Actualités of Friday, 18 November 2022

Source: www.camerounweb.com

Guerre au NOSO : Bain de sang, les Ambaboys piègent un militaire à Bambui

L'on enregistre une tragique fin pour un militaire L'on enregistre une tragique fin pour un militaire

Depuis le début de semaine, les affrontements entre combattants séparatistes et militaires de l'armée camerounaise ont repris de plus bel et l'on assite à des scènes tragiques qui ne disent pas leurs noms.

Aux dernières nouvelles rapportées par Nzui Manto, l'on enregistre une tragique fin pour un militaire de l'armée camerounaise qui a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi.

Ce dernière aurait été tué la nuit dernière dans son bar à Bambui.

D'après les informations, l'homme en tenue qui était en fonction à Yaoundé avait demandé son affectation dans son lieu d'origine il y a quelques temps.

Ayant ouvert un bar, il y aura poussé son dernier soupir dans celui-ci. Selon le lanceur d'alerte, ce militaire serait le 1516ème soldat tué depuis le début de la guerre.

Morts en cascade au NOSO : le bilan très meurtrier des affrontements entre l'armée et les Ambaboys

A quand la fin de la guerre au Nord-Ouest et Sud Ouest ? La guerre séparatiste ou encore la crise anglophone tarde à afficher une issue bien définie et les morts ne cessent d'être enregistrés au fil des semaines. En dépit du calme relatif observé au cours des derniers mois dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, l’option d’une véritable sortie de crise tarde à se dessiner.

Alors les populations camerounaises sont en droit de se demander à quand la fin de cette fratricide entre camerounais ?

Depuis plus de six ans, les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun connaissent une crise politique et sécuritaire majeure qui a fait plus de 6 000 morts. En dépit de la féroce répression des autorités, le reste du monde fait comme si de rien n’était, à commencer par la France, qui préfère parler de « troubles socio-économiques » afin de ménager Paul Biya.

Entre les villes mortes et les affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés séparatistes, les populations de cette partie du Cameroun subissent les conséquences d'un cycle intermittent de violences. Depuis le déclenchement de la crise, de nombreuses exactions commises par les séparatistes et les forces de sécurité camerounaises ont été enregistrées. La situation humanitaire s'est dégradée, tout comme le contexte économique.

Comment le pays en est arrivé là ?

« En juillet 1884, la signature du Traité germano-duala place le "Kamerun" sous protectorat de l'Allemagne. À la suite de la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, le territoire est placé sous mandat des Britanniques et des Français par la Société des Nations. Une large partie du territoire devient le Cameroun français, une bande bordant le Nigeria devient le Cameroun britannique. Le Cameroun sous mandat britannique est divisé en unités administratives nord et sud. Alors que des leaders d'opinion à l'instar de Ruben Um Nyobe de l'Union des populations du Cameroun (UPC) appellent à la réunification des deux territoires avant les indépendances, le Cameroun sous mandat français accède à l'indépendance le 1er janvier 1960. En octobre 1961, à la suite d'un plébiscite organisé par les Nations unies dans le territoire sous mandat britannique, le Northern Cameroon décide de rejoindre le Nigeria, et le Southern Cameroon le Cameroun, des pays déjà indépendants. L'indépendance réclamée n'est pas une option.

Le Cameroun évoluera un système fédéral jusqu'au 19 mai 1972, date à laquelle est organisé un référendum, actant le passage du Cameroun à un État unitaire. En 1984, le président Paul Biya, à la faveur d'un décret, change la dénomination en République du Cameroun, nom de la partie francophone à l'indépendance en 1960. En avril 1993, les participants de la “All-Anglophone conference”, les forces vives originaires des deux régions anglophones, appellent au retour à un système fédéral, arguant que cette partie du pays fera sécession si aucun progrès n'est fait à ce sujet.

En 2015, des avocats de deux régions écrivent au ministre de la Justice pour réclamer un retour au fédéralisme en vue de, soutenaient-ils, « protéger la minorité anglophone, son histoire, son patrimoine, son éducation et ses valeurs culturelles". Mais la crise éclate réellement en novembre 2016 lorsque des syndicats d'avocats et d'enseignants anglophones dénoncent la nomination de juges et de procureurs, d'enseignants francophones dans les tribunaux et les écoles des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. À ce qu’ils qualifient de velléité de "francophonisation" des régions anglophones de la part du gouvernement camerounais, se greffent les revendications d'une meilleure répartition des ressources et d'une représentation politique plus effective. S'en suivra une série de manifestations pacifiques réprimées par les forces de sécurité camerounaise. La proclamation de la présumée République d’« Ambazonia » en 2017, précédée par des actes de violence, a ouvert la voie à un contexte sécuritaire délétère.

