C’est une victoire tardive, mais salutaire. La jeune judokate camerounaise Manuella Fenou (19 ans), abandonnée par sa fédération et les autorités sportives depuis trois ans après un grave accident en compétition, a finalement été prise en charge ce vendredi grâce à l’intervention du ministre de la Santé, Dr Manaouda Malachie. Cette décision fait suite à un reportage poignant de la journaliste Annette Ikono, qui a révélé au grand public la détresse de l’athlète, laissée sans soins adéquats malgré une blessure qui a failli lui coûter la vie.


Le reportage d’Annette Ikono a servi de déclic. On y voit Manuella Fenou, dont la carrière a été brisée net en 2022 lors de l’African Cup cadet-Junior & Open de Judo à Yaoundé, lutter seule contre des séquelles physiques et financières. Atteinte d’une fracture et d’un écrasement d’une vertèbre cervicale, elle avait pourtant besoin d’une prise en charge urgente et spécialisée. Malgré les promesses initiales de la Fédération Camerounaise de Judo (FECAJUDO), la jeune femme n’a bénéficié que d’un soutien partiel, insuffisant pour couvrir ses besoins médicaux.

Le reportage a suscité une vague d’indignation, poussant le ministre de la Santé à agir. Manuella Fenou a été admise à l’Hôpital central de Yaoundé, où elle reçoit désormais des soins appropriés. « C’est une honte qu’il ait fallu attendre trois ans et un documentaire pour que cette jeune athlète soit enfin traitée », s’insurge un proche de la famille.


Si l’intervention du Dr Manaouda Malachie est saluée, elle met en lumière l’inaction criante de la FECAJUDO et, surtout, du ministre des Sports et de l’Éducation physique, Narcisse Mouelle Kombi. Malgré les déclarations rassurantes de la fédération dans un communiqué du 4 avril 2025, affirmant avoir « tout mis en œuvre » pour la judokate, la réalité sur le terrain était tout autre.

« Où était le ministère des Sports pendant toutes ces années ? Pourquoi a-t-il fallu que la honte médiatique frappe pour que les choses bougent ? », interroge un observateur du milieu sportif. Pour beaucoup, cette affaire est une humiliation cinglante pour le ministre Kombi, dont le silence et l’absence de réaction proactive sont pointés du doigt.

L’affaire Manuella Fenou illustre le pouvoir de l’information et de la pression citoyenne. Annette Ikono, dont le reportage a été partagé massivement sur les réseaux sociaux, a reçu des éloges pour son travail d’investigation. « Les médias ont encore un rôle crucial à jouer pour révéler les injustices », a-t-elle déclaré.

Reste maintenant à savoir si cette prise en charge sera durable et si des mesures seront prises pour éviter qu’un tel abandon ne se reproduise. La FECAJUDO, elle, est sommée de s’expliquer sur ses manquements, tandis que le ministre des Sports devra répondre de son immobilisme.