Dans une correspondance adressée au Président de la République, Marafa Hamidou Yaya, qui est écroué à la prison de Kondengui à Yaoundé, revient sur le triste événement du 21 octobre dernier où plusieurs Camerounais ont perdu la vie suite à un déraillement d’un train Camrail.
D’après l’ancien MINATD, les images de cet accident de train sont «insoutenables» et ont «profondément bouleversé tous les Camerounais». Marafa, dans sa lettre datée du 28 octobre 2016, se demande si cet accident a seulement fait 79 morts comme l’annonce le Gouvernement. Si cet accident a produit une émotion si forte, «c’est parce qu’elle mêle la douleur et la colère».
Marafa se souvient bien que Paul Biya s’est exprimé au sujet de l’accident 48 heures après les faits. «Vous ne vous êtes toujours pas rendu sur les lieux de l’accident», regrette-le l’ex-Ministre d’État.
«Dans de telles circonstances qu’on peut sans crainte qualifier de drame national, le Chef de l’État ne se doit-il pourtant pas d’endosser la douleur de la nation, d’adresser à ses compatriotes des paroles de compassion et d’apaisement, de se recueillir au nom du peuple tout entier sur les lieux de la catastrophe. C’est ce que les Camerounais attendent de vous. Faites donc ce geste simple, Monsieur le Président de la République, pour répondre à leurs souhaits. Allez enfin à Eséka. La dignité, l’émotion, de tout un pays l’exige», conseille Marafa.
L’ancien membre du Gouvernement doute de «l’impartialité et de l’indépendance» de la commission d’enquête créée le 25 octobre dernier par Paul Biya. Cette commission qui est composée «uniquement des membres du Gouvernement» ne pourrait pas établir les responsabilités probables du concessionnaire, la société Camrail, à laquelle l’État est lié par des intérêts communs, selon Marafa.
Le l’ex-Ministre d’État relève que les Camerounais sont convaincus que la commission d’enquête que pilote le Premier Ministre, ne pourra pas sortir «la vérité pleine et entière» sur le drame d’Eséka.
Pour que l’enquête soit bien menée, Marafa conseille une fois de plus à Paul Biya d’inclure dans la commission d’enquête des juristes, des officiers, des membres de la société civile, des ingénieurs, des médecins, d'anciens Ministres et des scientifiques.
D’après Marafa, le drame du 21 octobre ayant entrainé la mort de nombreux Camerounais pouvait être évité si les infrastructures routières et ferroviaires du Cameroun n’étaient pas aussi «vétustes et défaillantes».
Pour terminer, Marafa Hamidou Yaya invite le Président de la République à engager un programme massif d’investissement dans les infrastructures au Cameroun.