Dix jours après le drame du déraillement du train 152 à Eseka, la polémique ne retombe toujours pas autour des chiffres officiels annoncés par le gouvernement.
Le débat sur le bilan humain lié au déraillement du train 152, continue d’agiter l’opinion au Cameroun.
Le point de départ est le chiffre communiqué par le gouvernement, d’abord 79 morts et 600 blessés sur les antennes de la radio télévision d’Etat, puis 76 morts annoncés par Issa Tchiroma Bakary le ministre de la Communication.
Tous ces chiffres sont rejetés en bloc par les nombreux passagers du train 152 et les riverains de la ville d’Eseka située à 128 km de Yaoundé, où a eu lieu l’accident ferroviaire.
Les populations qui ont été les premières à apporter le secours aux victimes évoquent plusieurs centaines de morts.
Pour ces derniers, entre 200 et 300 personnes ont perdu la vie dans cet accident. Ces riverains relèvent les contradictions du gouvernement, qui aurait donné des chiffres bas pour des raisons politiques.
« Plusieurs wagons se sont retrouvés dans le ravin, avec leurs passagers. Ces wagons ont passé plusieurs jours dans le ravin avant d’en être retirés », a fait savoir le ministre de la Communication.
« En effet, une voiture correspond à 88 places assises et 20 places debout, or tous les wagons étaient pleins à ras bord. Les passagers assis les uns sur les autres », a précisé sous anonymat une source de Camrail.
Dimanche soir, Ahmadou Sali, le président du conseil d’administration de l’entreprise a déclaré qu’il y avait à bord du train 1462 passagers.
Quelques heures plus tard, les chiffres communiqués par un cadre de l’entreprise indiquaient plus de 1600 passagers dans le train 152.
Des informations relayées par les médias locaux, indiquent entre 1600 et 2000 passagers. Plusieurs centaines de ces passagers n’étaient pas enregistrés. Face à l’affluence, la compagnie a déclaré qu’ils paieraient le ticket à bord du train.
Dans les colonnes de certains journaux, les riverains interrogés ont affirmé avoir dénombré des centaines de corps. Ajoutant, sans apporter la preuve, que de nombreux corps avaient été nuitamment ensevelis par les forces de sécurité.
En attendant, les camerounais sont désormais tournés vers la commission mise sur pied par le chef de l’Etat, dont la composition fait déjà polémique.
Le premier point de la polémique de la commission d’enquête concerne sa composition. Pour Joshua Osih, vice président du Sdf, le principal parti de l’opposition, une commission d’enquête essentiellement composée des membres du gouvernement et président par le Premier ministre, n’apportera aucune réponse crédible aux principales attentes des de l’opinion.
La commission qui dispose de 30 jours pour livrer son rapport, rendra sa copie le 24 novembre prochain.