L'enquête sur l'assassinat de Martinez Zogo suscite et révèle plusieurs curiosités et ces éléments interpellent plus d'uns. Jean-Marie Mollo Olinga, Directeur de L’Estafette, le Mensuel de l’Elite Intellectuelle, justement se questionne sur la tournure que prend les enquêtes. Dans une tribune parvenue à la rédaction de Camerounweb, ce dernier exprime des interrogations qui selon lui méritent d'être clarifées. Voici en dessous, le contenu intégral de sa tribune sur les curiosités que suscitent le déroulé de cette enquête qui s'est transformée en feuilleton ou encore film hollywoodien.
« La famille de Zogo se plaignait il y a quelques jours sur Équinoxe Télévision de la lenteur que connaissait l’enquête sur l’assassinat de leur parent. Les interpellés ont été renvoyés au SED par le commissaire du gouvernement pour, dit-on, complément d’enquête. Nous aurions aimé savoir, de la bouche même de ce commissaire du gouvernement, pourquoi, sans qu’il ait besoin de trahir le secret de l’enquête ou de l’instruction. Ça se passe ainsi dans les pays démocratiques ou civilisés…
Et puis, pourquoi ça traîne tant ? Il nous a été dit que de l’argent a circulé (c’est traçable non?), qu’on a saisi des serveurs et des téléphones… Les téléphones, justement ! De nos jours, l’on est confondu par son téléphone, car nos téléphones actuels fonctionnent selon des bornes. Les téléphones actuels sont donc capables, grâce aux bornes, de dire exactement où l’on se trouve et à quel moment… Exactement. Même s’ils ne sont pas en marche. Si on a donc saisi des téléphones, qu’ont-ils révélé ? La réponse à cette question ne peut-elle pas considérablement faire évoluer l’enquête ?
En outre, on nous dit que le président de la République aurait (aurait) donné son accord pour que soient entendus deux membres du gouvernement. On a envie d’en rigoler, sauf que la situation ne s’y prête pas. Dans un pays normal, nous voulions dire démocratique ou civilisé, c’est selon, le procureur, ici le commissaire du gouvernement, n’a pas besoin d’autorisation du président pour entendre ou même emprisonner un membre du gouvernement, car celui-ci ne bénéficie d’aucune forme d’immunité. C’est un justiciable comme un autre. Cette manière de faire ne participe-t-elle pas d’une stratégie visant à endormir le peuple qui attend impatiemment que justice soit rendue à Martinez Zogo, à sa famille et au peuple camerounais ?
Une autre curiosité parmi tant d’autres est qu’un ministre, ministre d’Etat de surcroît, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, magistrat hors hiérarchie – en plus -, est indexé dans cette affaire. Que ce soit à tort ou à raison, il devrait se mettre à la disposition de la justice, ne serait-ce que pour laver son honneur et pour la manifestation de la vérité. Ailleurs, dans des pays démocratiques ou civilisés, il aurait même déjà démissionné, ou alors, celui qui lui a confié ces responsabilités l’en aurait déjà délesté. Malheureusement, ça, c’est dans les pays normaux. Et il y a longtemps que le Cameroun n’est plus un pays normal, un pays où les gens ont encore le sens de l’honneur. Un ministre d’Etat en charge de la Justice, un Garde des Sceaux, un magistrat hors hiérarchie qu’on associe à une histoire d’assassinat et qui continue de plastronner au gouvernement… Non, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, la femme de César ne doit pas être soupçonnée
J-M.M.O. »