Comment appréciez-vous l'ensemble des mesures prescrites par le chef de l'Etat en guise de solutions aux revendications des avocats anglophones?
Je salue les mesures annoncées par le Garde des Sceaux. Elles constituent pour l’essentiel des réponses aux problèmes qui avaient été soulevés par mes confrères du Sud-Ouest et du Nord-Ouest relativement à ce qu’ils percevaient comme des symptômes de l’éro- sion de la Common Law.
En particulier la création prochaine de la Common Law Bench au sein de la Cour Suprême ou encore celle d’un Département anglophone à l’ENAM ou encore l’annonce du redéploiement des Magistrats après évaluation de leur bilinguisme, sont autant d’indicateurs de la prise en compte par le Gou- vernement du bi-juridisme qui caractérise notre système et qui mérite d’être protégé et promu
Comment vos confrères anglophones ont-ils réagi à ces mesures?
J’arrive à l’instant de Bamenda où j’ai réuni un conclave composé de confrères du sud-ouest et du nord-ouest. Dans l’ensemble, ils apprécient les mesures annoncées, tout en demeurant sceptiques quant à leur application effective. Ils considèrent par ailleurs que le gouverne- ment n’est pas allé assez loin dans la satisfaction de leurs attentes.
C’est ainsi qu’ils m’ont demandé de faire connaître au gouvernement qu’ils attendaient non seulement que le Garde des Sceaux annonce la mise en place d’une commission d’enquête sur les violences qui ont été perpétrées par les forces de l’ordre contre les avocats, mais également que nos confrères en détention soient remis en liberté, ne serait-ce que dans le cadre de mesures de surveillance judiciaire. Ils m’ont en outre demandé d’œuvrer au rétablissement de la connexion Internet dans les deux régions.
Selon vous, ces mesures sont-elles susceptibles de faire revenir les avocats anglophones dans les prétoires des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest?
Sur ce point, les positions qui ont été exprimées par mes confrères ne sont pas unanimes. Certains considèrent qu’il faille prendre acte des engagements du gouvernement, et lui laisser le temps de les implémenter tout en reprenant provisoirement leurs activités, tandis que d’autres font de la remise en
liberté de nos confrères en détention, une condition préalable à la levée du mot d’ordre de grève.
Afin de faire éclore une position majoritaire qui soit de nature à protéger l’intérêt de nos confrères en détention, j’entends poursuivre les consultations avec les avocats les plus anciens de ces deux régions, tout en répercutant au gouvernement les termes du débat qui les oppose. En ma qualité de facilitateur, j’attends des avocats du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qu’ils fassent preuve de flexibilité.