Il y a quelques jours en prélude à l'assemblée générale de la Fécafoot, un ordre du jour fut dévoilé et la démission de Samuel Eto'o figurait à l'ordre du jour. Une choquante information quand on sait de quelle manière le président de la Fécafoot préside l'institution faitière du football camerounais.

Pour d'aucuns ce n'est qu'une façade et un leurre pour paraitre crédible. C'est d'ailleurs ce que pense plus ou moins le journaliste camerounais et lanceur d'alertes Boris Bertolt. Pour ce dernier, il s’agit d’une vraie-fausse démission car il n’entend pas partir. Au contraire, voici en exclusivité, le scénario prévu.

« Dadis Camara va arriver le 27 mai 2023 et tenir ce discours aux délégués et autres invités spéciaux dont de nombreuses anciennes gloires : « mes chers délégués, chers acteurs du football ; cela fait plus d’un an que jours et nuits, je consacre toute mon énergie pour redonner au football camerounais sa grandeur d’antan, pour hisser haut le drapeau de notre pays pour lequel je l’ai toujours dit, je donnerai ma vie. C’est un travail méticuleux qui demande de la patience, une certaine patience. Je sais ce qu’être patient, parce que même à la dernière minute, vous pouvez inscrire le but victorieux de votre équipe.

Il se trouve malheureusement que ma démarche n'est, semble-t-il pas comprise, que vous êtes pressés, que vous voulez avoir ici et maintenant des résultats. Oui, les résultats ne sont pas ce que nous espérions parce que je suis un homme qui rêve grand, qui rêve d’un Cameroun champion du Monde. Je suis certain que les résultats viendront et cela ne peut en être autrement mais j’ai le devoir de vous écouter et de prendre mes responsabilités parce que c’est vous mes électeurs, parce que c’est vous mes patrons. Vous m’avez soutenu, vous m’avez toujours accompagné et je vous dis merci du fond du cœur. Je serai toujours aux côtés du football camerounais, je serai toujours à vos côtés et croyez-moi (à ce moment précis il va passer un mouchoir sur son visage) c’est avec le cœur meurtri que je vous présente ma démission de la présidence de la Fédération camerounaise de Football. Que Vive notre football ! Que Vive le Cameroun ! ». Telle est la quintessence du discours de Dadis Camara qu’il entend prononcer le 27 mai 2023.

Qu’est-ce qui devrait se passer après ce discours ? Selon les architectes de la mise en oeuvre de cette idée, il est prévu que des délégués et autres acteurs du football dont des anciennes gloires se roulent au sol, crient, hurlent, que des femmes agitent leurs Kaba pour opposer un cinglant NON au départ du Messie du football camerounais, que ce beau monde supplie « l’envoyé de Dieu sur terre » de rester et de poursuivre son œuvre titanesque.

Les organisateurs ont même prévu pour la circonstance, d’entonner une chanson, déjà écrite, à la gloire de Dadis Camara. Ce sera une trentaine de minutes de remue-ménage au terme duquel, Dadis Camara va annoncer qu’il réfléchira sur sa décision, ce à quoi une partie de l’assistance répondra en allant « spontanément » bloquer les issues de sortie pour l’obliger à se décider séance tenante. C’est alors que Dadis Camara dira, la main sur le cœur, être particulièrement ému d’un si bel témoignage de la famille du football, et qu’il RESTE, ET RESTERA PRESIDENT DE LA FEDERATION CAMEROUNAISE DE FOOTBALL QUOI QU’IL ARRIVE.

Sous les you you, les délégués seront invités à signer une motion de soutien à Dadis Camara, lui renouvelant leur totale confiance. Voilà pour la manœuvre de Dadis Camara.

Avant même d’entrer dans le vif de l’AG, Dadis Camara aura déjà été intronisé ROI DU FOOTBALL CAMEROUNAIS. J’ignore encore si une couronne a été tressée pour lui…

Connaissant la vivacité de Dadis Camara qui ne fait jamais rien pour rien, que dissimule cet immense spectacle en préparation ? Il faut la rapporter au Tribunal arbitral du sport (TAS) qui doit vider, le 7 juin prochain à Lausanne, l’affaire qui oppose la FECAFOOT à Guibai Gatama et cie. L’ex-membre du comité exécutif est au TAS pour que celui-ci reconnaisse que depuis la condamnation de Dadis Camara à une peine de 22 mois de prison par la justice espagnole, celui-ci n’est plus président de la Fecafoot comme le stipulaient les statuts de la Fecafoot au moment des faits.

Le TAS va donc se prononcer et le moins que l’on puisse dire est que Dadis Camara se méfie de cette procédure qu’il ne « contrôle » pas ; ses avocats ont plaidé l’incompétence et l’irrecevabilité du dossier mais le TAS a botté en touche affirmant qu’elle se prononcerait sur la question dans sa sentence finale.

Depuis, la Fecafoot sollicite des délais supplémentaires pour compléter sa défense, le dernier délai qui lui a été accordé est fixé au 25 mai 2023. Dadis Camara entend donc influencer les arbitres, la Caf et la Fifa, en leur démontrant qu’il jouit toujours d’une légitimité certaine dans le milieu du football camerounais. Un coup de maître ! Bravo l’artiste ! »