Depuis lors, des cas d’exécutions extrajudiciaires, de violences sexuelles, de tortures ont été signalées. Des villages ont été brûlés et de nombreuses localités vidées de leurs populations. Les séparatistes ont interdit l'enseignement public et attaquent, menacent et enlèvent fréquemment les élèves et les enseignants, et brûlent, détruisent et pillent des écoles. La crise a fait plus de 400 mille personnes déplacées internes et plus de 85 mille réfugiées au Nigéria, renseigne le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), dans un rapport

- Caractère identitaire

Selon Ndock Nicolas Serge, socio-politiste, enseignant à l'université de Ngaoundéré au Cameroun, la crise anglophone perdure en raison de son caractère identitaire.

"C'est une crise de cause identitaire. Les crises identitaires sont complexes, perdurent parce qu'elles mobilisent des affects difficilement conciliables. Les parties se mobilisent autour des identités qui déterminent leurs comportements. Les éléments d'identité culturelle qui ont été cristallisés depuis la partition du Cameroun par la France et la Grande Bretagne se trouvent dans l'éducation, les systèmes juridique et juridictionnel et dans les pratiques administratives », a-t-il expliqué à l'Agence Anadolu.

L'enseignant explique que la rupture du "consensus de Foumban", l'acte ayant ouvert la voie à la fédération des deux entités en 1961, est un autre facteur qui rend difficile la résolution de la crise.

“La fédération qui intervient en 1960 consacrait la réunion des deux Cameroun avec la prise en compte de leurs spécificités. Les anglophones ont estimé qu'au terme de la fédération, il y a eu une sorte d'absorption de leurs spécificités par les francophones. La rupture du consensus autour de la fédération est considérée comme une entorse historique. Les aspects historique et identitaire sont les éléments qui continuent à alimenter la crise anglophone jusqu'à nos jours", a-t-il poursuivi.

Pour Edith Kah Walla, femme politique camerounaise, présidente du Parti de la convention du peuple (CPP), outre les erreurs historiques, la crise anglophone est la résultante d'une succession d'erreurs de leadership, avec notamment l'absence des services de base. Elle soutient, dans une déclaration à l'Agence Anadolu, qu'en abandonnant le dialogue avec les leaders des mouvements corporatistes, le gouvernement camerounais a contribué à la radicalisation.

En octobre 2019, à l'initiative du président camerounais Paul Biya, s'est tenu à Yaoundé le Grand dialogue national dont l'une des principales résolutions avait été l'accélération de la décentralisation, avec un statut spécial pour les régions anglophones, à défaut du fédéralisme.

En 2020, le gouvernement camerounais a annoncé la mise sur pied dans les régions en conflits de centres de réintégration qui accueillent les repentis des groupes armés.

- Un dialogue de "la base vers le haut"

"Il faut déclarer un cessez-le-feu et appeler les groupes armés au dialogue de "la base vers le haut", en vue de sécuriser tous les territoires. Il faut un véritable système de démobilisation, de désarmement et de réinsertion. Il est nécessaire de voter une loi avant la mise sur pied de centres de réintégration. Tout ce qui est fait jusque-là est illégal. Il n'existe aucune loi au Cameroun permettant de pardonner une personne ayant commis un meurtre. C'est très insécure pour les jeunes qui s'y rendent. Il faut aussi intégrer les systèmes traditionnels de justice traditionnelle parce qu'il s'agit des zones rurales, avec des traditions des différentes contrées possédant des mécanismes de pardon”, poursuit Kah Walla.

Ndock Nicolas Serge ajoute qu'il est nécessaire d’implémenter une "véritable politique de renforcement de reconnaissance de la spécificité anglophone".

"Il faut une politique publique d'intégration de la spécificité anglophone dans la grande communauté camerounaise de sorte que cette communauté particulière se sente appartenir à une communauté plus grande pour permettre une sortie de crise. Il faut susciter un consensus autour de la question historique de l'État fédéral", renchérit l'enseignant.

En 2025 sont prévues les élections générales au Cameroun. Tout comme lors des précédentes échéances en 2018 et 2020, la crise anglophone devrait s'inviter aux débats des acteurs politiques et de la société civile qui, pense Edith Kah Walla, devraient fédérer leurs actions pour aboutir à une sortie de crise.

L’option d’une véritable sortie de crise tarde à se dessiner dans les tensions qui secouent les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Le conflit a causé de nombreuses pertes en vies humaines dans les rangs des forces de sécurité camerounaises, des groupes armés et des civils. Les différentes initiatives de paix ont abouti à un calme relatif au cours des derniers mois. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaire a annoncé le retour de plus de 419 mille personnes ayant fui les deux régions en raison du conflit. Des efforts restent encore à déployer par les différentes parties pour une résolution permanente de la question » a écrit Alex Sinhan Bogmis, rapporté par le confrère Cameroon Info.