La situation devenait juste intenable pour les populations dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, notamment sur le plan sécuritaire. Entre des assaillants qui portaient atteinte aux personnes et aux biens, les actions néfastes contre la scolarisation des enfants et diverses autres exactions, il devenait de plus en plus difficile de mener une vie normale, de vaquer sereinement à ses occupations. Les pouvoirs publics, notamment les autorités administratives, ainsi que les forces de défense et de sécurité, ont pris des mesures pour le retour des choses à la normale. Progressivement, l’action porte des fruits, les populations ayant compris où était leur intérêt. Notre passage dans différentes localités a permis de le constater.
« Je n’ai pas de problème avec les gendarmes. Celui-ci est même un ami, nous jouons au football ensemble. » Ernest Ekokobe, coiffeur à Menji, le chef-lieu du département du Lebialem (région du Sud-Ouest), pointe du doigt un pandore avec qui il semble effectivement avoir des liens. Le trentenaire poursuit son propos, fluide et serein, sur la perception qu’il a des forces de défense et de sécurité dans son lieu de vie : « Les hommes en tenue sont là pour notre sécurité, et nous devons bien nous entendre avec eux, puisque nous sommes tous Camerounais. »
Ce point de vue, beaucoup le partagent dans les différentes localités du Sud-Ouest. Notamment des parents d’élèves, bien contents que les établissements scolaires que fréquentent leurs enfants soient gardés par des hommes en tenue. Toujours à Menji, Julius Fotabong, chef traditionnel et vice-principal du lycée bilingue de Fontem, salue également la présence et l’action des forces de défense et de sécurité : « Ils font beaucoup pour nous. Ils ont par exemple sécurisé les locaux du collège catholique Seat of Wisdom », explique-t-il.
Sécuriser les personnes et les biens, notamment les bâtiments publics, voilà l’essentiel des tâches auxquelles s’astreignent les forces présentes dans la région. Au lycée technique de Mamfe, dans la Manyu, le proviseur, Mme Bessem Ayuk Arrey, se souvient d’une intervention de militaires suite aux troubles survenus le 22 septembre. Les assaillants avaient envahi l’établissement, s’étaient mis à casser et avaient brûlé le drapeau national – et en passant, volé le groupe électrogène. L’armée est donc venue à la rescousse. Le lycée reste sous bonne garde à ce jour.
Plus peuplée et plus dynamique économiquement, Kumba, chef-lieu du département de la Meme, est encore plus intéressante à observer, s’agissant des relations entre les populations et les forces de défense et de sécurité. De fait, les gens vaquent à leurs occupations, sans que la présence de gendarmes, de policiers, ou des éléments du Bataillon d’Appui présent dans la ville ne les gêne. Bien au contraire. Harrison Mbah, qui tient un institut de soins dans la localité, se rappelle qu’il n’a pu reprendre son activité que grâce à la présence et à l’action des gendarmes. « J’ouvrais quand les sécessionnistes exigeaient qu’on ferme. J’avais un voisin, un vendeur de motos, qui ouvrait aussi, et ils ont brûlé son magasin. Puis les forces sont intervenues », déclare le jeune homme. La suite des rapports est toute de synergie : « Aujourd’hui, ça va mieux. S’il y a un danger, nous les appelons », poursuit-il.
« C’était difficile au début, mais de plus en plus, nous ressoudons le lien avec la population », confie le général de brigade Melingui Nouma, commandant la 21e Brigade d’infanterie motorisée (Brim), basée à Buea. « Nous rencontrons nos hommes régulièrement, nous leur parlons, et nous savons que si la population nous donne le bon renseignement, nous allons neutraliser les bandits », ajoute le général.
Cette restauration de la confiance a d’autres effets positifs, agissant comme un cercle vertueux sur d’autres aspects de la vie dans ces régions. Il en est ainsi du monde des affaires, de l’école, de la vie administrative, etc. Sujets sur lesquels votre journal se penchera lors de prochaines éditions consacrées à la série ainsi ouverte.