Le régime de Paul Biya aurait fait échouer une candidature du Cameroun à la tête de la Banque africaine de développement (BAD). Le journaliste Boris Bertolt est lui beaucoup plus formel. Il utilise l’affirmative. Mais comment le clan de Biya a-t-il réussi à faire ça. Il explique.
Le Cameroun n’aura aucun candidat pour le poste de président de la Banque Africaine de Développement (BAD). Paul Biya n’a pas donné son accord pour l’entrée en campagne du Dr Albert Zeufack pour l’élection du nouveau président de la BAD au cours des Assemblées annuelles les 25 et 26 mai 2025.
Or depuis le 17 juillet, à l’initiative du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh, le ministère des Relations Extérieures a exposé son plan pour faire élire le camerounais à la tête de la Banque. La proposition du gouvernement intervient suite aux doutes du Cameroun sur les capacités du candidat Abbas Tolli du Tchad d’être élu à la tête de la BAD. Malgré le soutien qu’il a obtenu des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac).
Cette situation avait déjà ralenti l’entrée en campagne officielle de Albert Zeufack. Ce dernier avait sollicité depuis des semaines une autorisation formelle du gouvernement camerounais pour lancer sa campagne. Ce qu’il n’a pas obtenu. Il avait à cet effet prévu de se rendre à la 29ème Conférence des Parties sur le changement climatique (COP 29) qui s’est tenue en Azerbaïdjan à Baku du 11 au 22 novembre 2024. Mais aucun retour de la présidence de la République.
Deux principales raisons justifient le fait que le Cameroun qui avait pourtant de grandes chances de prendre la tête de la BAD: Premièrement une opposition entre le SGPR, Ferdinand Ngoh Ngoh et le directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo. Ce dernier soutenait depuis des semaines Marie-Laure Akin-Olugbade, née Ndongo-Seh au détriment de Albert Zeufack. Marie-Laure Akin-Olugbade, née Ndongo-Seh a été promu le 8 octobre 2024 vice-présidente de la BAD. Mais elle avait un handicap de taille : Elle est mariée à un nigérian. Or le président sortant est de nationalité nigériane. Samuel Mvondo Ayolo avait d’ailleurs reçu le dossier de candidature de Marie-Laure Akin-Olugbade, née Ndongo-Seh quand il était encore à Genève au moment où Paul Biya s’y trouvait pour des raisons de santé.
Mais, plus encore et c’est certainement la raison la plus importante : Paul Biya ne voulait pas fâcher une nouvelle fois le Tchad (le pays de Deby à son candidat depuis mars 2024) qu’il essaie de ménager depuis l’affaire Savannah Energy qui avait provoqué une crise diplomatique entre les deux pays avec rappel de l’ambassadeur du Tchad à Yaoundé. Bien que les relations se sont officiellement normalisées depuis lors N’Djamena regarde Yaoundé depuis lors avec un œil méfiant. Au point aujourd’hui de vouloir contourner les ports camerounais pour faire transiter ses marchandises par la Guinée Équatoriale. Une situation qui aura pour conséquence de faire perdre des milliards de francs CFA à l’État du Cameroun.
Sauf qu’au final c’est encore le soft power du Cameroun qui s’affaiblit à l’international dans un contexte de fin de règne.