Des évêques des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ont signé une déclaration le 04 octobre dernier sous le couvert de la province épiscopale de Bamenda. Les évêques de Kumbo, Mamfé, Buea, Kumba et Bamenda ont fait cette sortie pour observer et condamner « sans équivoque », la violence perpétrée par certains groupes de jeunes, de la même manière qu’ils l’ont fait pour dénoncer la barbarie avec laquelle les manifestations du 22 septembre et du 01er octobre ont été réprimées dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest par les forces de sécurité.
Les prélats se disent, par exemple, choqués par le fait que des chrétiens aient subi des représailles de ces forces le dimanche 01er octobre. Pourtant, disent-ils, après avoir appris la mesure administrative instaurant le couvre-feu dans la région du Nord-ouest du 29 septembre au 02 octobre, l’archevêque de Bamenda a entrepris de rencontrer le gouverneur avec qui, il a été convenu que ces restrictions n’incluaient pas les services religieux. Une note signée du 30 septembre confirmerait cette information. Seulement, la présence militaire dans les rues a dissuadé certains chrétiens d’assister aux messes. Les plus obstinés, comme ceux de Kumbo, ont été aspergés de gaz lacrymogène à la sortie de l’église, dénoncent les évêques.
Sur la situation globale, les évêques de la province épiscopale de Bamenda accusent les policiers, gendarmes et militaires d’avoir châtié, de manière inhumaine- même dans des situations de riposte-, les manifestations du 22 septembre et du 01er octobre. D’après eux, de nombreux jeunes ont été torturés et tués, tandis que d’autres ont été arrêtés (parfois dans des domiciles privés) et sont, jusqu’à l’heure actuelle, portés disparus. Les évêques affirment que, les forces de sécurité ont dissimulé des corps de personnes tuées lors des deux dates sus-évoquées.
« Moquerie » et « discrimination »
Les prêtres s’insurgent davantage du cynisme des dirigeants en raison des manifestations opposées à celles des régions anglophones, le 01er octobre dernier. En effet, alors que les populations du Nord-ouest et du Sud-ouest revendiquaient leur indépendance, les personnalités du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, parti au pouvoir) marchaient pour célébrer la Réunification. Une commémoration a même réuni des parlementaires autour du Monument de la Réunification de Yaoundé. « Moquerie » et « discrimination », estiment les évêques, qui observent, sans plus, que les forces de sécurité ne démontrent toute leur force que quand il s’agit d’opprimer les anglophones qui « sont désormais persécutés », même ceux installés dans les villes francophones.
D’après les prêtres, on aurait pu éviter d’en arriver là, si les autorités s’étaient mises à l’écoute des propositions que les évêques avaient formulées et qu’ils souhaitaient porter à l’attention du chef de l’Etat camerounais en décembre 2016. Les prêtres avaient alors demandé une audience au président Paul Biya, à laquelle ils n’ont jamais eu de réponse.
Journée de deuil
Aujourd’hui, le problème a pris de trop grosses proportions. Si l’Etat ne réagit pas en conséquence, on s’achemine, d’après les évêques, vers un imminent génocide. « Nous devons arrêter ce génocide imminent », déclarent-ils. Pour ce faire, les hommes de Dieu proposent de libérer tous ceux qui ont été arrêtés, de restituer les corps des manifestants tués et dont on a perdu la trace à leurs familles, de démilitariser les régions anglophones, d’arrêter la propagande et la propagation d’informations qui tendent à minimiser le problème.
Pour finir, les évêques de la province épiscopale de Bamenda invitent les chrétiens à prier, particulièrement le 14 octobre, date à laquelle ils observeront une journée de deuil pour les morts de cette crise, ainsi que leurs familles.