Actualités of Saturday, 1 April 2023

Source: www.camerounweb.com

Guerre du NOSO : un nouveau rapport met en mal l'armée camerounaise et le gouvernement de Paul Biya

Roland Tsapi, journaliste analyse ce rapport dans un tribune sur les réseaux sociaux Roland Tsapi, journaliste analyse ce rapport dans un tribune sur les réseaux sociaux

Le Cameroun a été reconnu comme mauvais élève dans les droits de l'homme. La situation des droits de l’homme dans le monde au cours de l’année 2022 s’est fortement dégradée, selon Amnesty international. Au Cameroun la situation déjà critique des a été aggravée par les crises anglophones et du Septentrion, alimentés par les groupes séparatistes et Boko Haram. Roland Tsapi, journaliste analyse ce rapport dans un tribune sur les réseaux sociaux. Lecture.

« L’Organisation non gouvernementale Amnesty International a rendu public fin mars son rapport 2022/2023 sur la situation des droits de l’homme dans le monde, un rapport qui rend compte de ses actions et préoccupations pour l’année 2022. Déjà il faut rappeler que cette Ong fait appel à l’humanité en chacun et chacune des êtres humains et milite pour que toutes et tous puissent jouir de leurs droits humains, ayant pour vision un monde dans lequel les dirigeants et dirigeantes tiennent leurs promesses, respectent le droit international et sont tenus de rendre des comptes. Les propos introductif de ce rapport font état de ce que des conflits ont éclaté, ont repris ou se sont prolongés en 2022, entraînant de terribles tragédies dont certaines constituaient des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. Dans le monde entier, les autorités ont continué de réprimer lourdement les libertés universelles. Des crises économiques ont provoqué une montée en flèche des prix des denrées alimentaires et du carburant, et ont renforcé la pression sur les services de santé et les autres types de services sociaux. Ce sont les personnes les plus marginalisées qui ont été le plus durement touchées pendant que les inégalités se creusaient davantage. Des femmes, des filles et des personnes LGBTI ont subi des violences fondées sur le genre et des discriminations. Le Rapport fait ainsi le lien entre ces sujets au niveau régional et mondial, et présente la situation des droits humains telle qu’elle était en 2022 dans 156 pays, tout en appelant à l’action.

Au 30 novembre 2022, le conflit armé avait obligé 385 000 personnes à quitter leur foyer dans la région de l’Extrême-Nord et, en décembre, les violences armées avaient déplacé plus de 620 000 personnes dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, avec quelques 87 000 personnes réfugiées au Nigeria

Cameroun

Le Cameroun occupe une bonne place dans le rapport, qui rappelle à toute fins utiles que c’est un pays d’Afrique centrale dirigé par Paul Biya avec pour chef de gouvernement Joseph Dion Nguté. Selon l’ong, en 2022 encore, la liberté d’expression, d’association et de réunion a été restreinte au Cameroun. Des dizaines de sympathisant·e·s de partis d’opposition et de leaders anglophones étaient toujours détenus arbitrairement. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des groupes séparatistes ont perpétré des crimes graves et l’armée a commis des violations des droits humains. Dans la région de l’Extrême-Nord, des groupes armés ont continué de lancer des attaques meurtrières contre des villages, et dans l’ensemble l’accès à l’aide humanitaire a été entravé. Dans les détails, Amnesty décrit un contexte caractérisé par les violences armées qui se sont poursuivies dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest entre les forces militaires et des groupes séparatistes armés, alors que le conflit armé a continué de faire rage dans la région de l’Extrême-Nord, où les groupes armés Boko Haram et État islamique en Afrique de l’Ouest étaient activement présents. En mai 2022, les populations de Tourou (département du Mayo-Tsanaga) avaient organisé une manifestation devant la sous-préfecture de Mokolo pour dénoncer l’insécurité et réclamer davantage de protection de la part des autorités. Au 30 novembre 2022, le conflit armé avait obligé 385 000 personnes à quitter leur foyer dans la région de l’Extrême-Nord et, en décembre, les violences armées avaient déplacé plus de 620 000 personnes dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, avec quelques 87 000 personnes réfugiées au Nigeria

Libertés et détention

Pour ce qui est de la liberté d’expression, d’association et de réunion, l’Ong rappelle que les 27, 28 et 30 juin 2022, la police a violemment dispersé des manifestations pacifiques organisées par des personnes aveugles ou malvoyantes à Yaoundé, et selon les informations communiquées par le Collectif des aveugles et malvoyants indignés du Cameroun et les médias, 27 manifestants avaient été enfermés pendant plusieurs heures au commissariat central de Yaoundé, avant d’être libérés. D’autres ont été roués de coups, insultés et forcés à monter dans des véhicules pour être abandonnés à divers endroits éloignés du centre-ville. Le 1er août 2022, des éléments de la police et de la gendarmerie avaient arrêté Mohamadou Bouba Sarki, président de la Confédération des associations des jeunes solidaires du Cameroun, à Garoua, et l’ont détenu pendant une nuit. Il avait tenté d’organiser une marche pacifique pour réclamer la libération de plusieurs personnes incarcérées. Quant aux détentions arbitraires, Amnesty international indique qu’en décembre 2022, au moins 62 membres et sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) étaient toujours en détention arbitraire à Yaoundé et Douala. Des tribunaux militaires les avaient condamnés pour tentative de révolution, rébellion, attroupement aggravé ou participation à l’organisation d’une réunion publique non déclarée, au vu de leurs activités militantes ou de leur participation à des manifestations interdites en septembre 2020. Parmi eux figuraient Olivier Bibou Nissack, porte-parole de Maurice Kamto (dirigeant du MRC), et Alain Fogué Tedom, trésorier national du MRC, tous deux condamnés à sept ans de prison, ainsi que Dorgelesse Nguessan, condamnée à cinq ans d’emprisonnement pour avoir participé à une manifestation. L’ancien directeur de l’organisme public de radiotélévision (Crtv), Amadou Vamoulké, a été condamné le 20 décembre 2022 à 12 ans d’emprisonnement, après plus de 130 suspensions d’audience. Sa détention pendant six ans en attendant son procès avait été considérée comme arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Dans le même cadre, Mancho Bibixy Tse et Tsi Conrad, qui avaient mené des manifestations dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et avaient été arrêtés pour avoir participé à des rassemblements pacifiques en 2016 et 2017, étaient toujours détenus arbitrairement. Un tribunal militaire siégeant à Yaoundé les avait condamnés à 15 ans d’emprisonnement après les avoir déclarés coupables d’actes de terrorisme, de sécession, de diffusion de fausses informations et d’outrages aux corps constitués et aux fonctionnaires. En 2019 et 2021, le Groupe de travail sur la détention arbitraire [ONU] avait demandé la libération de ces deux hommes, mais le gouvernement camerounais continue de faire la sourde oreille. Pour lui ce n’est rien de grave, tout va bien au Cameroun. Pourtant, la situation des droits de l’homme au Cameroun n’est pas reluisante dans la réalité, et tel que relevé dans ce rapport, sur lequel nous reviendrons

A suivre »



Roland TSAPI