Actualités of Friday, 31 May 2024

Source: www.camerounweb.com

Eto'o, Kombi et la présidence : l'histoire complète de ces 72 dernières heures

La situation entre Samuel Eto'o, Mouelle Kombi et la présidence La situation entre Samuel Eto'o, Mouelle Kombi et la présidence

Le lanceur d’alerte Boris Bertolt raconte comment les choses se sont passées dans les coulisses ces derniers jours entre le président de la Fecafoot Samuel Eto'o Fils, le ministère des Sports et les différents cadres de la présidence. C’est une affaire vraiment spectaculaire à laquelle nous avons eu droit.

Le 29 mai 2024, convoqué à la présidence de la République et après avoir été mis au courant des manquements graves qui lui sont reprochés dans la gestion technique et administrative des Lions indomptables par le chef de l’État Paul Biya dans son discours du 10 février 2024, et après avoir présenté ses excuses, Samuel Eto'o Fils reçoit le 30 mai 2024, Marc Brys au siège de la Fecafoot. Plates excuses à l’entraîneur Belge pour les propos discourtois tenus quelques jours auparavant et qui ont fait le tour du monde, ajoutant du discrédit à un pays dont l’image est déjà en déclin dans le monde en raison de l’âge avancé de son dirigeant.

Bref, Samuel Eto'o Fils, comme rarement, se retient. Il parle d’apaisement, il se fait doux comme un agneau. Peu avant la conférence conjointe, il a discuté avec Brys à qui il a tenté de refourguer deux adjoints, Ndtoungou Mpile et David Pagou, pourtant démissionnaires le matin même. Surprenant, n'est-ce pas ?

Brys lui explique qu’à dix jours d’un match aussi crucial, il ne peut modifier son équipe avec laquelle il a dressé la liste en fonction d’un ensemble de paramètres et que cette question pourrait être abordée, éventuellement, après le 12 juin, quand les Lions auront déjà disputé leurs deux matchs.

L’inspecteur général du ministère, Michel Dissake, qui assiste à l’entretien, courtois, égraine des formules courantes sur la sérénité nécessaire autour des Lions et en appelle au sens élevé de tout un chacun. Il est là pour accompagner le coach et ses assistants, pas pour faire de longs discours. Séance photo à la fin de la conférence; tout le monde est content mais on remarque que la mine habituelle de Samuel Eto'o Fils n’est pas celle des grands jours. Ceux qui le connaissent sont habitués à son éternel sourire.

Quelques temps après le départ de Brys, Samuel Eto'o Fils met en place son plan. Il dépose au ministère des Sports une demande de mise à disposition de Pagou, nommé quelques jours plus tôt entraîneur adjoint et qui a démissionné ce matin même du 30 mai.

Pourquoi demande-t-il alors sa mise à disposition ? Il fait dire au ministre des Sports, Mouelle Kombi, qu’il a été sanctionné par sa faute, et qu’en contrepartie de son acceptation du staff nommé par l’État, qu’il soit épargné de représailles. Le ministre est à Garoua et le dossier doit attendre son retour.

Dans le même temps, Samuel Eto'o Fils informe le cabinet civil, pas le secrétariat général à la présidence, mais le cabinet civil, qu’il y a eu un accord entre le Minsep et la Fecafoot à la suite de ses échanges avec Dissake.

Sur quoi porte l’accord ? Samuel Eto'o Fils affirme qu’ils ont convenu que Brys et ses assistants restent en poste et que lui nomme le reste du staff. Le cabinet civil le félicite pour l’accord trouvé, mais dans le coup depuis le début, ne se rapproche pas du Minsep pour s’en assurer, encore moins du secrétariat général de la présidence de la République.

Le cabinet civil n’ignore pas que Samuel Eto'o Fils ment. Mbarga Mboa, ministre délégué à la PRC ; Essian, SG de l’Assemblée nationale ; Oswalde Baboke, DCC adjoint et Mvondo Ayolo, DCC sont au four et au moulin depuis plusieurs jours pour permettre à leur poulain qui leur sert de général dans l’offensive contre le SGPR de remporter une bataille. Le cabinet civil se veut prudent et ne va pas jusqu’à écrire au Minsep.

Samuel Eto'o Fils s’en chargera et écrira au ministre Mouelle Kombi une correspondance dans laquelle il indique que sur très hautes instructions de la PRC, il doit mettre à sa disposition David Pagou. Las d’attendre la mise à disposition de Pagou jusqu'à tard dans la nuit, il rend public le communiqué de son comité d’urgence qui nomme un nouveau staff.

Oswald Baboke, Essian et Mbarga Mboa le partagent dans la nuit aux personnalités du pays. Le cabinet civil met sa machine en branle pour diffuser le communiqué et obtient du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune un traitement en Une sur très hautes instructions. De qui ? Personne n’assume officiellement. Ni Ayolo, ni Baboke.

CT assurera le service après-vente et apporte l’onction politique à la manœuvre de Samuel Eto'o Fils. Sauf que le lendemain, 31 mai au matin, la confusion est toujours totale. Le putsch n’a pas totalement réussi. Pagou, n’ayant pas obtenu la mise à disposition, refuse de signer toute lettre d’engagement envers la Fecafoot. Il recevra dans la matinée à son domicile la visite d’un « commissaire de police en service au cabinet civil », l’enjoignant de se rendre à la Fecafoot pour signer la fameuse lettre d’engagement. Il opposera une résistance réclamant le fameux document de son employeur.

À l’heure où j’écris ces lignes, deux staffs persistent et on verra à partir de dimanche lequel tient les rênes des Lions. Deux factions s’affrontent également à la PRC et le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune s’est rangé derrière le cabinet civil qui pilote en sous-main Samuel Eto'o Fils. La DG Marie Claire Nnana et son rédacteur en chef, Yves Atanga, ont tout intérêt à ce que ce putsch contre Ferdinand Ngoh Ngoh réussisse, sinon gare aux conséquences dévastatrices… Affaire à suivre.