La sortie du ministre de la Communication, Issa Tchiroma, relance le débat sur la responsabilité de l’État dans les tueries qui ont eu lieu dans la zone anglophone du pays.

En effet, lors d’une conférence de presse animée le mardi 10 octobre 2017, Issa Tchiroma a révélé l’existence « de tireurs embusqués » qui prenaient pour cible les éléments des forces de l’ordre et de sécurité. Selon le ministre de la Communication, les sécessionnistes avaient tout planifié. « Pour ce faire, des centaines de mercenaires ont été recrutés et formés à l’étranger, des cargaisons d’armes blanches – en l’occurrence plus de 500 machettes parfaitement aiguisées – d’importantes quantités d’armes à feu et d’engins explosifs ont ainsi été provisionnées et placés en lieux surs par les sécessionnistes. Cet arsenal devait servir à l’exécution de tueries en masse, perpétrées par ces mercenaires. À cette occasion, des attaques armées devaient être lancées contre les Forces de Défense et de Sécurité, des services publics, des édifices et des biens publics et privés. Parallèlement, des groupes de personnes armées, fanatisées, droguées et que l’on avait conditionnées et revêtus d’amulettes pour leur faire croire à leur invulnérabilité allaient être jetés contre les Forces de maintien de l’ordre ; le but étant de provoquer une réaction vigoureuse des Forces de Sécurité, entraînant un bain de sang et suscitant par là même une hypothétique intervention internationale. »

Cette sortie a été automatiquement condamnée par le parti du leader de l’opposition, John Fru Ndi. Par la voix de son vice-président Joshua OSHI, reçu sur la chaine privée Canal2, le SDF fustige la position du gouvernement qui, selon lui, essaie de justifier les tueries. Rappelant le passé carcéral du porte-parole du gouvernement après le coup d’État manqué de 1984, Joshua Oshi estime que Issa Tchiroma est disqualifié pour un dialogue. « Dire qu’il y’a des tireurs embusqués, c’est justifier l’utilisation des balles réelles contre les manifestants. C’est injustifiable quel que soit le crime » a-t-il ajouté.

Le vice-président du SDF, dans son intervention, est allé encore plus loin dans son analyse en qualifiant la situation qui prévaut en dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest d’Apartheid. « Il y’a une élite bourgeoise qui pille les ressources du pays et qui utilise le reste des Camerounais comme si on était venu les accompagner, l’apartheid c’est ça. Et tant qu’on n’arrête pas ça, je l’appellerai de l’apartheid. On est passé d’un colonialisme du blanc contre le noir à un colonialisme des amis du blanc contre le noir », martèle le député du SDF dans cet entretien.

Ci-dessous, un extrait de l‘intervention de Joshua Oshi sur Canal2