Actualités of Friday, 27 October 2017

Source: www.camerounweb.com

Condamnez moi à mort - Mancho Bibixy

Il a présenté sa demande jeudi lors de sa comparution au Tribunal militaire de Yaoundé Il a présenté sa demande jeudi lors de sa comparution au Tribunal militaire de Yaoundé

Mancho Bibixy est prêt à accepter une condamnation à mort si la Cour accepte de remettre en liberté les jeunes manifestants anglophones qui sont jugés à ses côtés pour terrorisme. L’animateur radio a présenté sa demande jeudi, 26 octobre 2017, lors de sa comparution au Tribunal militaire de Yaoundé. Par cette demande il entend mettre fin à la souffrance des familles de ces accusés, détenus depuis le mois de décembre 2016 pour leur rôle présumé dans les troubles dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Les concernés ont été arrêtés dans plusieurs villes du pays, notamment, Bamenda, Kumbo, Buea, Douala…. Ils sont de présumés casseurs dont le sort a été uni à celui de Mancho Bibixy le 07 avril 2017, à la suite d’une jonction de procédure autorisée par la juge Abéga. Celui-ci était, jusqu’alors, jugé dans un même dossier que le Dr Fontem Neba et l’avocat Nkongho Agbor Balla qui eux ont été libérés.

Le combat de Mancho Bibixy

Lorsque les avocats anglophones descendent dans la rue le 16 octobre 2016 pour protester contre les magistrats affectés qui ne maîtrisent pas l’anglais et revendiquer l’application de la Common Law, la loi anglaise hérité de la période coloniale, l’émission « Comedy Show » en parle longuement. « On sentait que Mancho était très mal à l’aise face à ce que vivaient les avocats », se souvient un collègue de la radio qui souhaite garder l’anonymat. « BBC » n’appréciait « pas du tout la violence » avec laquelle la grève était réprimée par les forces de l’ordre.

Le 21 novembre 2016, les enseignants descendent à leur tour dans les rues pour dénoncer « la francophonisation » du système éducatif anglo-saxon. Ils s’insurgent contre l’affectation de collègues qui ne maîtrisant pas l’anglais. Pour Mancho, c’est la manifestation de trop. L’animateur radio, suivi par une foule en colère, devient un leader qui demande des comptes au gouvernement. Il laisse tomber la radio.

Au début, l’animateur et certains manifestants demandent notamment la création d’un Etat fédéral. Au fil des semaines, la colère monte et les discussions avec le gouvernement s’enlisent. Comme les sécessionnistes, Mancho finit par réclamer l’indépendance. Le 17 janvier, la répression monte d’un cran et Yaoundé fait couper Internet dans les régions anglophones. Le « black-out » numérique durera trois mois, étranglant l’économie locale.

« Prêt à mourir pour cette cause »

« Les anglophones ont été traités comme des esclaves dans ce pays. Comme si nous étions annexés, capturés et non des êtres humains. Nous pensons qu’il est temps de se lever, de dire “Assez !”, confiait-t-il au Monde Afrique le 14 janvier, lors d’une marche de protestation organisée par le député Joseph Wirba du SDF à Kumbo, une localité située à 63 km de Bamenda.

Un mandat d’arrêt avait été émis contre Joseph Wirba, alors que son immunité parlementaire n’était pas levée. Le député « rebelle » du Social Democratic Front avait débuté une fuite dans « la brousse ». Il est apparu pour la première fois mercredi 21 juin à l’Assemblée nationale. Mancho Bibixy n’a pas eu cette chance. Il a été arrêté le 18 janvier et conduit comme les autres leaders à la prison de Kondengui.

Accusés d’« actes terroristes », « rébellion », « crimes et délits d’opinion », ces leaders risquent la peine de mort. La juge du tribunal militaire a renvoyé le procès au 29 juin pour un début de l’examen du dossier avec l’audition des premiers témoins de l’accusation.

Père d’un petit garçon, Mancho « lâchera peut-être son combat un jour. Il est très passionné et vous savez que la foule aime ce genre de personnage qui dit toujours ce qu’elle veut entendre. La même foule passera à autre chose », veut croire un commandant d’une brigade de Bamenda. Pourtant, au plus fort de la crise, Mancho s’était exprimé face à cette foule, assis dans un cercueil, « prêt à mourir » pour que les anglophones « vivent bien ». A son avocat Calvin Tah Ndangoh, il répète inlassablement : « Je suis prêt à mourir pour cette cause. »