est exact. Il ne s'agit pas d'un rejet de l'autre, mais d'une réalité ethnique et ancestrale. Et à ça, toute vos démonstrations bancales, n'y changeront rien », Calixthe Beyala a parlé.